La foi avant tout

Considérons le cas d’un homme qui sort de sa maison pour aller écouter un cours de Tora, mais sa femme le retient. Doit-il se mettre en colère et partir malgré elle ?

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Il faut plutôt se laisser tuer que de transgresser
 
La sanctification du nom divin est un commandement consigné dans la Tora. Lorsqu’un homme est placé devant cette alternative : se faire tuer ou pratiquer l’idolâtrie, il doit choisir de se faire tuer plutôt que de renier sa foi en HaChem. Or, lorsque l’homme meurt, il cesse d’accomplir tout commandement et on ne comprend pas – à première vue – qu’il soit préférable de se laisser tuer plutôt que de pratiquer l’idolâtrie une seule fois, alors qu’en restant vivant, il aurait la possibilité d’accomplir d’innombrables commandements, durant de nombreuses années. Que gagne la Tora à ce qu’il meure maintenant ? L’homme doit-il perdre le mérite de myriades de commandements de la Tora et de ses bonnes actions, afin de ne pas profaner sa foi une seule fois ?
 
Nous apprenons d’ici qu’il est interdit d’abandonner la foi, même un seul instant et à aucun prix ! Car la foi est l’essence et le fondement de la vie de l’homme et du monde entier !
 
Nous apprenons encore concernant notre sujet, que lorsque l’homme doit accomplir un certain commandement, et qu’il bute sur un obstacle, une alternative se présente, comparable à celle qu’il affronte dans le commandement de la sanctification du nom divin – soit se mettre en colère, ce qui équivaut à l’idolâtrie comme nos Sages de mémoire bénie nous l’enseignent : se mettre en colère est comparable à la pratique de l’idolâtrie – soit renoncer momentanément au commandement, ce qui équivaut à la sanctification du nom : car mourir pour la sanctification du nom n’équivaut pas seulement à renoncer à un seul commandement, mais à tous les commandements.
 
Il s’avère que selon la Tora, l’homme est tenu d’abandonner momentanément l’exécution d’un précepte qui l’entraîne à la colère !
 
La règle est la suivante : la foi est la finalité de tous les commandements. Comment serait-il donc possible de transgresser la foi pour accomplir un commandement dont la finalité est la foi ? De même qu’on doit se laisser tuer plutôt que pratiquer l’idolâtrie, même si l’on ne réalise aucun précepte après sa mort et qu’on annule ainsi tous les commandements ; on doit se ‘laisser tuer’, pour sanctifier le nom divin et ne pas réaliser un commandement qu’il est impossible d’effectuer sans colère – qui équivaut à l’idolâtrie – car l’essentiel est de préserver la foi, quitte à être contraint de ne pas accomplir momentanément le précepte.
 
Nous apprenons d’ici une loi fondamentale à appliquer dans tous les domaines de la vie : rien n’est plus important que la foi et rien au monde ne justifie de la transgresser. A l’heure de l’épreuve, il est préférable de renoncer momentanément à accomplir un commandement, que de transgresser la foi ! Lorsque la foi est en danger, et qu’on a le choix de se mettre en colère ou de s’énerver, il est préférable de s’abstenir provisoirement de réaliser le précepte, de renforcer sa volonté et sa prière ; l’essentiel étant de ne pas renier la foi. Comme Leibele le cordonnier qui – même s’il fit tout pour accomplir le commandement – refusa de se mettre en colère et prit même le risque de renoncer au Seder de Pessa’h.
 
En vérité, c’est parce qu’il respecta l’essentiel – la foi – qu’il eut la patience d’apaiser et de comprendre sa femme, de ne pas la mépriser, de prier et de se repentir, qu’il bénéficia finalement de l’aide des Cieux, surmonta l’épreuve de la foi avec succès, accomplit le Seder de Pessa’h et que même sa femme fut satisfaite et heureuse.
 
Apprendre à tout subir avec la foi
 
Lorsqu’une telle situation se présente, l’homme doit se souvenir que telle est la volonté d’HaChem, que c’est une épreuve de la foi ! Il ne peut surmonter l’obstacle qu’avec la prière et non pas avec la colère, la violence et l’énervement. Il est évident que celui qui se conduit selon la foi est aidé des Cieux et méritera aussi d’accomplir le commandement. Car qui l’en empêche, sinon HaChem, Lui-même ? S’il croit tout cela et applique les règles de la foi que nous avons enseignées, il se soumet à la volonté divine et HaChem supprimera les obstacles agréablement, sans énervement, colère, amertume ou tristesse.
 
L’histoire de Leibele le cordonnier est un merveilleux exemple qui montre comment l’homme doit faire face aux empêchements, même pour des sujets spirituels et qui lui sont très importants. A chaque fois qu’un obstacle se présente, chacun doit revoir cette histoire, s’en souvenir et s’y conformer. Cette leçon traite d’un commandement, mais elle encore plus vraie lorsqu’il s’agit d’un sujet matériel dans ce bas-monde, car il est certain que tout l’or, l’argent et l’honneur du monde ne justifient aucune faute, la plus légère soit-elle.
 
Lorsque l’homme se conduit ainsi et surmonte l’épreuve de la foi, il mérite d’atteindre plusieurs grands niveaux :
 
a) il mérite d’avoir HaChem avec lui et reçoit l’aide des Cieux, car s’il se met en colère ou est énervé, HaChem le délaisse aussitôt.
 
b) il mérite d’apaiser celui qui le contredit. S’il s’agit de sa femme, elle est contente et satisfaite et il bénéficie de la paix domestique et d’une abondance de bienfaits matériels et spirituels. Si c’est quelqu’un d’autre, il gagne la paix avec lui, il se sauve d’un conflit, d’une dispute, de la haine gratuite, de la médisance et de toutes sortes de fautes dans les relations entre l’homme et son prochain.
 
c) il a le mérite de prier et de se repentir de ses fautes. Ainsi, il adoucit l’attribut de rigueur qui plane sur lui et s’épargne les durs décrets qui le menacent.
 
d) il a le mérite de parvenir à des niveaux spirituels très élevés, qu’aucun commandement ne peut atteindre, car rien n’est plus grand que de surmonter l’épreuve de la foi !
 
Je dois partir !
 
Considérons, par exemple, le cas d’un homme qui sort de sa maison à l’heure habituelle pour aller écouter un cours de Tora, mais sa femme le retient. Doit-il se mettre en colère et partir malgré elle ? Dans ce cas, il échoue à son épreuve de la foi et il est probable qu’il ne puisera aucun bénéfice de ce cours, car il y arrivera bouleversé et avec l’esprit embrouillé. De plus, l’attribut de rigueur le poursuit, en raison de sa colère ou des ressentiments de sa femme qu’il a blessée.
 
En revanche, s’il se conduit sagement selon la foi, qu’il croit qu’HaChem l’a retenu, alors il se soumettra devant HaChem et il aura des pensées de repentir. Il priera à voix basse qu’HaChem lui vienne en aide et il aura le mérite d’arriver au cours à temps. Au lieu de se mettre en colère ou de mépriser sa femme, il s’assiéra avec elle, l’apaisera, l’écoutera et la comprendra. En un tel moment, HaChem attend de lui le culte suivant : ressentir la peine de sa femme. En règle générale, sa patience lui permettra de se rendre au cours, car après avoir reçu l’attention qu’elle attendait de son mari, c’est avec joie que sa femme le laisse partir. De plus, il gagne le mérite de la prière et d’avoir surmonté son épreuve de la foi, ce qui est l’essentiel.
 
S’approcher du brouillard
 
Chaque fois qu’il est contrarié, l’homme doit croire qu’HaChem pose Lui-même l’obstacle, comme il est rapporté (Likouté Maaran, 115) :
 
HaChem béni soit-Il se dissimule Lui-même dans l’obstacle qu’Il dresse, car Il aime à la fois la justice et Israël. Pourtant, Son amour pour Israël est plus grand que Son amour pour la justice. Par conséquent, lorsque l’attribut de rigueur accuse celui qui n’est pas apte à s’approcher d’HaChem béni soit-Il, en l’empêchant de prendre le chemin de la vie, HaChem béni soit-Il qui aime la justice est alors forcé, si l’on peut dire, de dresser des obstacles pour le détourner du chemin de la vie, d’après les mauvaises actions qu’il a commises, selon la loi et la justice. HaChem béni soit-Il ne peut rejeter la loi, car Il aime la justice.
 
Pourtant, comme HaChem béni soit-Il aime vraiment Israël, et que cet amour est plus grand que Son amour de la justice, la vraie volonté d’HaChem est que l’homme s’approche de Lui. HaChem béni soit-Il consent donc que l’on pose des obstacles, mais HaChem se dissimule, pour ainsi dire, dans ces obstacles. Celui qui sait reconnaître la vérité, peut retrouver HaChem béni soit-Il à travers ces obstacles. Car en vérité, il n’existe aucun obstacle au monde, puisque dans l’obstacle lui-même, où HaChem se dissimule, l’homme peut s’approcher d’HaChem béni soit-Il, comme le verset le dit : “Et Moché s’approcha du brouillard”, qui est l’obstacle, “où se trouve le Tout-Puissant”.
 
Par conséquent, pour chaque obstacle qui empêche l’homme d’accomplir un précepte, il ne doit ni se mettre en colère, ni s’énerver, mais seulement croire que celui qui se tient en face de lui en l’empêchant ou en s’opposant à lui, agit selon ce qu’HaChem lui suggère. Sa lutte contre lui est donc vaine, car qui peut vaincre HaChem ? Mais il se tournera vers HaChem qui décide en vérité, le suppliera et il aura ensuite le mérite de réaliser le commandement. Ainsi, il se conduira avec patience et longanimité avec celui qui lui fait obstacle, sans énervement et sans dépression. Il devra seulement croire qu’HaChem l’empêche, pour l’éprouver s’il se conduit selon la foi ou non. Lorsqu’on le mérite, on reçoit une bonne mention à l’épreuve de la foi et on s’élève dans les niveaux spirituels et dans ce monde ci, on bénéficie aussi d’une vie tranquille et agréable.
 
C’est un commandement ordonné par la Tora : de même que nous devons mourir pour la sanctification de Son nom, nous devons vivre pour la sanctification de Son nom !
 
De nombreuses épreuves
 
Nous rapportons à présent plusieurs exemples d’épreuves de la foi d’où chacun dédiera des leçons pour les autres domaines de la vie.
 
Le processus de l’achat ou de la vente d’un appartement n’est pas simple, même lorsque tout se passe bien, et l’homme doit s’armer de beaucoup de patience qui dépend de la foi. De plus, il arrive souvent des difficultés, des empêchements qui peuvent affecter l’homme qui n’accepte pas tout, avec la foi. Par exemple, si on désire signer un contrat et qu’au dernier moment l’affaire est annulée, entraînant un préjudice si entre temps on a déjà loué ou acheté un autre appartement. Ou bien, on a déjà vendu son appartement, mais on est bloqué par l’argent qui n’arrive pas et on ne peut régler l’achat du nouvel appartement. Il existe une infinité d’épreuves qui peuvent causer de grands tourments à l’homme.
 
L’homme doit donc croire que c’est la volonté divine, et ne pas accuser ou exciter sa colère contre l’autre parti. Il doit croire que tout est pour le bien, sans énervement ni frustration. Il doit croire que le Saint béni soit-Il lui montre ainsi ce qu’il doit corriger. Il se tournera vers l’isolement et la méditation pour crier vers HaChem et par voie de conséquence, tout se transformera pour le bien. Sinon, il risque de subir de grands maux, par exemple de longues poursuites judiciaires exténuantes ou l’exercice de la violence. Il peut subir de graves préjudices, dans son corps, son âme et ses biens, que D-ieu nous en préserve. C’est seulement grâce aux règles de la foi, qu’il peut sortir paisiblement de ces épreuves difficiles et plus tard, reconnaître que tout était pour le bien.
 
Les conflits entre voisins, peuvent entraîner des tourments prolongés, fatigants et mal se terminer, que D-ieu nous en préserve, surtout lorsqu’on agit selon le principe de ‘C’est ma puissance et ma force’, au lieu d’appliquer les règles de la foi. Cependant, grâce à la foi, toute dispute se termine vite et facilement par une réconciliation, et tout finit bien.
 
Trouver un objet perdu peut devenir frustrant et générer amertume et déception, lorsque l’homme n’a pas la vision de la foi. Mais grâce aux règles de la foi, tout peut être simple et agréable.
 
En conclusion, il existe de nombreuses épreuves de la foi dans la vie et chacun peut trouver d’autres exemples et méditer sur les situations rencontrées par lui ou par ses connaissances dans ce monde et il comprendra que dans toutes ces affaires sans exception, l’homme est confronté à l’épreuve de la foi ! Par exemple : s’accuser de ne pas réussir, tomber dans la dépression, le désespoir, ou de penser qu’untel est coupable et prendre l’initiative de telle ou telle démarche selon le principe ‘C’est ma puissance et ma force’ pour chercher une solution au problème. Mais même s’il s’abstient de toute démarche, il peut garder sa frustration et son amertume en pensant qu’untel lui a fait ceci, qu’un autre lui a fait cela, etc. Alors qu’il devrait croire que c’est HaChem qui s’est conduit ainsi à son égard, appliquer ensuite les trois règles de la foi pour surmonter l’épreuve avec succès, atteindre de hauts niveaux dans le monde futur et jouir d’une bonne vie dans ce monde.
 
À suivre…

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