Le désir de se repentir

Les gens se méprennent complètement sur le sens du concept de ‘repentir’. Ils croient que repentir signifie se mortifier et se culpabiliser d’avoir un mauvais penchant...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Le repentir, c’est la joie
 
Le troisième principe est que l’homme qui veut se corriger, doit avant tout s’imprégner de l’idée que le repentir n’est possible que dans la joie.
 
Ainsi il est écrit (Likouté Maaran, 10) : “Les hommes ne sont éloignés d’HaChem béni soit-Il que parce qu’ils manquent de tranquillité d’esprit. L’essentiel est de raisonner sainement sur la finalité des affaires de ce monde-ci, des désirs physiques ou spirituels, comme la recherche de l’honneur, etc. Il est alors certain qu’on reviendra vers HaChem.
 
Sache seulement, que la mélancolie empêche le fonctionnement normal de la raison et de la tranquillité d’esprit, et que seule la joie permet d’arriver à faire fonctionner le cerveau selon la volonté afin de tranquilliser l’esprit. Car selon le verset, la joie est le monde de la liberté (Isaïe 55 : 12): “Avec joie, vous vous mettrez en marche” – la joie permettant de devenir un homme libre et de sortir de l’exil. Lorsque la joie s’associe au cerveau, l’intellect et la connaissance se libèrent et perdent leur caractère d’exil. Il est possible alors de faire fonctionner le cerveau comme il faut, puisqu’il se libère de son exil et que dans l’exil l’esprit ne connaît aucune tranquillité”.
 
Il est encore rapporté (id., 17) : “Sans la joie, la crainte des Cieux est mélangée à la stupidité, comme le dit le verset (Job, 4 : 6) : “Ta piété n’est-elle pas stupide ?” La connaissance n’est parfaite que grâce à la joie, et ensuite la crainte des Cieux est adéquate. Par conséquent, même le jugement qui est un aspect de la crainte, n’est pas adéquat sans joie”.
 
Il est écrit aussi (id., leçon 178) :
 
“Sache que la confession est nécessaire, car il faut détailler sa faute et dans chaque cas, on doit confesser oralement l’action accomplie. Il existe bien sûr de nombreux empêchements : parfois on oublie la faute, ou l’expression orale est difficile, etc. C’est pour cela que la joie dans les commandements est nécessaire”.
 
Rabbi Na’hman de Breslev porta ce témoignage sur lui-même : “Tel que vous me voyez (c’est-à-dire comme un Juste), même si je transgressais le pire des interdits, que D. nous protège, je ne tomberais pas dans le désespoir et je continuerais à agir comme un Juste et c’est seulement ensuite que je me repentirais.” Il s’avère que la joie est indispensable pour le repentir comme pour le jugement de l’homme. Il est interdit de commencer à se juger, tant qu’on n’est pas joyeux.
 
Un des principaux écueils sur la voie d’un complet repentir est que tous, sans exception, éprouvent des difficultés à se mesurer à leurs insuffisances, à leurs chutes ou à un simple manque de réussite, sans tomber dans la mélancolie et la culpabilisation. Rabbi Na’hman donne pour cela un conseil : être toujours joyeux et insensible quoi qu’il arrive. Or, plus l’homme s’efforce d’être joyeux, moins il ne peut intérioriser sa joie après avoir fauté. Il n’arrive pas à se réjouir! Il se dit : Comment pourrai-je me réjouir après avoir fauté ?
 
Les gens se méprennent complètement sur le sens du concept de ‘repentir’. Ils croient que repentir signifie se mortifier et se culpabiliser d’avoir un mauvais penchant. C’est insensé, car après le libre-arbitre, il ne reste que la foi et cette foi est la joie ; il faut croire que tout est pour le bien et être joyeux et lorsqu’on est joyeux, on peut se repentir.
 
Tous s’interrogent : comment pourrai-je être joyeux ? Si je savais que je ne fauterai plus, j’en éprouverai beaucoup de joie, mais comme je sais que je continuerai toujours à fauter, comment puis-je être joyeux ?
 
La réponse est la suivante : la question est posée parce que l’homme ne connaît pas sa place. Si seulement il savait où il se trouve et qu’HaChem évidemment le sait aussi, il se réjouirait alors facilement, car il saurait quel est son travail et il en éprouverait de la joie. Si une fois parvenu à ces lignes le lecteur se pose encore la question, il doit revoir le chapitre depuis son début et l’étudier avec la plus grande attention.
 
Résumé des trois règles
 
1) L’homme qui désespère chaque fois qu’il est dominé par son mauvais penchant, ses désirs ou ses défauts, n’admet pas la réalité et vit dans l’illusion : il croit être intrinsèquement et naturellement bon, sans aucun mal, ce qui est foncièrement faux. Car le mauvais penchant fait partie de la nature de l’homme, comme il est écrit : “Le penchant du cœur de l’homme est mauvais depuis son enfance” il n’est donc pas surprenant qu’il ait de mauvais désirs et des défauts.
 
2) Non seulement l’homme a un mauvais penchant, mais il est aussi impuissant à le maîtriser ! Alors, pourquoi être triste ? La loi de la création exige que l’homme soit dominé par le mauvais penchant ! Et c’est aussi un enseignement de nos Sages de mémoire bénie : Chaque jour, le mauvais penchant de l’homme le menace et si le Saint béni soit-Il ne lui venait pas en aide, il le subjuguerait complètement !
 
3) Réjouis-toi de ton sort et de ta réalité et sache quelle tâche t’est confiée : elle consiste à multiplier les prières et ton examen dans l’isolement et demander l’aide au Créateur. Ne désespère pas mais continue à te tourner vers HaChem et à Lui demander Son aide. Lorsque tu te confesses et que tu demandes au Créateur qu’Il t’aide à dominer ton mauvais penchant, même si tu tombes à nouveau, continue à te confesser et à prier ainsi de suite pendant plusieurs jours, et plusieurs années. Au fil des jours, l’accumulation des prières et des requêtes atteindront la quantité voulue et tu arrêteras de fauter. Si tu souffres beaucoup de chaque fois recommencer à fauter, le conseil est de multiplier tes prières pendant plusieurs heures consécutives.
 
Vingt-quatre tribunaux
 
Il faut savoir que vingt-quatre tribunaux siègent dans les Cieux et qu’à chaque heure de la journée, l’homme est jugé au tribunal céleste selon ses actions. Lorsque ses actions sont bonnes, il est jugé favorablement et son cœur est joyeux. Il ne connaît alors que bénédictions et délices. Si ses actions ne sont pas bonnes, il est jugé avec rigueur et il éprouve alors mélancolie, ennui, souffrances et empêchements. Comme il est dit (traité Ediot) : “Tes actions te rapprochent et tes actions t’éloignent.”
 
Bien que l’homme soit jugé principalement à Roch HaChana, ce n’est que pour des questions générales, comme la vie, la subsistance, etc. Mais la décision journalière du tribunal, est fondée sur les actions actuelles de l’homme, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.
 
Ce thème est illustré par l’histoire suivante :
 
Le Baal Chem Tov rencontra un vieillard juif qui puisait de l’eau pour vivre. Comme le Baal Chem Tov lui demandait de ses nouvelles, il lui dit avec joie que tout allait pour le mieux et qu’il remerciait HaChem de lui donner la force de pourvoir à ses besoins dans la dignité.
 
Lorsque le Baal Chem Tov le rencontra de nouveau, le visage du vieillard était défait. Aux salutations du rav, le vieillard répondit en pleurant et en gémissant sur l’amertume de son sort qui le contraignait à travailler péniblement, malgré son âge.
 
Le Baal Chem Tov s’étonna du brusque et radical changement d’humeur du vieillard et après une réflexion sur le sujet, il dit : “Je viens de trouver une réponse à une difficulté soulevée dans le traité Roch HaChana. La Michna nous enseigne que l’homme est jugé à Roch HaChana et la Guemara enseigne qu’il est jugé chaque jour et chaque heure. Or, s’il est déjà jugé à Roch HaChana pour l’année à venir, pourquoi est-il nécessaire de le juger de nouveau chaque jour et chaque heure ?
 
Le Baal Chem Tov montra que le changement d’humeur de ce vieillard explique parfaitement l’apparente contradiction dans la Guemara. Il est vrai qu’à Roch HaChana, l’homme est jugé sur la nature de son travail, sur ses gains, etc. mais sa réaction au décret, dans le calme ou dans les souffrances, est déterminée à nouveau chaque jour et à chaque heure, selon les actions du moment.
 
Par conséquent, lorsque ce vieillard fut innocenté par le tribunal céleste, on lui donna des Cieux la joie et la bénédiction et il sentit que sa vie était belle et heureuse. Cependant, lorsqu’il fut jugé coupable à un autre moment, on décida qu’il devait souffrir et c’est pourquoi il n’éprouva que dureté et amertume. En vérité, le décret de Roch HaChana est resté inchangé, sa source de revenu étant de puiser l’eau, mais c’est seulement la façon d’accepter son travail qui change d’heure en heure et passe de la tranquillité à la souffrance.
 
Note : il convient de rappeler ici que par le biais du repentir, de la prière et de la charité l’homme peut changer le décret qui fut fixé pour lui à Roch HaChana.
 
Faire attention aux allusions
 
Chacun peut comprendre d’après cette histoire pourquoi il assiste à des changements dans sa vie d’un jour à l’autre ou d’une heure à l’autre, que ce soit dans son humeur, ses relations avec sa famille, etc. Par exemple, à une certaine heure il réussit, tout s’arrange parfaitement pour lui, il jouit d’une bonne humeur, etc. mais soudain, il éprouve comme une faiblesse, de la mélancolie et tout s’embrouille. Ou encore, il jouit de la paix et de l’entente avec sa femme à une certaine heure et soudainement une dispute éclate entre eux pour une broutille. La seule explication pour de tels changements brusques est que l’homme est jugé à tout moment. Lorsqu’il est décrété qu’il doit souffrir, les ennuis le harcèlent de toutes parts, dans sa santé, son humeur, la paix domestique, la subsistance, etc.
 
Il faut bien savoir que la moindre des gênes, même une démangeaison à la tête, fait partie des souffrances décrétées par le tribunal céleste. L’homme doit en prendre conscience pour le repentir et ne pas les considérer comme de simples événements causés par la nature ou le hasard.
 
La Guemara nous enseigne ainsi (traité ‘Houlin, 7) :
 
“Rabbi ‘Hanina dit : L"homme ne lève son doigt qu’après une décision céleste, comme il est dit (Psaumes 37 : 23) : “HaChem affermit le pas de l’homme”, et (Proverbes 20 : 24) : “Combien l’homme doit-il considérer sa voie.”
 
Il est aussi rapporté dans la Guemara (Arekhin, 16) :
 
“Quelle est la mesure minimale de la souffrance ? Rabbi Elazar dit : Faire tisser un habit qui ne convient pas et qu’on ne peut porter. Rabbi Chemouel bar Na’hmani dit : Même lorsqu’on a l’intention de verser une boisson chaude et qu’on verse une boisson froide, ou le contraire. Mar, le fils de Rabina dit : Même lorsque la tunique est à l’envers. On apprend dans une Baraïta (enseignement extérieur à la Michna de rabbi Yéhouda HaNassi) : Même lorsqu’on veut prendre trois pièces de sa poche et qu’on n’en trouve que deux, c’est une souffrance”.
 
Par conséquent, l’homme doit introduire dans son coeur la croyance que chaque joie, bonheur, peine ou difficulté éprouvée n’est ni un hasard ni une erreur mais que tout est dirigé d’En-Haut, d’après ses propres actions et selon la loi.
 
HaChem est juste et droit
 
Lorsque l’homme impute ses souffrances, que D. nous en préserve, à la nature ou au hasard, ou se culpabilise et accuse son entourage, c’est bien évidemment une grande erreur qui n’engendre que frustration et amertume, et en plus, soulève contre lui la colère divine. A quoi cela est-il comparable ? A un enfant puni par son père qui, au lieu de se soumettre et de corriger ses actions, accuse son frère et se dispute avec lui. Son père entre alors en une colère encore plus grande et il lui dit : Non seulement tu ne te soumets pas devant moi pour corriger tes actions, mais en plus, tu te disputes avec ton frère ?
 
Il existe une erreur supplémentaire et très répandue : l’homme croit vraiment que tout dépend de la providence divine, mais il ressent qu’HaChem corrompt Son jugement envers lui, que D. nous en préserve, et ne se conduit pas justement. En d’autres termes, il conteste le bien-fondé du jugement divin.
 
De même, voici ce que Rabbi Nathan, que son mérite nous protège, écrit dans son livre Likouté Halakhot (lois sur les dommages, 5) :
 
“La contestation du bien-fondé du jugement céleste provient d’une conception erronée du monde, où l’homme s’imagine qu’HaChem béni soit-Il ne se conduit pas avec lui avec justice et droiture et qu’il ne peut pas affronter l’épreuve qui lui est soumise. Par exemple, la majorité des hommes disent ne pas pouvoir servir HaChem béni soit-Il, à cause du manque de subsistance. D’après leurs vues, HaChem béni soit-Il est injuste à leur égard en exigeant qu’ils agissent au-dessus de leurs forces ; d’étudier la Tora et d’accomplir les préceptes, tout en supportant une privation de subsistance.
 
Mais la vérité est évidemment autre, car chacun doit croire qu’HaChem est juste et que Son jugement est droit. Il ne se conduit pas en tyran avec Ses créatures et n’exige pas de l’homme qu’il agisse au-dessus de ses forces. Il est évident qu’HaChem béni soit-Il sait que l’essentiel de l’épreuve de l’homme consiste à consacrer du temps à la Tora et aux préceptes tout en étant dans le besoin, comme nos Sages de mémoire bénie l’enseignent : “Celui qui accomplit la Tora dans l’indigence l’accomplira en dernier lieu dans l’opulence”.
 
De même, il faut croire qu’HaChem béni soit-Il juge évidemment avec droiture dans tous les événements de la vie et que l’homme ne subit pas une épreuve qu’il ne peut surmonter. Il lui faut écarter sa raison et sa sagesse et croire que les voies et jugements d’HaChem sont droits et qu’il doit bien sûr traverser les événements qu’HaChem a placé sur sa route dans ce monde, même s’ils semblent insurmontables, la richesse comme la pauvreté, ou la conquête des désirs et des pensées”.
 
On comprend d’après ses paroles que beaucoup se trompent en refusant de croire qu’HaChem est juste et droit et que tous Ses jugements sont rendus dans la justice et la miséricorde. Ils sont donc éloignés de Son service et de Sa foi. Lorsqu’HaChem béni soit-Il veut les rapprocher à Lui et les réprimande par des souffrances, comme il est écrit (Proverbes 3 : 12) : “HaChem châtie ceux qu’Il aime”, leur foi et leur jugement défaillent et au lieu de s’éveiller, de se repentir et se rapprocher d’HaChem, ils tombent dans l’hérésie et pensent qu’HaChem les châtie sans raison ; leur crainte et leur foi s’affaiblissent car ils pensent que ni leur service ni eux-mêmes sont agréés dans les Cieux. Ils s’irritent même contre la Providence, comme ces gens qui après avoir subi peines et souffrances, se révoltent contre les décrets divins, comme si HaChem se conduisait mal à leur encontre, que D. nous en préserve.
 
La règle générale est la suivante : comme l’homme doit croire que tout ce qui lui arrive provient des Cieux, il doit aussi croire d’une parfaite foi qu’HaChem est juste et droit et qu’aucune iniquité ne provient de Lui, le Ciel nous en préserve, et que les épreuves, les souffrances et les jugements sont des manifestations de Sa grande compassion, dont la finalité est de les rapprocher, et non de les éloigner.
 
À suivre…

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