Accueillir les dons de D-ieu
Toutes les circonstances de la vie sont voulues par D-ieu, Il se trouve donc au fond de chaque événement. Ce qu'il nous reste à faire, c'est de Le chercher...
Participation
השתדלות, ce mot hébreu se lit “hichtadlouth ” et signifie tentative, participation. Mais il recouvre, avant tout, une notion bien connue de notre morale traditionnelle : la part de l’homme.
Pour autant que tout provienne de D-ieu – force vitale, santé, subsistance, intelligence, etc. – il nous est demandé de construire, par nos moyens, des récipients, dans lesquels nous recevrons ces bienfaits. La construction de ces récipients se nomme “hichtadlouth ”. Ainsi conçue, elle n’est nullement en contradiction avec l’origine des bienfaits. Lorsque je me rends au travail, je dois savoir que mon pain ne sera pas le produit de mon effort, mais un don généreux de la Providence.
Néanmoins il est nécessaire que ce don soit déposé dans un récipient, car nous vivons dans un monde concret. D-ieu veut nous combler de Ses dons : à nous de former des récipients pour les accueillir, c’est à cela que se limite notre participation.
Ce qui est vrai pour les bienfaits matériels, l’est tout autant pour les dons spirituels, tels que force de caractère, intuition, mémoire, etc.
Par exemple, lorsque je m’assois pour étudier la Tora, je me prépare par cet effort, à recevoir en mon esprit la Conscience divine. Jamais je ne devrais attribuer à mon effort la moindre réussite. Car, en faisant cela, je tomberais dans le principe hérétique de “cause à effet ” que la Tora surnomme : ”Ma force est la puissance de mon bras.”
“Tu diras, au contraire”, continue la Tora, que : ”c’est Lui qui te donne la force d’agir…”
Tout juif croyant connaît bien ce principe ; c’est la base même de notre foi.
Cependant, tous nos Maîtres s’accordent pour considérer le principe d’hichtadlouth comme une nécessité et non pas comme une simple tolérance. Les kabbalistes qui ont atteint les plus hauts degrés de perception mystique – loin de dénigrer la valeur de l’effort humain – voient en lui “l’éveil d’en bas”, l’initiative du monde inférieur qui déclenchera “l’éveil d’en haut”, la réponse.
Le Ba’al Chem Tov – essentiellement inspiré aux sources de la kabbale – adopte une attitude d’encouragement vis-à-vis de toutes nos initiatives honnêtes. Selon lui, [le verset] “Sa présence emplit l’univers” doit s’interpréter au sens le plus littéral : D-ieu se trouve réellement partout, au point qu’il n’y ait vraiment que Lui.
Pleinement présent dans toutes nos activités : travail, voyage, nourriture… pour qui sait Le trouver, toutes ces activités s’élèvent au rend de sacré !
Mais alors, pourquoi prier ? Pourquoi avoir recours à D-ieu pour obtenir son pain, sa santé, sa réussite ? La réponse est claire : nous prions parce que la prière représente la participation la plus noble, la plus directe et partant, la plus efficace.
Nous avons établi, plus haut, que la participation bien comprise ne consistait qu’à préparer le récipient, dans lequel viendrait se poser la bénédiction ; eh bien ! Voilà le plus solide et le plus parfait des récipients: les mots que nous adressons à D-ieu pour qu’il nous aide.
Rien n’empêchera, après avoir eu recours à D-ieu, de nous livrer aux formes d’efforts habituels. Ces derniers, relevés par la prière et la foi qui en découlent, s’allégeront considérablement. La matière n’accable que ceux qui en font une idole et la servent.
Rabbi Na’hman explique que les éléments requis pour la fabrication d’autres récipients nécessitaient parfois de longues et pénibles recherches ; tel qu’il en était pour un médicament puissant, une marchandise particulièrement intéressante etc. Ces recherches n’aboutissent pas toujours, rien en ce domaine n’est acquis ou évident. Alors qu’au contraire, les mots de la prière sont dans notre coeur, sur notre langue et D-ieu est toujours présent, attentif à notre demande et prêt à nous répondre.
Pour conclure ce passage très important qui mériterait certes, plus ample développement, rapportons une merveilleuse explication d’un verset des Psaumes (128 : 2), explication que nous devons à Rabbi Nathan : ”Lorsque tu mangeras du fruit des efforts de tes mains, heureux seras-tu : tu auras trouvé le bien ! ”
Si nous avons tendance à comprendre ce verset comme un encouragement à s’adonner exclusivement aux entreprises des mains, au travail, c’est que nos yeux se sont baissés : nous regardons la terre. Levons nos yeux vers le Ciel, alors nos mains, elles aussi, s’élèveront. Employons, dans la prière, la dose d’efforts que nous voulions fournir pour obtenir tel ou tel résultat, cette fatigue de nos mains, employons la pour les élever et nous aurons trouvé le bien.
D’ici, la coutume d’élever nos deux mains lorsque nous nous lavons les mains en vue de consommer du pain : nous parachevons la purification des instruments d’efforts que sont les mains, afin que notre consommation se fasse de manière éclairée. Un pain qui n’est pas entaché d’hérésie véhicule de véritables énergies divines !
Indulgence
Nous avons appris qu’il fallait toujours s’efforcer de regarder le bien. Chercher ce qu’il y a de bon chez les autres comme chez soi, juger toujours avec indulgence.
Nous avons également expliqué en quoi cette démarche progressive favorisait la prière, puisqu’elle produisait des mélodies, des notes de gaieté.
Il en va de même pour les situations de la vie. Il faudra fouiller, creuser, sonder pour arriver à déceler le bien objectif qui se trouve dans toute situation, même dans les plus difficiles.
Toutes les circonstances de la vie sont voulues par D-ieu, Il se trouve donc au fond de chaque événement. Ce qu’il nous reste à faire, c’est de Le chercher. La technique de cette recherche, nous l’avons décrite : elle consiste à ne considérer que le bien, aspect positif, parce que le bien c’est D-ieu dans Son aspect révélé.
Réfléchissons : combien de miracles se sont produits pour nous aujourd’hui ! Ce matin, nous nous sommes levés, comme une créature nouvelle dans un monde nouveau (le réveil n’est pas évident ! ). Nos poumons fonctionnaient, notre cœur aussi… Nous avons peut-être prié, nous avons mangé, puis nous nous sommes livrés à nos activités : combien de milliers de miracles à chaque seconde !
Il faut apprendre à analyser et nous constaterons que le malheur est, en fait un bonheur incompris. Comprendre la valeur du bien de chaque situation, telle est la solution, la clé du vrai bonheur.
En s’appliquant à cela, nous nous alimenterons à une source intarissable d’énergie et de courage. Aptes à trouver le bien en chacun des évènements, nous ne serons plus tributaires des périodes fastes, ni victimes des moments de peine. Nous aurons réalisé pleinement la vocation d’Israël qui est d’unifier D-ieu :
“Écoute Israël, l’Éternel notre D-ieu, l’Éternel est Un ! “
Voici comment :
“Écoute Israël” : Toi qui as la foi juive, écoute, tends ton oreille, recherche, scrute…
“L’Éternel” : Nom ineffable de l’absolu, du bien,
“Notre D-ieu” : Mesure de rigueur, attribut du jugement dont nos souffrances découlent… Mais en vérité :
“L’Éternel est Un ! ” : Cette rigueur n’est qu’apparente et, si tu sais chercher, écouter, tu constateras qu’elle ne fait qu’un avec le bien.
Ceci est l’une des raisons pour lesquelles la lecture de cet acte de foi a été placée avant la prière du matin : seule cette prise de conscience peut nous permettre de nous adresser à D-ieu avec la confiance et la paix de l’âme que la prière demande.
Autres méditations
Prier D-ieu dans sa langue maternelle est certainement une forme de méditation. Les spécialistes la reconnaissent comme telle et la qualifient de méditation "non structurelle" (mais pas moins efficace), de par son aspect spontané. Ce qui la différencie des autres pratiques, c’est le fait que :
1- Le méditant s’en remette directement à D-ieu,
2- Elle est vraiment à la portée de tous et ne nécessite aucune technique ni connaissance particulière. Toute méditation procède d’une déconnexion par rapport au vécu superficiel, pour une introspection qui conduit éventuellement à la connaissance de soi…
Cependant, combien d’explorateurs se perdent en chemin ! Combien d’intrépides se brûlent les ailes ! Combien d’impatients se découragent ! Seule la prière débouche sur l’espoir : elle porte en elle-même avant tout un acte de foi.
Partant de cela, Aryeh Kaplan – qui publia son magistral "Méditation et kabbala" – conclut son ouvrage imposant par ce qu’il nomme "le mantra de Rabbi Na’hman" et cette pratique si simple et si puissante qui est la seule vraiment à la portée de tous et qui permet l’accès au Divin, sans présenter le moindre danger !
A suivre…
Extrait du livre “La porte du ciel – Hitbodédouth ” par Rabbi Israël Yits’haq Besançon. Reproduit avec l’aimable autorisation des Éditions du chant nouveau.
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