Crois en Moi, réellement # 1

C'est notre peur de la déception qui dirige notre aptitude à mettre entièrement notre confiance en D-ieu.

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le rabbin Pinchas Winston

Posté sur 06.04.21

 “Qu’il soit agréable auprès de D-ieu et D-ieu de nos ancêtres… que Vous nous accordiez… une vie comblée des requêtes de notre cœur pour le bon.” (Birkath Ha’Hodech

Une personne juive doit mettre sa confiance en D-ieu. Complètement. La confiance représente la mesure absolue de la profondeur de la relation que nous avons avec une personne. La mesure de confiance que nous mettons en une tierce personne indique également la véritable mesure de notre sentiment de faire “un” avec cette personne. Il en va de même avec D-ieu. De plus, dans la mesure où la personne juive est censée devoir entretenir une relation la plus étroite possible avec D-ieu, elle est donc censée mettre sa confiance en D-ieu, complètement.

Cependant, il existe plusieurs niveaux de confiance et le judaïsme fait une distinction entre une personne qui croie en D-ieu et une autre qui est un “Ba’al Bita’hon” (qui met véritablement sa confiance en D-ieu). Ceci est la différence entre une personne qui croit au concept de confiance en D-ieu – et qui l’applique à l’occasion – et celle dont toute la vie reflète sa totale confiance en le Créateur, même lorsque la situation semble sans espoir.
 
Une personne qui croit à l’occasion en D-ieu, dit en quelque sorte ces mots :
 
Quelques fois, des bonnes choses arrivent et d’autres fois, elles n’arrivent pas. Cependant, j’ai confiance que peu importe ce qui arrive, tout ce que fait D-ieu est pour le bon.”
 
En d’autres termes, nous créons une marge d’erreur inhérente, dans le cas où nous n’obtenons pas ce que nous avons demandé. C’est notre peur de la déception qui dirige notre aptitude à mettre entièrement notre confiance en D-ieu. Nous verrons plus loin que cela nous permet d’apprendre que la déception représente une prophétie qui s’accompli par elle-même.
 
D’autre part, pour le Ba’al Bita’hon, le bon semble toujours arriver, aussi longtemps qu’il le désire. Cela était le cas pour Yossef HaTsadiq et – après lui – ‘Hanina ben Dossa.
 
‘Hanina ben Dossa était un faiseur de miracles, dans le sens plein du terme. Il semble que peu importe ce qu’il désirait, il l’obtenait, et le plus souvent avec une rapidité déconcertante. Il était insensible aux dangers fondamentaux de la vie, ceux qui embêtent la plupart d’entre nous. De fait, il était plus dangereux pour un serpent vénéneux que le serpent vénéneux aurait pu l’être pour lui. (Berakhoth 33a)*
 
Rabbi ‘Hanina était le parfait exemple de la maxime : “Les Justes diront et D-ieu fera.” S’il désirait qu’il s’arrête de pleuvoir, la pluie cessait. S’il désirait qu’il pleuve de nouveau, la pluie se remettait à tomber, immédiatement :
 
Lors d’un voyage, il fut surpris par la pluie. Il se mit à prier : ‘Maître de l’univers, le monde entier est satisfait tandis que ‘Hanina seul est embêté.’ La pluie s’arrêta immédiatement. En arrivant chez lui, il changea sa prière : ‘Maître de l’univers, le monde entier devrait-il s’affliger tandis que ‘Hanina jouit de son plaisir ?’ Le résultat ne se fit pas attendre : la pluie recommença à tomber.” (Ta’anith 24b)
 
En commentant cette histoire, le Talmud déplore :
 
Contre les prières de Ben Dossa, celles du Kohen Gadol lui-même ne sont d’aucune utilité.” (Ibid.)
 
Nous devons également citer ‘Honi HaMaguel‘Honi le “traceur de cercle” – qui est mentionné dans le Talmud :
 
Il arriva que [pendant une période de sécheresse], on présenta une requête à ‘Honi HaMaguel : ‘Prie pour que la pluie tombe.’ ‘Honi répondit : ‘Retournez chez vous et mettez vos fours de Pâques à l’abri afin qu’ils ne soient pas dissous.” [Les fours étaient faits en terre et n’auraient pas résisté à une forte pluie.] (Ta’anith 19a) 
 
‘Vous désirez la pluie ?’ leur demanda ‘Honi. ‘Pour quelle raison ne l’avez-vous pas dit plus tôt ? Retournez chez vous et préparez-vous car elle ne tardera plus maintenant’.” La seule question que nous pouvons poser est pour quelle raison ‘Honi ne semblait pas s’être aperçu qu’il y avait une sécheresse ? S’il le savait, pourquoi n’avait-il pas prié pour la pluie avant que ces personnes viennent l’implorer ? Peut-être que leur demande insistante était une partie intégrante du plan général pour amener la pluie.
 
‘Honi pria, mais la pluie ne tomba pas. Que fit-il ? Il traça un cercle et se tint en son centre ; ensuite, il dit à D-ieu :
 
Maître de l’univers ! Tes enfants se sont adressés à moi parce que je suis un peu comme un membre de Ta maison. Je jure en Ton grand Nom que je ne sortirai pas d’ici jusqu’à ce que Tu est pitié de Tes enfants !” (Ibid.)
 
A-t-on déjà entendu un simple mortel s’adresser de la sorte au Ciel ? Éventuellement, si vous demandez qu’un éclair descende du Ciel et vous frappe de plein fouet, que D-ieu nous protège. Autrement, il ne semble certainement pas de la meilleure façon d’augmenter ses propres mérites aux yeux de D-ieu afin qu’Il réalise un miracle pour nous.
 
Pourtant…
 
La bruine commença à tomber.
 
‘Honi s’exclama : “Ce n’est pas ce que j’ai demandé ! J’ai demandé à ce que la pluie remplisse les citernes, les fossés et les réservoirs !” (Ibid.)
 
Arrivés à ce stade de l’histoire, nous devons faire une pause et nous poser la question suivante : En fin de compte, qui dirige le monde ici bas ? Un grand miracle ne venait-il pas de se produire ? Certes, la quantité d’eau qui tombait ne correspondait pas à ce qu’on attendait, mais tout de même ! Pour quelle raison ‘Honi fut-il à ce point mécontent ? Pourquoi le Ciel ne se sentit-il pas insulté de sa façon rude de répondre ?
 
Que se passa-t-il ? La pluie commença à tomber à pleins seaux !
 
L’histoire ne finit pas là. ‘Honi s’écria : “Ce n’est pas non plus ce que j’ai demandé ! J’ai demandé une bonne pluie, une pluie de bénédiction et de générosité.” (Ibid.)
 
Dans le prochain article, nous verrons dans ce cas quelle fut la réponse du Ciel.
 
À suivre…
 
 
(Auteur et conférencier, le rabbin Pinchas Winston est le directeur de ThirtySix.org)  
 
  
* * *
 
* Un certain jour, il mit son pied sur le nid d’un serpent qui avait l’habitude de piquer et de tuer un nombre important de personnes. Le serpent le piqua et… mourut ! Quant à Rabbi ‘Hanina ben Dossa, il survécut sans difficulté à cette aventure.

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