Au travail !

Voici ce que lui répondit le Rav : “Ferme ta Guémara et trouve un travail ! Achète les vêtements que ta femme a besoin. En te mariant avec elle, tu t'es engagé à subvenir à ses besoins…”

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Va donc travailler !

 Les premiers mots de la liste des obligations qui sont inscrites sur le contrat de mariage et que prononce un jeune marié sont : “béssiy’ata dichémaya” (“avec l’aide du Ciel”). Cela signifie que le futur marié lie ses obligations avec le concept d’émouna (de foi). En d’autres termes, le mari déclare qu’il pourra faire face à ses obligations uniquement grâce à l’émouna. Le contrat de mariage signale également que si le besoin s’en fait sentir, le mari est obligé de travailler.
 
En tenant compte de cela, les Sages du Talmud nous ont appris que ce n’est pas suffisant pour le jeune marié de s’engager – en théorie –à subvenir à tous les besoins de sa future femme. Plutôt, si le besoin se présente, il doit mettre ses paroles en pratique. Cela permet de remettre les idées en place chez tous les fainéants qui n’assument pas leur responsabilité et qui préfèrent se présenter devant le Ciel comme des personnes d’une grande piété.
 
Lorsque ces personnes n’ont pas les revenus nécessaires pour respecter les obligations qu’ils ont prises sur eux envers leur épouse, ils s’adressent en toute prétention à leur femme en leur disant : “Comment ?! N’as-tu donc pas d’émouna (de foi) ?! Tu devrais réaliser que c’est Hachem qui désire que nous n’ayons pas de revenus. Nous devons accepter cela avec émouna ! Où se trouve donc ta émouna ? Ne crois-tu donc pas au principe que tout ce qui arrive est pour le mieux ?!”
 
C’est de la sorte que ces maris font souffrir leur femme et qu’ils se permettent de leur faire des exposés et de leur donner des leçons à propos d’émouna. À l’occasion, ces maris n’hésitent même pas d’être en colère contre leur épouse sous le prétexte que celle-ci manque de confiance envers D-ieu.
 
Cependant, nos Sages voyaient loin et ils ont prévu que l’homme se comporterait de la sorte. C’est pour cette raison qu’ils ont imposé l’obligation – pour le jeune époux – d’apposer sa signature sur un contrat de mariage où il est écrit qu’il s’engage à aller travailler si cela s’avère nécessaire ! Ainsi, la situation ne peut pas être plus claire : un mari prétend-il qu’il n’a pas les moyens de répondre aux attentes financières de sa femme ? “Va donc travailler !” doit-on lui répondre.
 
De fait, il n’est pas écrit sur la qétouba (le contrat de mariage) : “Je m’engage envers toi à t’enseigner l’émouna. Plutôt, il est écrit : “Je m’engage à aller travailler si cela est nécessaire !” Le mari ne doit pas essayer d’enseigner l’émouna à sa femme comme s’il était une personne importante qui peut donner des leçons.
 
Voici la fonction réelle du mari : d’apprendre lui-même l’émouna et d’avoir confiance en D-ieu pour qu’Il l’aide à trouver une source de revenus qui lui permette de satisfaire sa femme. Il doit cesser d’être un donneur de leçons et il doit respecter l’obligation qu’il a prise sur lui d’assurer le bien être financier de sa femme.
 
Si nos Sages avaient voulu que la femme se renforce dans son émouna et dans la confiance qu’elle doit placer en D-ieu, ils n’auraient pas demandé au mari de signer un contrat de mariage sur lequel il s’engage à être la source de revenus de la famille. Plutôt, ils auraient demandé à la femme de signer afin de s’engager à avoir confiance en Hachem et ils n’auraient placé aucune obligation sur les épaules du mari.
 
J’entends déjà mes chers lecteurs me poser la question suivante : “Notre littérature n’est-elle pas remplie d’histoires connues de grands Tsadiqim qui ne possédaient strictement rien, pas même le minimum ? Ces Tsadiqim ne vivaient-ils pas dans une pauvreté absolue ?
 
La réponse à cette question est facile : ces personnages hors du commun n’avaient aucune dette ! Leur train de vie correspondait à ce qu’il pouvait dépenser. De plus, ils étaient heureux de leur sort et ils pouvaient transmettre à leur femme l’impression véritable qu’ils étaient riches ! En aucun cas, ces Tsadiqim ressentaient un manque quelconque par rapport à leur situation.
 
Une gestion adéquate   
 
Voici un exemple qui nous permet d’apprendre la façon adéquate à adopter dans le domaine qui nous intéresse.
 
Un jour, un mari me demanda de le rencontrer afin de l’aider à rétablir la paix dans son ménage. Celui-me me raconta que sa femme se plaignait continuellement à propos de leur situation financière difficile. Il m’informa que le jour même, une dispute avait justement éclatée chez lui à ce sujet. Je lui demandai : “Qu’avez-vous dit à votre femme ?” Il me répondit : “Je lui ai répondu qu’elle devait augmenter son émouna et sa confiance envers D-ieu : celui-ci finirait bien par nous procurer les moyens qui nous manquent. Cependant, non seulement elle n’a pas accepté mes paroles, mais elle est maintenant encore plus opposée à moi.”
 
Voici ce que j’ai répondu à ce mari : “D’après ce que vous m’avez dit, je peux comprendre que vous pensez que votre femme manque d’émouna et de confiance en D-ieu. Selon vous, c’est pour cette raison qu’elle n’est pas prête à écouter vos paroles. Cependant, vous devriez vous rendre un grand service : prenez conscience que la responsabilité entière de subvenir aux besoins financiers du couple vous incombe.”
 
“Ainsi, voici les paroles que vous devriez adresser à votre femme : ‘Ma chère femme, tu as parfaitement raison dans ta façon de présenter notre situation. Avec l’aide de D-ieu, il faut que je me renforce dans mon émouna et dans la confiance que je dois avoir à l’égard d’Hachem. C’est ce que je demanderai à D-ieu dans mes prières. De plus, je vais entreprendre tous les efforts possibles et réalisables afin de résoudre nos difficultés financières.’”
 
Voici ce que j’ai également dit à ce mari : “En parlant à votre femme comme vous l’avez fait, vous avez commis plusieurs fautes. La première est que vous n’avez pas fait comprendre à votre épouse que l’entière responsabilité de fournir à votre couple un moyen de subsistance incombe seulement à vous. La conséquence de vos paroles est que maintenant, votre femme pense qu’elle détient une part de responsabilité dans ce domaine. Également, celle-ci croit que votre comportement est irréprochable ; elle pense que vous acceptez vos difficultés financières avec amour… sans rien faire pour les résoudre.”
 
“De plus, votre attitude insinue qu’elle est le maillon faible dans votre couple. C’est exactement ce qu’elle doit penser après vous avoir entendu lui dire qu’elle devait se renforcer dans son émouna. En d’autres termes, vous lui avez fait comprendre qu’elle pourrait aussi chercher une source de revenus. En conclusion, vous avez dit à votre femme que tout dépend d’elle ! La pire des choses est que vous l’avez blessée par vos paroles. Celle-ci pense qu’elle est la principale coupable de la situation difficile dans laquelle vous vous trouvez.”
 
“Pourtant, les choses ne sont pas comme vous les avez présentées. De fait, vous êtes l’unique coupable de vos difficultés ! Le doigt de l’accusation doit être dirigé vers un seul individu : vous et personne d’autre. Il est stipulé sur le contrat de mariage qu’il incombe au mari de mettre le pain sur la table, d’être la source de revenus de son foyer et d’assurer tous les besoins de sa femme. Je vous rappelle que sur votre qétouba, il n’est point inscrit que vous devez enseigner à votre femme l’émouna ou la confiance en Hachem.”
 
Il est écrit dans le livre de la Genèse (3:19) qu’Hachem maudit Adam en lui disant : “C’est à la sueur de ton front que tu mangeras du pain.” D-ieu ne s’est pas adressé à Hava (Ève). Nous apprenons de cela que le Créateur a imposé la responsabilité financière du foyer uniquement sur les épaules de l’homme et pas sur sa femme.
 
Nos Sages ont dit qu’un homme qui se mari accepte un joug sur ses épaules. Cela signifie que c’est sur l’homme que repose la responsabilité de trouver un revenu pour son foyer. Nos Sages n’ont pas dit que le joug est placé sur les épaules du couple. La leçon qu’ont voulu nous enseigner nos Sages n’est-elle pas claire ?
 
La responsabilité de fournir un moyen de subsistance à la famille n’incombe pas à la femme. Même si la femme possède une forte dose de courage et que c’est elle qui est l’unique source de revenus du foyer, dès l’instant où elle rencontre des problèmes dans ce domaine, la responsabilité revient immédiatement au mari et à lui seul.
 
Il n’y a pas très longtemps, un jeune marié approcha le Gaon Rabbi Ben Tsion Abba Shaul. Ce jeune informa le grand Sage qu’en raison du temps qu’il passait à étudier la Tora, il n’avait pas les moyens financiers d’acheter une nouvelle robe à sa femme. Voici ce que lui répondit le Rav :
 
“Ferme ta Guémara et trouve un travail ! Achète les vêtements que ta femme a besoin. En te mariant avec elle, tu t’es engagé à subvenir à ses besoins. En aucun cas l’étude de la Guémara peut te permettre de renier tes paroles l” Nous apprenons de cette histoire la véritable étendue de l’obligation que le mari possède envers sa femme lorsqu’il s’agit de subvenir à ses besoins.
 
Un mari doit toujours faire attention à ne pas laisser penser aux membres de sa famille qu’il n’est pas capable d’être leur source de revenus. Si sa femme le questionne à ce sujet, il doit la rassurer en lui disant qu’il pourra certainement assumer toutes ses responsabilités et que – dans tous les cas – Hachem viendra à leur aide. Ceci ne doit pas être oublié : de la même façon que les yeux d’une femme sont tournés vers son mari, ceux du mari doivent l’être vers D-ieu.        
 
Il est écrit dans le livre “Chevat Moussar” qu’un mari ne devrait jamais faire part de ses problèmes financiers aux membres de sa famille car ceux-ci sont incapables de les résoudre. Cela signifie que la personne qui est censée supporter financièrement la famille est le mari. C’est lui qui supporte sa femme et pas l’inverse.
 
Par conséquent, c’est également au mari qu’il incombe d’être attentif aux paroles de sa femme et de faire tout ce qu’il peut pour l’aider, lorsque cela est nécessaire. C’est en agissant ainsi qu’il contribue au bien-être moral de sa femme. Il faut que le mari réalise que le bien-être moral de sa femme ne pourra pas être assuré si elle doit écouter ses problèmes financiers, venir à son aide et tenter de résoudre elle-même la situation.
 
C’est pour cette raison qu’en hébreu, on dit qu’un homme “nossé” (“épouse”) une femme. Le mot “ossé” veut également dire “porter”, “supporter”. En d’autres termes, c’est à l’homme qui revient de supporter financièrement sa femme. En hébreu, on ne dit jamais qu’une femme “nossé” un homme.
 
Mon expérience m’a appris que lorsqu’un mari fait part à sa femme de ses difficultés financières, non seulement celle-ci ne peut pas venir à son aide, mais elle est brisée par cette nouvelle. Cela crée pour le mari un problème nouveau : il doit maintenant faire face à la douleur et au malheur que ressent sa femme.
 
La direction des dépenses d’un foyer tombe dans une des trois catégories suivantes :
 
1 – Le mari est le seul responsable des dépenses ;
2 – Le mari est la femme partagent la responsabilité ;
3 – La femme est la seule responsable des dépenses.
 
Dans le cas des deux premières catégories, il y a de grandes chances que la situation évolue en de fréquentes disputes. La raison en est que le mari a son mot à dire en ce qui concerne la façon dont les dépenses sont effectuées. Par conséquent, il se sent investi du rôle d’inspecteur et ceci à toutes les raisons d’irriter sa femme. Cela risque d’arriver chaque fois qu’il commence à critiquer sa femme en estimant qu’elle gaspille l’argent du couple. Logiquement, la femme répond à ce type d’accusations, ce qui l’oppose automatiquement à son mari.
 
Cependant, si le mari laisse les ficelles de la bourse sous le contrôle absolu de sa femme (3ième catégorie), les avantages sont multiples.
 
En premier lieu, cela permet à la femme d’être investie d’un sentiment de confiance : son mari croit en elle et il lui fait confiance. Dans ce cas, la femme ne possède aucune raison de se plaindre et de reprocher à son mari de ne pas lui donner assez d’argent : il lui donne tout ce qu’il possède ! De plus, si l’argent venait à manquer dans la maison – que D-ieu nous préserve – il sera facile à la femme de comprendre la situation. Également, cela évite les discussions et les disputes interminables au sujet des finances du couple.
 
 
À suivre… 

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