Ressentir la liberté

Notre premier seder de Pessah était empreint d’une très grande crainte. Juste avant de sortir d’Egypte, le Saint, béni soit-Il, nous ordonna de faire l’impensable...

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 21.03.23

Chabat Hagadol, le Grand Chabat, perpétue le Chabat qui a précédé la sortie des enfants d’Israël d’Egypte. Cette année-là, c’était le 10 Nissan, quatre jours avant l’abattage du sacrifice pascal qui eut lieu le mercredi soir, 14 Nissan. Chaque famille du peuple d’Israël avait reçu l’ordre de prendre un agneau et de l’attacher à la barre d’un lit quatre jours avant leur premier Pessa’h, afin de s’assurer que le sacrifice ne porte aucun défaut. Pour accomplir le commandement du sacrifice pascal et particulièrement son abattage, les enfants d’Israël durent surmonter une montagne de peur. Le Midrash raconte que, lorsque le Créateur ordonna à Moché Rabénou d’abattre l’agneau, celui-ci se tourna vers lui et demanda : « Seigneur ! Comment puis-je faire une telle chose ? Tu sais bien que les Egyptiens portent un culte à cet animal, c’est leur idole ! Comment puis-je abattre leur idole sous leurs yeux sans qu’ils ne me rouent de pierres ? » D.ieu répondit : « Souris, Moché. Les enfants d’Israël n’iront nulle part tant que tous n’auront pas abattu les idoles des Egyptiens sous leurs yeux, ce n’est que de cette façon que je leur ferai savoir et comprendre que leurs idoles ne sont rien du tout. » Le Midrash continue et raconte que cette même nuit, durant laquelle les enfants d’Israël tuèrent l’agneau et le sacrifièrent, le Créateur tua tous les premiers nés d’Egypte par la plaie des premiers nés. Avant de quitter l’Egypte au terme de deux cents ans d’esclavage, ils mangèrent le sacrifice pascal alors que les Egyptiens criaient et pleuraient la mort de leurs idoles et de leurs premiers nés (Chemot). Essayez seulement de vous imaginer combien ce premier Pessa’h pouvait être effrayant. Rien que le fait de prendre un agneau et de l’attacher à un lit, fait peur en soi,  sachant en plus qu’un Egyptien pouvait passer et vous demander « Que se passe-t-il là-dedans ? » L’abattage de l’idole des Egyptiens sous leurs propres yeux était un acte qui avait le pouvoir d’éveiller la confiance. Et pas seulement cela, au moment où les familles des bnei Israël étaient assis en train de célébrer la nuit du Seder, mangeant avec plaisir le sacrifice de l’agneau ; des cris à vous glacer le sang, résonnaient dans le fond : ceux des Egyptiens découvrant la mort de leurs premiers nés.

Le Rav Shalom Arouch nous enseigne que « celui qui craint l’Unique ne craint personne ! » Et c’est exactement ce que le Créateur voulait. Pour changer notre statut de peuple esclave en peuple élu, il nous fallait remplacer notre crainte des hommes par la crainte du Créateur uniquement ! Lors du Chabat Hagadol et de notre premier seder de Pessa’h, HaChem nous a montré que celui qui accomplit ses commandements n’a pas à avoir peur ! C’est pourquoi le premier soir de Pessa’h est appelé ליל שימורים, parce que nous bénéficions d’une protection particulière d’HaChem.

A sa table du seder, le H’atam Sofer raconta à ses petits-enfants que, lors de la délivrance finale du peuple d’Israël, rapidement et de nos jours, amen, nous auront à surmonter cette même épreuve de la peur ! Et lorsque ses petits-enfants lui demandèrent d’où le peuple d’Israël puisera-t-il le courage nécessaire pour surmonter cette peur avant la rédemption finale, il leur répondit : tout comme les bnei Israël surmontèrent leur peur à l’époque grâce à leur foi en Moché Rabénou, c’est ce qui arrivera : en renforçant notre foi envers le Créateur, les grands sages, et en s’appuyant sur les paroles des grands de la génération.

Un groupe de journalistes européens a visité une des villes qui avaient été bombardées lors des dernières attaques de missiles de Gaza sur le sud d’Israël. Ils ont été admiratifs devant le courage des étudiants de la Yechiva qu’ils ont visitée, qui continuaient à étudier la Torah malgré les sirènes qu’on entendait retentir au loin. Un étudiant anglophone leur expliqua que le Rav Haim Kanievsky chlita, un des grands de la génération, a promis que toute personne qui continuerait à étudier la Torah ne souffrirait d’aucun mal ! Pas besoin d’avoir peur des missiles. C’est pourquoi tous les étudiants ont continué leur étude et n’ont pas quitté le champ de bataille spirituel. « La foi en les sages donne le courage de tout surmonter ! » Croyons y fermement.

Puissions-nous mériter le courage et la force de faire la volonté du Créateur sans avoir peur du tout, puissions-nous voir le Messie et la délivrance complète, rapidement et de nos jours, Amen.

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz

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