Le grand gagnant

Rabbi C. courut dans sa chambre et sortit son portefeuille du tiroir de sa table de nuit. C’était sûr, il était là, et c'était le ticket jaune portant le numéro 26441725 !

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 04.04.21

Il y a sept ans, le premier des treize enfants de Rabbi C. a atteint l'âge du mariage. Malgré son travail acharné en tant que Sofer, le Rabbi C. arrivait à peine à joindre les deux bouts. Où allait-il trouver l'argent pour marier sa fille aînée, et qu’en serait-il de ceux qui allaient suivre durant toutes les années à venir ? Rabbi C. décida d'acheter un billet de loto, avec une foi inébranlable que Celui qui l'avait béni de ses enfants le bénirait aussi des moyens nécessaires pour les marier.

Un vendredi matin, Rabbi C. était dans la cuisine, aidant sa chère femme à préparer Chabat. Au moment même où il transférait la marmite de tchoulent -de la taille d’un chaudron- de la cuisinière à la plaque du Chabat où elle allait mijoter toute la nuit, le téléphone sonna.

« Bonjour, suis-je bien j'ai la famille C. à Netanya ? » Demanda la voix au bout du fil.
« Oui, » Répondit Rabbi C., « Que puis-je faire pour vous ? »
« C'est le bureau de la loterie nationale à Tel Aviv. Avez-vous en votre possession le ticket numéro 26441725 ? »
« Un moment – je vais vérifier… » Rabbi C. courut dans sa chambre et sortit son portefeuille du tiroir de sa table de nuit. C’était sûr, il était là, et c'était le ticket jaune portant le numéro 26441725 ! « Oui-Oui, voilà, je l'ai, » Rabbi C. balbutiait d’anticipation et d’excitation, tandis que le rythme de son cœur avait passé une vitesse.

« Mazal Tov – félicitations ! » lança le représentant de la loterie. « Notre bureau de presse à Tel Aviv est ouvert au public lundi après-midi de 16 à 19 heures. Nous avons un chèque de 12 millions de shekels (environ 3 millions d’euro) pour vous. Nous sommes impatients de vous voir ce lundi ! »

Rabbi C. se mit à chanter le psaume 100 à pleins poumons. Ensuite, il récita la prière de Nichmat’ kol H’aï : « Et si nos bouches étaient aussi pleines de chant que la mer, et notre langue exultait comme ses nombreuses vagues, et nos lèvres louaient comme l’étendue de l'horizon, nous n’arriverions pas à Te remercier assez, Hachem notre D.ieu, même pas pour une seule des milliers de dizaines de milliers de faveurs, de miracles et de merveilles que Tu as fait pour nos pères et pour nous… »

En entendant l'agitation venant de la chambre, la rabbanite C. essuya ses mains sur son tablier et se précipita vers la chambre. « Qu'est-ce qui t’arrive, mon cher mari ? On dirait un hassid Breslev dans les bois… »
« Mazal Tov, ma femme ! On vient de gagner au loto ! »
« Ce n'est pas encore Pourim, mais Chabat rentre dans quelques heures. Reviens à la cuisine t’occuper de l’eau chaude. »
« Je suis sérieux !!! Hachem nous libère de nos soucis financiers – on vient juste de gagner 12 millions de Shekels ! »

Le rabbanite savait que son mari n'était pas un blagueur. Elle fit une pause, ferma les yeux et dit quelques mots de prière et de gratitude envers Celui qui soutient tous les êtres vivants.

La famille se réjouit tout au long du Chabat. Après la Havdalah, le samedi soir, ils firent un repas spécial de remerciement pour exprimer leur gratitude à Hachem. Les nouvelles voyagent rapidement, et bientôt toute la communauté connaissait la bonne fortune de la famille C. Mais le lundi matin, Rabbi C. reçut un autre appel téléphonique du bureau de la loterie. Le représentant s'excusa platement, en disant à Rabbi C. qu'ils avaient commis une erreur et que son billet n'était pas le ticket gagnant. En guise d’excuse, Rabbi C. recevrait un ticket de loterie gratuit pour les cinquante semaines à venir…

Rabbi C. remercia la voix à l'autre bout du fil. Il raccrocha le téléphone et, comme il l'avait fait vendredi, récita le Psaume 100 et la prière de Nichmat kol H’aï. Des larmes de gratitude –pas de déception- coulaient sur ses joues. Cette nuit-là, il fit un autre repas de remerciement et y convia dix érudits de Torah du quartier.

Les tuyaux des Hassidim fonctionnent aussi rapidement que les médias électroniques. Bientôt, tout le quartier apprenait que la situation de la famille C. s’était renversée. « Mais attendez », demandèrent-ils aux voisins, « Rabbi C. a-t-il perdu la tête ? Non seulement il n'est pas malade de chagrin et de déception, mais il dit merci… Le pauvre… »

Ce soir-là, après avoir récité le dernier paragraphe d'un traité de Guemara qu'il avait fini d'étudier récemment, Rabbi C. expliqua sa joie ininterrompue : « Aujourd'hui, alors que nous n’avons pas de Temple sacré et que nous sommes incapables de faire les sacrifices rituels qui nous incombent, notre argent le fait pour nous. En fait, le mot hébreu pour l'argent et pour le sang d'un sacrifice est le même : damim. Clairement, il y a du avoir un décret très sévère contre moi à la Cour céleste, où j'aurais dû recevoir une punition sévère comme un accident vasculaire cérébral ou une crise cardiaque, que D.ieu préserve. Hachem est un père aimant qui a vraisemblablement voulu courcircuiter les plans de la Cour céleste. Donc, en lieu et place de la maladie, il m'a donné 12 millions de Shekels – ce n’était pas une erreur, contrairement à ce qu’a dit le bureau de la loterie – cet argent était vraiment le mien. Maintenant que j'avais quelque chose pour me racheter, Hachem me l’a pris à la place du décret de la Cour céleste. J'ai ma santé – donc bien sûr, je suis content ! J'ai ma femme, mes enfants – je danse ! Merci, Hachem ! » Rabbi C. ne sait pas comment, mais depuis lors, il marie ses enfants, un chaque année, et n’a pas un centime de dette. Quand une personne est vraiment reconnaissante envers le Tout-Puissant, elle se rend compte qu’elle n’est redevable à personne. De plus, les gens reconnaissants sont toujours heureux. Alors, qu'attendons-nous ? Commençons à remercier Hachem !

Traduit par Carine Illouz

 

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