Savoir pardonner
Souviens-toi ! Celui qui t’a offensé n’est au bout du compte qu’un misérable qui a été choisi, à cause de ses fautes, pour servir de bâton entre les mains du Saint béni soit-Il.
Le pardon et les excuses
Un des premiers devoirs qui incombe au couple divorcé consiste à pardonner et à excuser l’autre complètement, car tant que subsiste le moindre ressentiment, et à plus forte raison, si l’ancien conjoint nourrit de la haine ou de la colère, ni l’un ni l’autre ne peut réussir à construire une nouvelle vie en raison du grand Accusateur qui les poursuit, parce que les fautes entre l’homme et son prochain sont plus graves que celles entre l’homme et HaChem.
C’est pourquoi chacun doit tout faire pour apaiser l’autre, lui accorder un pardon total, sans s’entêter dans la colère même si elle est justifiée, car ce sentiment de rancune ne heurte pas seulement l’un – mais l’autre aussi – et ne permet pas de construire et de réussir une nouvelle vie.
Si le lecteur demandait : pourquoi celui qui est blessé doit-il être puni ? Même s’il ne pardonne pas, il reste celui qui fut blessé ! La réponse est la suivante : lorsque l’homme ne pardonne pas, c’est le signe d’un grand manque de foi qui le coupe de la lumière divine et lorsqu’on est coupé de la providence divine, on ne peut jouir d’une bonne vie.
Chacun doit croire en effet que toutes ses souffrances et ses peines proviennent de la providence divine particulière du Créateur, qui décide selon les calculs célestes, s’il faut l’éveiller au repentir et si on doit pardonner ses fautes. Chacun doit donc pardonner totalement quiconque l’a offensé.
Souviens-toi ! Celui qui t’a offensé n’est au bout du compte qu’un misérable qui a été choisi, à cause de ses fautes, pour servir de bâton entre les mains du Saint béni soit-Il. La souffrance que tu éprouves fait partie d’un compte que le Créateur tient avec toi, et qui est liée à tes fautes. Le fait que cette souffrance arrive par l’intermédiaire d’une certaine personne, est un autre compte que le Créateur tient avec cette personne. Par conséquent, si tu n’es pas prêt à pardonner, c’est comme si tu disais que ces souffrances ne proviennent pas du Saint béni soit-Il, mais plutôt de ton ancien conjoint, ce qui est de l’athéisme. Crois donc et pardonne.
Tirer des leçons
L’homme doit accepter que son divorce provienne de la providence divine particulière et doit tout recevoir avec amour – en tant qu’expiation de ses fautes – puis repartir du bon pied. Il doit donc se demander à tête reposée : A présent que j’ai divorcé, quelle est la volonté d’HaChem à mon égard ? Dois-je continuer à nourrir des idées de haine, de désespoir et d’auto-culpabilité ? Dois- je traîner toute ma vie ce qui est déjà passé et fini ? Ou bien veut-Il que j’oublie tout, et que je prie afin qu’Il m’aide à ouvrir une nouvelle page ?
Après avoir accepté le fait que ce qui est passé est fini, l’homme peut commencer son examen de conscience, tirer une leçon du passé en direction de l’avenir et effectuer une véritable introspection, sans aucun intérêt ou espoir de revenir précisément vers l’ancien conjoint, mais seulement avec la volonté de se repentir envers le Saint béni soit-Il.
Après avoir compris les erreurs commises, il doit se repentir, confesser ses fautes devant le Saint béni soit-Il, Lui demander pardon, et qu’Il inspire le pardon dans le cœur du conjoint blessé. Puis il s’engagera à ne plus jamais commettre ces actes, mais de se conduire selon la Tora et la raison. Même si son repentir ne l’aide pas à retrouver son ancien conjoint, cela lui servira dans l’avenir.
Ensuite, il doit prier : Maître du monde ! Si notre mission n’est pas terminée et que nous devons continuer à vivre ensemble, aide-nous à corriger ce qui est nécessaire, que notre second mariage soit vécu dans la paix et dans l’amour, car tout est géré par Toi et Tu disposes de nombreux moyens pour faire régner la paix entre l’homme et sa femme. Mais si la réparation (tikoun) est terminée entre nous, alors Aie pitié de nous, afin que chacun trouve un nouveau conjoint et que nous méritions cette fois-ci de vivre avec la foi et puissions-nous grâce à elle, jouir du bonheur, de la paix et de la tranquillité.
Qu’en est-il des enfants ?
Les parents divorcés posent plusieurs problèmes difficiles.
Un des problèmes les plus répandus est celui des enfants qui se trouvent chez l’un des conjoints, qui ne s’occupe pas d’eux comme il convient, soit matériellement, par exemple lorsqu’ils sont délaissés ou abusés ; soit spirituellement, lorsque le parent a abandonné la bonne voie et que les enfants reçoivent une éducation contraire aux désirs de l’autre conjoint.
A première vue, il n’existe pas de plus grande peine que celle-ci et on comprend pourquoi un parent divorcé et privé de ses enfants est complètement brisé. Pourtant, ce n’est pas une bonne réaction ! Ce n’est pas la vérité ! Même lorsque l’homme souffre beaucoup, que D-ieu nous en préserve, il lui est interdit de laisser détruire sa vie, car cela est inutile.
A ce propos, il convient de rapporter un épisode effroyable qui survint dans une ville d’Ukraine du temps des Cantonistes, où un décret imposa de s’emparer des enfants juifs pour les faire servir dans l’armée russe pendant au moins vingt-cinq ans !
Des enfants de cinq ans, qui ne connaissaient rien d’autre que le tablier de leur mère, furent arrachés de force vers les camps militaires où ils devaient vivre dans des conditions difficiles, sous l’autorité de cruels soldats. Dans la plupart des cas, ils ne revoyaient jamais leurs parents et s’assimilaient, presque sans aucune distinction.
Bien entendu, les parents faisaient tout pour fuir ou cacher leurs enfants de l’armée du tsar. Mais cette dernière organisait de temps à autres des expéditions dans les campagnes pour attraper des enfants dans leurs filets. Les enfants terrifiés étaient pris cruellement des bras de leurs parents criant miséricorde, et jetés dans des fourgons prévus à cet effet. Les cris et coups redoublés des enfants sur les parois du wagon, comme les supplications et pleurs des parents étaient ignorés des soldats et le cœur de ceux qui assistaient à un tel spectacle étaient brisé de douleur.
Or, dans l’une de ces expéditions, une femme à qui venait de prendre son jeune enfant, courut à la synagogue, ouvrit l’arche sainte et cria de toutes ses forces avec des pleurs terribles devant les livres de la Tora. A force de douleur, d’hurlements et de rugissements, elle tomba, morte, qu’HaChem nous en garde.
Bien entendu, cet événement eut un grand retentissement et lorsqu’on raconta cette histoire à Rabbi Nathan de Némirov – qui multipliait ses prières pour annuler ce décret – il dit : Si elle était venu me demander conseil, je lui aurais proposé de fixer chaque jour un temps pour prier HaChem béni soit-Il, afin qu’elle réussisse à récupérer son fils, et non seulement son fils serait revenu, mais encore d’autres enfants, par le mérite de sa pure prière.
Nous apprenons de cette histoire que dans la pire des situations, comme celle du rapt d’enfants juifs innocents pour servir dans l’armée russe, il convient de garder la tête froide, et de croire que la prière peut résoudre toute souffrance, car la répétition de la prière, jour après jour, a le pouvoir de transformer tout décret et par accumulation, d’apporter le salut aux autres.
La vie continue
Voici une règle concernant toutes les peines : aucune douleur, la plus grave soit-elle, que D-ieu nous en préserve, ne justifie de détruire sa vie pour elle, car cela ne sert à rien ! Que cette histoire nous serve de leçon : quelle fut l’utilité des cris hystériques de cette femme qui en est morte de chagrin ? Elle ne fut plus d’aucun secours pour son enfant : même s’il avait pu revenir à la maison, sa mère ne pouvait plus s’occuper de lui ! En revanche, consacrer chaque jour une demi-heure à la prière et aux supplications tout en passant le reste du temps dans la joie, est le seul garant à la fois de la poursuite de la vie et du salut que cette mère implorait.
Bien que leurs inquiétudes et douleurs soient justifiées, les parents dont les enfants furent soustraits à leur autorité et sont mal traités, doivent décider de tout faire pour aider leurs enfants, en priant, en économisant ni l’argent, ni la volonté, ni la fatigue, mais en s’efforçant au mieux de garder une relation normale avec eux, sans compromettre leur santé, leurs nerfs, etc. Il est nécessaire de prier chaque jour dix minutes pour la réussite de ses enfants et de penser à autre chose le reste du temps. A plus forte raison, faut-il éviter de se battre et d’engager des poursuites. Cela est néfaste pour tous les partis concernés.
L’unique conseil à donner à un tel parent, est de consacrer un certain temps chaque jour à prier pour ses enfants. Rien n’est plus bénéfique. L’auteur de ces lignes connaît plusieurs personnes issues de familles désunies et dont les parents divorcèrent. Ils réussirent leur vie et devinrent même des personnalités importantes, grâce au mérite des prières de l’un des deux parents.
Tout est possible grâce à la prière. Il faut donc confier ses enfants à HaChem béni soit-Il, prier et Lui dire :
Maître du monde ! Même si mes enfants étaient restés avec moi, j’aurais besoin de multiplier mes prières et mes demandes de compassion pour qu’ils grandissent comme il convient. A présent qu’ils ne sont plus sous mon toit, je les place entre Tes mains et j’ai la foi que même là où ils se trouvent, Tu les surveilles pour le mieux. Je Te prie de les prendre en pitié, les conduire dans le bon chemin, les éloigner des mauvaises fréquentations et que les faux amis s’éloignent d’eux. Je Te prie de leur donner de vrais amis, les rapprocher de Toi, les aider à inspirer le charme, la bonté et la compassion à Tes yeux et aux yeux du monde, inspirer la pure et simple foi dans leur cœur, et faire en sorte qu’ils grandissent vertueusement.
Nous voyons que la foi est le remède pour chaque peine, avant et après la décision du tribunal. Heureux celui qui vit avec une parfaite foi.
Eduquer des enfants, c’est donner l’exemple
Donner l’exemple est indispensable pour l’éducation des enfants. On raconte l’histoire d’un couple qui se rendit auprès du rabbi Israël Méïr de Radin, le ‘Hafets ‘Haïm, pour lui demander de bénir leurs enfants, afin qu’ils deviennent des justes. Le ‘Hafets ‘Haïm leur répondit : Pourquoi avez-vous tant tardé à venir ? Vous auriez dû venir il y a vingt ans. Les parents jugèrent que le rav pensait à tort que leurs enfants étaient déjà devenus des adultes et qu’il était trop tard pour les bénir. Ils lui rétorquèrent : Maître, nos enfants sont encore très petits ! Bénis-les et qu’ils grandissent dans la sainteté et la pureté et qu’ils soient vertueux et aiment la Tora.
Le ‘Hafets ‘Haïm leur dit : Je sais qu’ils sont encore petits. Je voulais dire que si vous étiez venus chez moi il y a vingt ans, je vous aurez béni et guidé votre propre éducation. Alors, par voie de conséquence, vous auriez mérité d’avoir des enfants justes (tsadikim). Car l’éducation des enfants dépend avant tout de l’éducation des parents. Lorsque les parents sont privés d’éducation et qu’ils ne peuvent servir d’exemple pour l’acquisition des vertus, on ne peut s’attendre à ce que leurs enfants soient bien éduqués.
Avant de penser à l’éducation de ses enfants, il est donc nécessaire de s’éduquer soi-même, comme l’enseignent nos Sages de mémoire bénie (Baba Batra 15b et 60b) : “Pare-toi d’abord”. En d’autres mots, il est nécessaire de s’éduquer et de se parer de vertus et seulement ensuite d’éduquer ses enfants avec grâce et amour, comme il est écrit (Proverbes 3:17) : “Ses voies sont des voies agréables et tous Ses sentiers sont de paix”.
L’éducation, c’est l’amour
Voici un autre enseignement de nos Sages de mémoire bénie (traité Avot 1) : “Aimez les créatures et rapprochez-les de la Tora”. La bonne voie pour rapprocher les créatures de la Tora, c’est l’amour. Et comme les enfants font partie de l’ensemble des créatures, la seule voie de leur rapprochement est l’amour.
Lorsqu’un enfant est aimé par ses parents, il grandit avec assurance, il a de l’amour propre et croit en lui-même. Ces dispositions sont le fondement de toutes les vertus, et comme son âme est saine et heureuse, l’enfant peut contribuer, pardonner, comprendre les autres, etc. Mais lorsqu’un homme est privé de telles dispositions spirituelles, acquises grâce à l’amour des parents, sa conduite vis-à-vis des autres ne sera ni vertueuse, ni respectueuse des bons usages. L’amour des parents est donc une force essentielle qui garantit la réussite dans tous les domaines et à toutes les étapes de la vie.
L’éducation dans la foi
Puisque l’essentiel de l’éducation provient de l’exemple reçu, c’est-à-dire des vertus qui sont les résultats de la foi et que l’éducation se transmet grâce à l’amour, cela n’est possible que si l’homme est heureux de son lot. Autrement, s’il n’est pas heureux, il ne peut transmettre à ses enfants l’amour de la vie. Cela implique aussi que le principe de l’éducation des enfants dépend de la foi des parents, et donc que l’essentiel du travail des parents doit porter sur la foi, et qu’ainsi, ils mériteront d’éduquer leurs enfants comme il le convient et de leur inspirer la foi.
À suivre…
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