L’indépendance, c’est plus qu’un mot

Par la fenêtre, je vois les drapeaux flotter au vent et je me demande : qu’est-ce que l’indépendance ? Après tout, ce n’est pas qu’un mot ou un jour du calendrier !

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Sharon Rotter

Posté sur 17.03.21

Par la fenêtre, je vois les drapeaux flotter au vent et je me demande : qu’est-ce que l’indépendance ? Après tout, ce n’est pas qu’un mot ou un jour du calendrier !

Les jours passent vite et le parfum de Pessah’ (un mélange d’eau de javel et de barbecue) plâne encore un peu dans ma cuisine ; à la fenêtre, on a déjà accroché les drapeaux pour Yom Azikaron (jour du souvenir, en mémoire des soldats tombés au combat) et Yom Aatsmaout (le jour de l’indépendance d’Israël). Les enfants sont déjà tout excités à l’idée des festivités qui approchent, d’un festival de rue coloré, et je me mets à réfléchir sur le concept de l’indépendance.

Dans le cadre des traditions des célébrations et de leur connexion au côté spirituel, revient ce point que j’ai traité il n’y a pas si longtemps –lors de la fête de notre délivrance : quand nous sommes passés de l’esclavage à la liberté. Qu’est-ce que l’indépendance ? Qu’est-ce qu’elle signifie pour moi ? Après tout, ce n’est pas qu’un mot ou un jour du calendrier !

Ces questions me mènent à un début de réponse, lorsque mes proches m’ont exprimé leurs craintes par rapport à la « contrainte religieuse » et à ses manifestations chez moi :

« A partir de maintenant, tu es limitée, aussi bien dans tes actes que dans tes paroles et tes pensées. Tu n’es pas indépendante de penser comme tu le veux. A partir de maintenant, tout t’est dicté, » disaient-ils. « Tu crois vraiment que D.ieu a besoin de tes mitsvotes ? Tu crois qu’Il est gagnant du fait que tu ne touches pas l’électricité Chabat ? Tu es plus intelligente que cela, Sharon. On n’en revient pas… Ne deviens pas une de ces femmes incultes qui n’ont pas la possibilité de faire marcher leur cerveau. Sois indépendante, sois libre… La halakh’a (la loi juive) ne change pas en fonction du monde moderne, et tu te retrouveras bloquée avec elle. Tu peux croire que D.ieu existe, mais tu n’as pas à prendre sur toi toutes les restrictions inutiles du passé. Crois et pratique, mais seulement ce qui te convient et qui convient à notre époque. Ne suis pas le troupeau sans penser pour toi-même. »

Ces arguments ne me sont pas du tout étrangers. Je les ai moi-même prononcés, lorsqu’il y a dix ans, ma meilleure amie faisait téchouva. Je les maitrisais profondément, et il y a même une partie de moi qui a l’habitude de se reconnaitre en eux.

Mais à bien y réfléchir, grâce à ma reconnaissance de ce qu’est la vérité et par l’étude de la Torah, ces voix et ces arguments se dispersent et laissent place à une compréhension nouvelle et surprenante. C’est justement entre les limites du judaïsme et de la pratique de ses commandements que je peux faire « marcher mon cerveau », que je peux faire des choix et être plus indépendante que jamais.

Tout travail spirituel, dans quelle religion que ce soit, en passe par les restrictions pour atteindre la libération et l’illumination. Dans ce monde, tout est construit en cadres et en outils que l’on peut remplir. Un verre, une table, une maison, sont un assemblage de lignes et de barrières. Sans limite, le verre règnerait sur le monde. Par la restriction, l’homme a la possibilité d’accomplir sa fonction, comme l’objet par exemple.

Je repense à l’époque où j’étais libre des mitsvotes et où je pouvais manger ce dont j’avais envie, dire tout ce qui me plaisait sur les gens et aller à la mer le Chabat. Est-ce que j’étais plus libre pour autant ? Est-ce que mon âme se sentait indépendante, libérée ?

Aujourd’hui, je sens que ma foi en D.ieu me libère. Quelqu’un qui croit qu’il est responsable de tout et qu’il contrôle tout est un esclave. Mettre sa confiance en D.ieu, le Créateur du monde, c’est se décharger de cette même responsabilité lourde et impossible qu’est le contrôle de nos vies.

Les mitsvotes (les commandements), sont en effet un joug, et parfois, surtout quand on n’étudie pas l’origine et la raison de leur existence, elles apparaissent désuètes et inutiles. Mais ce que je comprends et que je me rappelle sans cesse à moi-même, c’est que nous avons reçu les mitsvotes comme un guide pour mener notre vie au mieux. D.ieu n’a pas besoin qu’on les pratique pour Lui. On les a reçues en cadeau, pour nous fortifier, élever nos esprits et nous faire avancer dans notre travail spirituel et sur nos traits de caractère. Elles nous aident à nous améliorer et à être de meilleures personnes. C’est parfois difficile à voir et à ressentir, en particulier pour ceux qui n’y connaissent rien. Mais celui qui s’efforce de les pratiquer sait et ressent clairement leur impact positif sur sa vie.

Yom Hazikaron -le jour du souvenir- qui précède Yom Aatsmaout -le jour de l’indépendance-, symbolise à mes yeux la poussière et la terre à partir de laquelle on s’élève et on grandit, et vers laquelle on retourne en fin de compte. La tristesse et la dépression qui caractérisent ce jour nous rappellent la guerre et ses douloureuses conséquences, les jours de difficultés ou de déclin spirituel. Dans ces moments, il y a une reconnaissance honnête et profonde de l’ordre du monde. On fait la distinction entre l’essentiel et le secondaire, et on peut se permettre de perdre un peu le contrôle, de lâcher les reines et de laisser D.ieu nous montrer le chemin. De l’abîme, on grandit, on se développe et on progresse. Et quand la difficulté s’estompe et que tu as une nouvelle perception de la vie, arrive une sensation de libération, de joie, de légèreté, cette clairvoyance qui te dit que tout est pour le bien, un remerciement, une reconnaissance.

C’est l’indépendance authentique à laquelle j’aspire dans la vie, avec l’aide de D.ieu. Mais sans en passer par les profondeurs s’il-Te-plait, mon D.ieu ?

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