Le libre-arbitre

Parfois, un homme précipite tellement le cours des choses qu’il décide de voler une somme importante...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Le choix
 
A première vue, on peut se demander où est la providence divine, lorsque nous voyons un commerçant persuader des clients naïfs d’acheter chez lui. De même, où est encore la providence divine, lorsque nous voyons quelqu’un être abusé pour une somme colossale, dont le profit n’est dû qu’à la tromperie du commerçant ?
 
La réponse à cette question se trouve dans cet enseignement de nos Sages, de mémoire bénie : “On aide l’homme à se rendre là où il veut aller” – c’est-à-dire qu’il est nécessaire pour la providence divine de se dissimuler, pour que l’homme puisse exercer son libre-arbitre.
 
Par conséquent, lorsque l’homme décide de se conduire selon la foi et l’honnêteté, il trouve sa subsistance sans effort, persuasion, flatterie et à plus forte raison sans mensonge ni fraude. Cependant, lorsqu’il choisit d’agir avec ‘C’est ma puissance et ma force’ et qu’il fait dépendre sa réussite de lui-même, de ses compétences, etc., les Cieux le laissent errer, et il s’imagine de réussir à vendre sa marchandise grâce à ses flatteries ; alors qu’en vérité ce qui fut fixé lui parviendra de toute façon, au temps prévu et au lieu décidé par le Créateur du monde, comme il est écrit (Psaumes 145:15) : “Tous les yeux se tournent vers Toi avec espoir, et Tu leur donnes leur subsistance en temps voulu”.
 
Même lorsque le commerçant choisit de gagner son argent par la tromperie, on lui permet aussi de réussir, car “On aide l’homme à se rendre là où il veut aller” et ‘On se sert d’un coupable pour punir’. Comme c’est un pervers, on se sert de lui comme instrument pour punir quelqu’un dont les Cieux ont décidé qu’il devait être trompé. Ensuite, il sera puni à son tour pour sa malhonnêteté. En vérité, s’il avait choisi le chemin de la rectitude, sans s’engager dans ces voies nuisibles, il aurait gagné la somme intégrale, pas un centime de moins et honnêtement.
 
Celui qui précipite le cours des événements est rejeté par eux
 
Les conséquences de l’anticipation du cours des choses sont multiples. Par exemple : lorsqu’un commerçant persuade un client d’acheter un article, il est probable que celui-ci ne réussisse pas à l’utiliser, qu’il se détériore, etc. Ensuite, il réclame un dédommagement de la part du commerçant qui se retrouve perdant, à cause de son anticipation du bon moment. De plus, il cause des souffrances à autrui, compromet sa réputation, etc. Ces divers préjudices proviennent d’une foi déficiente.
 
Il est probable que cet article soit réellement destiné à cet acheteur, sauf qu’il devait lui parvenir plus tard. Le commerçant, qui a forcé la vente, reçoit l’argent trop tôt, l’utilise et le gaspille alors qu’il aurait dû lui parvenir plus tard, lorsqu’il en aurait eu réellement besoin.
 
On peut continuer infiniment cette analyse. Parfois, un homme précipite tellement le cours des choses qu’il décide de voler une somme importante, qui correspond à celle qui fut fixée pour lui et sa progéniture pour leur vie entière. Mais il la gaspille maintenant, sans rien garder pour lui ni pour ses enfants pour subsister dans ce monde. Ainsi, il se condamne à mort, lui et ses enfants, qu’HaChem ait pitié d’eux. Cela peut entraîner d’autres multiples ramifications, qu’il est impossible de connaître entièrement. Ce qui est clair, c’est que toute anticipation du cours des choses, depuis la simple persuasion jusqu’à la fraude et le vol, n’entraînent que des ennuis et des embrouillements, comme nos Sages de mémoire bénie l’enseignent en toute simplicité : ‘Celui qui précipite le cours des événements, est rejeté par eux’.
 
Voici une règle d’or que chacun doit se souvenir et dont tout dépend :
 
Ce qui est fixé te parviendra d’une manière ou d’une autre. Soit tu crois, et tu as confiance en HaChem qui détient tout et tu Le laisses décider de la provenance et de la date de ta subsistance, alors tu seras calme, tranquille, et joyeux ; tu ne tromperas pas, ni ne voleras. Soit tu ne crois pas et tu cours, tu t’efforces, tu peines, tu anticipes le temps, ta vie est un enfer et il est presque certain que tu trébucheras sur de nombreux obstacles, comme la fraude, le vol, etc.
 
Les paris
 
Les paris sont une grande plaie et ceux qui y sont attirés, sont intoxiqués comme pour de fortes drogues. Généralement, ils mènent au plus bas de l’échelle et l’homme croyant ne doit avoir aucun rapport avec eux.
 
Les paris proviennent de l’amour de l’argent, qui fait perdre la raison de l’homme et son respect de la volonté divine. L’amour de l’argent détruit toute vérité et foi en la providence divine.
 
Les paris semblent être une voie facile pour gagner de grandes sommes, mais en vérité ils conduisent l’homme et ses proches à subir une vie misérable et amère.
 
Les paris font tourner la tête de l’homme, car le mauvais penchant fait toujours de sorte que certains gagnent subitement de grandes sommes et celui qui le voit est mortellement jaloux et s’imagine qu’il sera le prochain gagnant. La convoitise lui donne le vertige et il est prêt à gaspiller en quelques heures d’énormes sommes, qui auraient pu être utilisées positivement.
 
Le joueur cause de grandes peines à ses proches, surtout à sa femme et ses enfants qui voient désespérément toute cette richesse perdue, au lieu qu’elle leur profite, car ils en ont besoin.
 
Selon la loi juive (halakha), l’argent gagné dans des paris est de l’argent dérobé. Aucune bénédiction ne s’attache à lui, et chacun peut voir qu’on ne profite pas d’un tel argent mais au contraire qu’on en souffre, car c’est de l’argent mal gagné.
 
Le joueur perd toujours
 
Il faut savoir qu’à Roch HaChana, on fixe pour chacun combien il gagnera durant l’année à venir et combien il perdra. Par exemple, il est fixé qu’on gagnera cette année trente mille Euros, mais qu’on perdra six mille Euros.
 
On ne peut gagner davantage que ce qui a été fixé dans les Cieux, malgré toutes les initiatives et malgré tous les calculs, pronostics et paris.
 
Mais attention ! Pour ce qui est des pertes, il est possible de perdre plus que ce qui fut fixé. On peut perdre toute sa fortune, ses biens et de plus, être endetté d’une somme colossale.
 
De deux choses l’une, soit on parie en risquant de perdre toute sa fortune, soit on gagne, mais on ne gagnera pas plus que ce qui fut fixé et on ne profitera pas de cet argent qui n’est pas béni. Il s’ensuit que de toute façon, on est seulement perdant. Qu’elle est donc l’utilité de ces paris, puisqu’on ne peut changer ce qui est fixé En-Haut. N’est-il donc pas préférable d’attendre et de recevoir dans la droiture et les honneurs la part qui nous est assignée ?
 
Le joueur est cruel envers les gens de sa maison
 
Il faut encore savoir que l’homme n’est pas le propriétaire de son argent, mais que celui-ci est déposé en gage entre ses mains par le Créateur, à condition qu’il l’utilise selon Sa volonté. La majorité de l’argent que l’homme, marié et père de famille, reçoit d’HaChem est destiné à leur subsistance. S’il était célibataire et sans enfant, il n’en recevrait pas autant. Or, de quel droit utilise-t-il l’argent de leur subsistance, donné par le Créateur, pour ces paris ? Lorsqu’il parie, le joueur vole les ressources des gens de sa famille, qui furent placées en gage entre ses mains, à condition qu’il les utilise avec sagesse pour leur bénéfice, et non pour qu’il les détruise par vanité et pour des chimères.
 
Personne n’est plus cruel envers sa femme et ses enfants que ce parieur ; car qu’il perde ou qu’il réussisse, de toutes manières il leur cause un préjudice. Lorsqu’il perd, il perd l’argent de sa famille et il devra rendre compte de la peine et des souffrances qu’il cause et entre temps une rigueur céleste le juge et le condamne à de graves tourments, que D-ieu ait pitié de lui. Même lorsqu’il réussit dans ses paris, il n’en profite pas non plus, puisqu’il reçoit finalement ce qui fut fixé. Mais comme il reçoit cet argent d’une façon impure, il est maudit et cause à la famille, douleurs et souffrances. Ceux-ci ne trouvent donc leur subsistance que par des moyens honteux et avilissants, ceux du jeu et des paris.
 
Le parieur jouit aux dépens d’autrui
 
Les paris sont un terrible vice parce que, dans la majorité des cas, le gain de l’un est obtenu aux dépens de l’autre. Comment un homme croyant peut-il accepter de jouir de l’argent gagné grâce à la douleur de son prochain ? En vérité, non seulement son prochain en souffre mais le joueur perd aussi l’argent de sa famille, comme nous l’avons déjà expliqué, et parfois il perd aussi de l’argent emprunté ou volé. Comment un homme croyant peut-il jouir de l’argent taché du sang d’autrui ?
 
A plus forte raison, les propriétaires de maisons de jeux de toutes catégories, sont réellement des vampires, car leurs grands profits proviennent de la peine des joueurs qu’ils entraînèrent à parier chez eux et surtout des souffrances de leurs familles. De plus, ils leur accordent des prêts pour ‘les aider’, si on ose s’exprimer ainsi, à poursuivre leurs enjeux, après qu’ils se ruinent de tout leur argent. Ainsi ils sucent leur sang et celui de leur famille, qu’HaChem ait pitié d’eux.
 
La conclusion est évidente : l’homme croyant ne doit avoir aucun lien avec les paris.
 
Si un homme éprouve une grande passion pour le jeu, il doit demander au Créateur du monde qu’Il le guérisse de son amour de l’argent, car la passion pour les paris provient d’un amour maladif de l’argent. En effet, il en convoite beaucoup, même lorsqu’il trouve facilement sa subsistance. Il doit beaucoup prier pour acquérir la foi, car son amour de l’argent et des paris provient d’une hérésie : il ne croit pas que sa subsistance est fixée des Cieux et en outre, il croit faussement qu’il est possible de gagner des sommes considérables sans le concours de la providence divine, que D. nous en préserve. Si on croit qu’il joue en pensant que le Créateur lui donnera de l’argent par l’intermédiaire des paris, on doit savoir que le Créateur possède de nombreuses voies pour donner, et Il n’a pas besoin de ‘son aide’, à plus forte raison par ces moyens corrompus.
 
Les billets de loterie
 
Selon l’application stricte de la loi, et bien que cela ne corresponde pas à l’esprit de la Tora, la loterie est la seule forme de pari permis, car son gain n’est pas réalisé aux dépens d’autrui.
 
Si l’homme veut s’efforcer dans cette direction, il doit se limiter à n’acheter qu’un seul billet de loterie. Si HaChem qui fixe le gagnant du prix, veut le nourrir de cette façon, Il fera en sorte que son billet soit le gagnant, et il n’est pas nécessaire d’acquérir plus d’un seul billet.
 
En conséquence, lorsque l’homme achète plus qu’un billet, il montre qu’il ne croit pas qu’HaChem décide qui sera le gagnant, mais qu’il compte sur les pronostics, la chance, etc. Il utilise dans des dépenses stupides et contre la volonté d’HaChem, l’argent placé en gage entre ses mains, et il devra en rendre compte.
 
C’est son épreuve de la foi : s’il croit qu’HaChem fixe sa subsistance, il n’achètera qu’un seul billet. Tant mieux pour lui s’il gagne mais s’il perd, il a la foi que la volonté divine s’exprime ainsi et que c’est pour son bien. Il n’est pas du tout peiné et il a une bonne mention à l’épreuve de sa foi.
 
En revanche, s’il ne croit pas en la providence divine individuelle, que D. nous en préserve, il pense que plus il achète de billets et plus il augmente ses chances de gagner, ou il espère que cette fois-ci la chance lui sourira, etc. Il gaspille son argent, nourrit des faux espoirs, des déceptions, de l’incroyance, et sa mention de la foi est des plus basses.
 
Une épreuve difficile
 
L’homme qui gagne subitement une grande somme d’argent – soit par la loterie soit d’une autre façon, comme un héritage ou l’affaire de sa vie – fait face à l’épreuve de la foi des plus difficiles. Car l’expérience prouve que la majorité de ceux qui gagnent subitement une grande somme d’argent, perdent du même coup leur vie.
 
En voici la raison : la majorité des gens ne possèdent pas la force spirituelle nécessaire pour rester impassible malgré la richesse exceptionnelle qui leur tombe entre les mains. Ils s’enflent donc d’orgueil ; soudain le mari répudie déjà sa femme, ou la femme ne veut plus de son mari. Leur pensée s’embrouille devant les nouvelles et nombreuses possibilités qui s’offrent désormais à eux. Ils s’empêtrent avec des investisseurs rusés, tombent dans les filets des escrocs, des avocats, des nouveaux membres de la famille, etc.
 
Seul l’homme qui possède une foi parfaite est apte à recevoir une telle richesse. Il sait que l’argent ne lui appartient pas et il ne s’enorgueillit donc pas. Il sait que le Créateur a déposé cet argent en gage chez lui, à condition qu’il l’utilise à bon escient et en accord avec la volonté divine. Il sait qu’HaChem appauvrit et enrichit et que comme Il l’a enrichit en un clin d’œil, Il peut aussi reprendre cette richesse si elle n’est pas gérée convenablement. Il gère donc ses biens avec justice et n’a pas peur de savoir comment et où investir l’argent qu’il reçoit, mais il fait confiance à HaChem Il distribue les dîmes (il convient que celui qui désire accomplir au mieux le commandement en réalisant le verset ‘Avec tous tes moyens’, donne le cinquième, c’est-à-dire vingt pour cent de ses revenus), et investit son argent en prenant conseil auprès du Créateur dans ses prières, en Lui demandant qu’Il le guide dans chacune de ses opérations.
 
Ainsi, il n’investit qu’une partie de la somme dans des entreprises de Tora et de bienfaisance, sans se hâter de s’enrichir (voir le chapitre, Les affaires). Une telle personne mérite une excellente mention dans son épreuve de la foi, car il n’est pas troublé par le gain subit, ni matériellement, ni spirituellement.
 
En revanche, celui qui n’a pas la foi pense que l’argent lui appartient et qu’il peut l’utiliser comme il l’entend, sans plan, ni calcul. Il commence par s’embrouiller sans savoir comment ni où investir l’argent sans le perdre. Il s’enfle d’orgueil et sa femme ne lui convient plus tant il est devenu riche. Il perd ses amis et commence à inquiéter son entourage en le soupçonnant de vouloir l’abuser et de profiter de ses biens. Il est rempli d’angoisse, de soupçons, d’inquiétudes, et d’autres sortes de douleurs et de confusions, etc. Bien souvent, il perd la totalité de sa richesse et s’embourbe même dans de grandes dettes qu’il n’aurait jamais contractées s’il n’avait pas gagné à la loterie. Cet homme échoue à l’épreuve de la foi et sa vie est détruite à cause du gain colossal qui, pensait-il, allait résoudre tous ses problèmes.
 
À suivre…

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