Roch Hachana : les dés sont jetés

L’argent est une épidémie de notre époque. Il s’agit là d’une fausse sécurité à laquelle succombe tout homme assoiffé d’affaires et de brassage d’argent.

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 12.09.22

Du commerce
La vie d’un homme d’affaires privé de foi n’est pas une vie. Un homme d’affaires se présenta devant le rav, l’auteur de ce livre. Le rav remarqua sa mélancolie causée par ses problèmes commerciaux. Le rav lui dit : Les souffrances que tu endures dans tes affaires viennent de ce que tu penses être le maître de tes affaires et tu es donc oppressé et inquiet, comme si tu supportais seul la responsabilité des affaires. C’est parce que tu fais confiance à ta raison, à tes sens et tes connaissances commerciales, que tu es déçu de ton échec et profondément blessé de voir des gens à qui tu faisais confiance, te tromper et te trahir.
Si tu savais que le Créateur est le maître de tes affaires et que tu n’es qu’un de Ses employés, tu organiserais ton travail d’une façon positive, comme tout employé fidèle et tu ne souffrirais d’aucune tension. Avant d’entreprendre une affaire, tu te tournerais vers HaChem béni soit-Il et tu lui dirais : Maître du monde, j’ai l’intention de gérer Tes affaires de la meilleure façon possible, mais “L’homme voit l’extérieur tandis qu’HaChem voit les cœurs” (Chemouel I 16:7) et je ne peux savoir si la personne à qui j’ai affaire est honnête ou si la transaction est bonne. Je ne me fie qu’à Toi. Par conséquent, si Tu veux que je conclue cette affaire, réalise-la et si Tu t’y refuses pour une quelconque raison, Fais de sorte qu’elle ne se concrétise pas.
Le rav poursuivit : Tu te conduiras de cette manière avant chaque entreprise : avant d’engager ou de licencier un ouvrier tu dois demander l’avis du “Patron”, le Saint béni soit-Il. Si tu veux développer ou minimiser tes affaires, prie HaChem, et tu réussiras très certainement, car ‘celui qui fait confiance en HaChem, est entouré de bonté.’
Celui qui prie pour acquérir la foi, peut gérer ses affaires sans croire que ‘C’est ma puissance et ma force’ mais facilement et sans aucune tension mentale. Car en chaque chose il demande l’avis de son conseiller financier, le Saint béni soit-Il, qui sait tout, qui est juste et crédible. Il n’est possible de s’appuyer que sur Lui. L’homme peut alors gérer toutes ses affaires en toute confiance et sans panique.
Bref, il n’existe dans ce domaine que deux possibilités : soit l’homme reconnaît HaChem comme maître de ses affaires, sa vie devient facile et il peut gérer de grandes affaires avec une grande facilité sans aucune crainte. Soit il pense que c’est lui le patron et alors il doit faire face à la tension, à la nervosité, à l’échec, à la déception et à la dépression.
 
Brasser beaucoup d’argent
L’argent est une épidémie de notre époque. Il s’agit là d’une fausse sécurité à laquelle succombe tout homme assoiffé d’affaires et de brassage d’argent. Un tel homme ne calcule pas juste ; il ne voit pas que ses dépenses sont supérieures à ses gains. Il est aveuglé par l’argent comptant qui lui tombe entre les mains et à la fin, il est écrasé par d’immenses dettes.
Cela est bien évidemment le résultat d’une foi déficiente, l’homme ne gérant pas les choses correctement et ne laissant pas les choses évoluer selon la volonté divine, c’est-à-dire selon ce qu’HaChem lui donne, soit plus soit moins. L’homme croyant sait que lorsqu’HaChem veut qu’il investisse une grande somme, Il lui prépare la somme entière. Manque-t-il de l’argent au Saint béni soit-Il ? A-t-il besoin de recourir aux prêteurs du marché noir ? Si le Saint béni soit-Il donne une petite somme, cela signifie qu’Il désire que ses affaires soient gérées à une plus petite échelle, et ce sont ces petites affaires qui recevront la bénédiction du Ciel. Il pourra ensuite continuer sur sa lancée et conclure d’autres affaires. En revanche, l’homme qui ne possède pas la foi pense que seules les grandes affaires rapportent. Il prend beaucoup de risques et investit avec l’argent qui ne lui appartient pas, sans être sûr de réussir. Même s’il réussit, il ignore s’il pourra rembourser les dettes contractées dans ses transactions.
L’erreur la plus grande et plus répandue dans les affaires est que l’homme veuille brasser beaucoup d’argent, et qu’il s’imagine ainsi gagner plus. Pourtant, si l’homme d’affaires fait un compte précis de son bilan annuel, pour établir la balance de ses investissements et de ses recettes, il verra en fin de comptes que son profit est mince, car on ne peut dépasser la limite des gains fixés par les Cieux ; et les milliards qu’il brasse n’y changeront rien. Jamais il ne pourra profiter d’un centime de plus de ce qui fut fixé pour lui à Roch HaChana. Par conséquent, après le calcul de ses dépenses et de ses entrées, il devra en général admettre qu’il ne gagne pas beaucoup plus qu’un salaire ordinaire.
C’est seulement avec l’augmentation de la prière, des dons de grosses sommes à la charité et la distribution correcte de ses dîmes qu’on peut parvenir à augmenter ce qui est fixé dès Roch HaChana.
Si le problème était seulement qu’il ne réussissait pas comme il se l’était imaginé, ce serait une demi-consolation, mais lorsque cet homme investit beaucoup d’argent qui ne lui appartient pas, qu’il a recours à des prêts, qu’il engage aussi un personnel supplémentaire, investit dans la publicité, etc. il gaspille réellement son budget annuel et peut même le dépasser ; pire encore, essuyer une perte considérable.
En fait, les gains de chacun sont fixés chaque année selon le décret divin ; quand aux déficits l’homme peut choisir de perdre sans aucune limite. Il s’avère que le gain est limité, tandis que la perte est illimitée. S’il choisissait de réduire son volume d’affaires selon ses véritables possibilités, il ne perdrait pas ces sommes pour la main d’œuvre supplémentaire, la publicité, l’intérêt des prêts, etc. Son gain serait plus élevé puisqu’il bénéficierait de la totalité du budget fixé pour lui. Mais c’est parce qu’il brasse de trop grandes affaires, qu’il s’engage à des dépenses qui lui font perdre inutilement ce qui fut fixé pour lui à Roch HaChana, ou pire encore. Certains hommes d’affaires contractent des dettes s’élevant à des millions ! Puisse HaChem avoir pitié d’eux.
 
Ton comptable
L’homme croyant accomplit ce verset (Proverbes 28:20) : “L’homme croyant est comblé de bénédictions, celui qui a hâte de s’enrichir n’échappe pas au malheur”. Il croit à la bénédiction divine et est content de son sort. Il n’est pas obstiné à s’enrichir et lorsqu’il veut investir son argent, bien qu’il prenne conseil auprès des spécialistes – chez un directeur de banque ou un économiste – il se souvient toujours que c’est le Saint béni soit-Il, qui décide exclusivement de la provenance de sa subsistance. Avant de conclure une affaire, il prie de cette façon ; Maître du monde, je Te remercie pour la subsistance que Tu m’as octroyée jusqu’à ce jour. Conseille-moi, je Te prie, comment placer mon argent afin qu’il fructifie et que je puisse réaliser les commandements de la charité et de la bienfaisance. Lorsqu’il pense investir d’une certaine façon, il prie ainsi HaChem béni soit-Il : Maître du monde, je suis prêt à investir dans ce domaine. Puis-je avoir entièrement confiance en Toi afin que je puisse recevoir avec amour tout ce que Tu me donnes, que ce soit un gain ou une perte.
Il est dit à propos d’un tel homme (Jérémie 17:7) : “Béni soit l’homme qui se confie en HaChem, et de qui HaChem est la confiance”, et aussi (Psaumes 32:10) : “Quiconque a confiance en HaChem, est environné par Sa bonté”. En revanche, celui dont la foi est faible fait aveuglément confiance au spécialiste, à l’économiste et il gère ses affaires avec une grande imprudence, comme si c’était le spécialiste qui octroyait sa subsistance. Il est dit à son propos (Jérémie 17:5) : “Maudit soit l’homme qui met sa confiance en l’homme”, à sa sagesse ou à sa bonne étoile. Il court vers la déception car celui qui se confie à qui que ce soit, en dehors d’HaChem béni soit-Il, tombera entre ses mains.
Rabbi Menahem Mendel de Kotzk commente le passage suivant tiré de la Mekhilta (BéChala’h 17) : “La Tora ne fut donnée qu’aux mangeurs de manne”. La Tora fut donnée à ceux qui se contentent de ce qu’ils ont aujourd’hui et sont heureux de leur portion, sans se soucier du lendemain. Comme pendant les quarante ans qu’Israël était au désert, où chaque jour la manne descendait du ciel suffisamment pour la journée. Le même phénomène se poursuit dans toutes les générations : seul celui qui possède la foi et la confiance en HaChem a le mérite d’acquérir la Tora, car sans cette vertu il est condamné à courir toute sa vie après sa subsistance, sans trouver de temps libre pour étudier la Tora.
 
Un bon commerçant
Il est un principe de la foi qui est la base de toutes les relations commerciales, des affaires et de la subsistance : c’est de croire que la subsistance de l’homme est fixée depuis Roch HaChana.
L’application pratique d’un tel principe est la confiance en HaChem : l’homme sait que le rôle du Créateur est de nourrir Ses créatures et Il est bien entendu fidèle à l’accomplissement de cette fonction et tout ce qui est fixé pour l’homme lui parvient assurément, indépendamment de ses initiatives ou de sa sagesse et même de son mérite, comme nous le disons dans les Actions de grâce après le repas (Birkat HaMazon, version ancienne) : “Nourris-nous, mais pas à cause de nos actions ou de nos mérites, car Ton bienfait nous est préférable”. Personne ne peut empêcher ou soustraire ce qui est fixé pour un homme dans les Cieux, comme nos Sages de mémoire bénie l’enseignent (Yoma 38) : Personne ne peut toucher à ce qui est destiné à son prochain.
Lorsque l’homme comprend ce principe et y croit d’une foi parfaite et simple, seulement alors il peut traiter avec assurance de toute affaire financière et passer toutes les épreuves de foi avec succès, avec calme et joie, sans s’abandonner à la colère, aux pressions, au vol, à la fraude, etc.
Dans la pratique, un homme qui fait confiance à HaChem, ne pense jamais à l’argent et sait qu’HaChem pourvoit. De plus, il n’a aucune préoccupation. Sa seule relation avec argent se résume en deux mots : HaChem pourvoit.
 
Tu récolteras ce qui t’est destiné
Le commerce est une série d’épreuves de la foi. A chaque instant, le commerçant traverse une épreuve : lorsqu’il croit que sa subsistance est fixée dans les Cieux, alors il est calme, joyeux et entreprend toutes ses affaires paisiblement, dans l’intégrité et la droiture. En revanche, lorsqu’il pense que sa subsistance dépend de ses initiatives, il devient nerveux et tendu, il multiplie ses démarches, ses ruses et même ses artifices.
Tout tient à la simple foi que la subsistance de l’homme est fixée ponctuellement par les Cieux. Le choix de l’homme consiste à déterminer par quel canal il désire recevoir la bénédiction qui lui est destinée : est-ce un canal en or, celui de la droiture, de la joie et du calme, ou un conduit d’égout, celui des énervements, des intrigues et des fraudes ?
Il n’y a là que deux possibilités : soit tu crois que tu reçois d’une source ou d’une autre ce qui est fixé pour toi en son temps, soit aujourd’hui, soit demain. Le résultat est que tu es paisible, ta vie est belle et tu ne t’embrouilles pas dans les transgressions, fraudes, vols, etc. qu’HaChem pardonne. Soit tu ne crois pas et le résultat est que tu es tendu, nerveux, ta vie est un enfer, tu t’embrouilles dans de mauvaises affaires et plonges dans les dettes. Certains finissent en prison à la suite d’affaires irréfléchies et même si tu n’es pas encore arrivé à une telle situation, ta vie est pleine de confusions et de soucis, et tu transgresses sûrement les interdits de fraude et de vol.
N’oublie pas ! Tout est fixé pour l’homme avec une grande précision. Qu’il se conduise correctement ou non, il ne bénéficiera pas d’un centime de plus de ce qui lui a été fixé. Il en résulte que le commerçant se conduise honnêtement ou non, il reçoit ce qui lui revient d’après le décret céleste. Mais tandis que l’un a du mérite et en profite, l’autre qui agit frauduleusement n’en profite pas et cela lui sera nuisible.
À suivre…

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