Qui suis-je ?

Il faut bien comprendre cela ! Avant de devenir un Juste parfait qui ne commet la moindre des fautes et accomplit tous les préceptes dans leur intégrité, la route est longue...

7 Temps de lecture

le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Apprendre à se connaître soi-même
 
Que l’homme se connaisse lui-même, c’est-à-dire qu’il sache qu’il a un mauvais penchant, est la première règle et la condition indispensable à sa réparation dans ce monde.
 
De même qu’il est né avec des mains, des jambes, etc. et qu’il ne pose aucune question ni ne formule aucune critique sur sa constitution physique, ainsi l’homme doit savoir, sans le douter ou le réfuter, qu’il est né avec un mauvais penchant. Beaucoup sont démoralisés du fait qu’ils ont un mauvais penchant, mais c’est une grande stupidité ! Tu fus constitué ainsi, et c’est pour cela que tu fus créé : afin de maîtriser ton mauvais penchant.
 
Un homme qui ne se connaît pas et panique chaque fois qu’il voit en lui le mauvais penchant, ne pourra jamais se corriger. A quoi cela est-il comparable ? A un homme qui tient entre ses mains une carte routière, tout en ignorant l’endroit où il se trouve. Bien que cette carte soit la plus précise et la plus détaillée du monde, elle ne lui est d’aucune aide et il ne pourra d’aucune manière retrouver son chemin.
 
D’autant plus que la carte du repentir est difficile à lire et qu’elle comporte de nombreux obstacles et zones obscures. Ainsi, même un homme qui sait où il se trouve doit beaucoup travailler pour trouver sa route et se corriger. Mais s’il ignore où il se trouve, il est évident qu’il se perdra et se trompera de route…
 
Il faut bien comprendre ce point ! Avant de devenir un Juste parfait qui ne commet la moindre des fautes et accomplit tous les préceptes dans leur intégrité, la route est longue, aussi longue que la vie de l’homme. Même lorsqu’un homme est sérieux, assidu et fait le maximum pour atteindre la perfection humaine et se corriger, il est impossible qu’il ne trébuche pas de nombreuses fois, pour une faute ou une autre, comme la colère, la médisance, ou les désirs qui le poursuivent partout et ne lui laissent aucun répit. Sans parler des nombreuses épreuves qui l’attendent pour trouver sa subsistance, et celles où il est confronté avec sa famille.
 
En résumé, l’homme ne cesse de lutter dans ce monde-ci et comme dans toute guerre, soit il gagne, soit il est vaincu. Parfois il a le dessus, d’autres fois il est écrasé, comme deux hommes qui luttent ensemble : lorsque l’un voit que l’autre le maîtrise, il s’efforce alors de le dominer. Voici ce qui est rapporté dans Likouté Halakhot (Lois sur la fraude, 3) : “La règle est la suivante : lorsque l’homme peut s’approcher d’HaChem béni soit-Il et qu’il se repentit, il doit traverser des myriades d’ascensions et de chutes”.
 
De plus, au fur et à mesure que l’homme progresse dans la voie du repentir, son mauvais penchant se renforce et grandit, comme nos Sages de mémoire bénie nous l’enseignent : Plus l’homme est grand et plus son mauvais penchant le menace. Aussi beaucoup se trompent et pensent qu’après avoir gagné un certain niveau dans la spiritualité, le mauvais penchant les quittera définitivement ; mais au contraire ils s’aperçoivent qu’il ne fut jamais aussi puissant.
 
L’explication est donnée dans le Likouté Maaran (72) : une pensée de repentir associée à de bonnes actions suffit pour tuer et annuler le mauvais penchant. Ensuite, c’est un autre mauvais penchant qui attaque, encore plus redoutable que le premier. Si l’homme ne s’anime pas de courage contre lui, le nouveau mauvais penchant le domine. Et il doit être encore plus fort contre lui.
 
Par conséquent, s’il tombe dans la mélancolie à chaque fois que le mauvais penchant ou les obstacles prennent le dessus, l’homme passera tous ses jours dans la tristesse et perdra très certainement cette guerre. Mais s’il s’éveille, comprend et accepte la réalité, il pourra alors commencer à vraiment lutter : il gagnera la bataille et éprouvera aussi une grande joie dans le cœur du combat lui-même.
 
Reconnais ton mauvais penchant
 
Lorsque l’homme sait qu’il a un mauvais penchant, il doit être capable de le reconnaître et savoir par quels moyens il peut lutter contre lui. Il faut savoir que la nature du mauvais penchant consiste à introduire chez l’homme des idées d’incroyance. En vérité, le mauvais penchant ne peut dominer l’homme que s’il lui inspire l’incroyance, car dès qu’il perd sa foi, le mauvais penchant peut facilement le subjuguer. Autrement, tant que l’homme possède la foi, il dispose de tous les moyens pour combattre le mauvais penchant. Pratiquement parlant, un homme qui possède la foi n’a pas de mauvais penchant.
 
Certains nient le Créateur, que D. nous en préserve ; d’autres ne croient ni à la Tora ni aux commandements ; d’autres encore rejettent partiellement la Tora. Par exemple, ils croient ce qui est écrit dans la Tora, mais rejettent les paroles de nos Sages ; ou acceptent certains préceptes et rejettent ceux qui apparaissent trop difficiles à réaliser. D’autres encore, introduisent dans la Tora leurs désirs, leur paresse, leur lourdeur, leur rébellion, ou leur hostilité aux Justes, etc. Ce qui est fondamentalement une négation d’HaChem ; et ce sont autant de moyens que le mauvais penchant utilise pour faire tomber l’homme dans l’athéisme.
 
Certains ont déjà mérité de dominer tous ces mauvais penchants. Ils croient parfaitement en HaChem et en Sa Tora et leur seul dessein est d’accomplir la volonté divine. Dans ce cas, quel est leur mauvais penchant ? Quelle incroyance le mauvais penchant peut-il leur inspirer ?
 
Réponse : le mauvais penchant leur inspire soit l’incroyance de l’orgueil, soit celle de l’auto-culpabilité !
 
A présent, expliquons comment maîtriser un tel mauvais penchant.
 
Nous possédons une règle : l’homme possède le libre-arbitre et il peut choisir entre le bien et le mal, comme il est rapporté (Likouté Maaran Tinyana, 110) : “L’homme dispose littéralement du libre-arbitre : s’il le veut, il agit, sinon, il n’agit pas”.
 
Néanmoins, ce libre-arbitre s’exerce seulement avant l’action, lorsqu’il doit utiliser toutes les forces et les ressources qu’HaChem lui donne pour choisir correctement : il doit s’armer avant tout d’une puissante volonté de choisir le bien, avec la foi que rien n’empêche HaChem de lui donner la force de choisir correctement. Il doit aussi apprendre à renforcer ses capacités intellectuelles, en recherchant dans les livres des conseils et des appuis. Il doit aussi prendre conseil auprès des Justes, prier et supplier HaChem qu’Il l’aide à choisir correctement.
 
Mais après l’action, il ne reste que la foi ! Un instant après que l’homme a accompli une action, bonne ou mauvaise, il doit savoir qu’il n’a opéré ce choix que parce qu’HaChem l’a voulu. Car il n’existe rien hormis Lui et HaChem béni soit-Il exécuta, exécute et exécutera toutes les actions. Il s’ensuit que lorsque l’homme choisit le bien, il n’a aucune raison de s’enorgueillir car il sait que tout provient de la force d’HaChem et qu’HaChem a voulu qu’il réussisse. Le contraire est vrai aussi, et l’homme qui trébuche doit savoir que cela provient d’HaChem et qu’HaChem a voulu qu’il trébuche, car s’Il voulait qu’il réussisse, Il lui aurait donné la force de réussir.
 
Le mauvais penchant principal de l’homme consiste à embrouiller l’ordre des choses en lui faisant penser au libre choix après son action. Le résultat est le suivant : si l’homme réussit dans son choix, le mauvais penchant lui inspire un esprit d’orgueil selon le principe ‘C’est ma puissance et ma force’, faisant dépendre sa réussite de son bon choix. S’il échoue, le mauvais penchant lui inspire un esprit d’auto-culpabilité qui l’accuse d’avoir mal choisi et le plonge dans la mélancolie. C’est ainsi que le mauvais penchant inspire l’incroyance à l’homme, car le libre-arbitre n’agit pas sur le passé. Après l’action, il ne reste qu’à croire que c’est la volonté d’HaChem. Concrètement, cette foi est encore un choix, puisqu’elle exprime le choix de l’homme après l’action, de croire qu’ainsi HaChem l’a voulu.
 
En conclusion : avant l’action, le choix consiste simplement à choisir le bien et à accomplir la volonté divine. Après l’action, le choix consiste à croire qu’HaChem a voulu ce qu’on a choisi et que tout est pour le bien.
 
Le libre-arbitre et la connaissance divine
 
Afin de mieux comprendre ce sujet, il convient d’introduire le fameux problème du libre-arbitre et de la connaissance divine. En effet, on ne peut comprendre quel est le sens du choix donné à l’homme, si le Créateur connaît d’avance tous les événements à venir ?
 
Afin d’aiguiser cette question, il faut dire que la connaissance divine signifie que tout est soumis au contrôle absolu du Créateur, qui effectua, effectue et effectuera toutes les actions ; que personne ne lève un doigt sans le concours de la volonté d’HaChem ; que même la faute de l’homme provient d’HaChem et qu’HaChem sait d’avance que cet homme fautera.
 
La signification du libre-arbitre est connue : l’homme dispose simplement d’un choix : s’il le veut, il agit, sinon, il n’agit pas. Il ressort que tout est entre les mains de l’homme, qu’il peut choisir entre le bien et le mal et qu’il décide exclusivement de sa vie.
 
Comment ces deux propositions ne sont-elles pas contradictoires ? Soit tout est entre les mains de l’homme, soit tout est entre les mains d’HaChem ! Il faut savoir que la solution ne peut être saisie par la raison humaine, comme il est écrit :
 
“Sache que c’est l’essentiel de la force du choix : tant que l’intellect n’est pas assez puissant pour comprendre la question de la connaissance divine et du libre-arbitre, la force du choix subsiste, car l’homme peut choisir la vie ou son contraire. Mais, si l’intellect humain grandissait en sorte que le problème de la connaissance divine et du libre-arbitre soit révélé à l’homme, le libre-arbitre serait annulé ; car avec le développement de l’intellect, l’homme dépasserait la catégorie de l’humain pour atteindre celle des anges. Ici repose le principe même du libre arbitre : l’intellect doit ignorer le fonctionnement du libre-arbitre et de la connaissance divine” (Likouté Maaran, 21).
 
Par conséquent, l’homme en tant que tel, est incapable de saisir la réponse à cette question. Et s’il s’entête à chercher à résoudre ce problème, il parvient à une complète incroyance, à la confusion, à des doutes et peut même en perdre la raison, que D. nous garde, comme nos Sages de mémoire bénie nous enseignent : Il est dit sur celui qui tente de résoudre le problème de la connaissance divine et du libre-arbitre : celui qui y entre, ne revient pas et ne retrouve pas le chemin de la vie, que D. nous protège.
 
Sur la question de la connaissance divine et du libre-arbitre, il est rapporté (Likouté Halakhot) que ce sont deux concepts qu’il est interdit de mélanger l’un avec l’autre, bien que chacun soit véritable. Car l’homme possède certainement le libre-arbitre et il est certain que le Créateur contrôle tout et sait tout d’avance, mais chaque concept reste indépendant et il est interdit de les mélanger. Cela est comparable à l’interdit de mélanger le lait et la viande, où chacun séparément est évidemment permis et cacher. Le lait et la viande sont permis séparément, mais lorsqu’on les mélange, ils sont interdits et le mélange est disqualifié (tréfa).
 
Par conséquent, lorsqu’on parle du libre-arbitre, il faut se garder d’y associer la connaissance divine. Et réciproquement, lorsqu’on parle de connaissance divine, il faut se garder d’y associer le libre-arbitre. Dans la pratique, le libre-arbitre et la connaissance divine sont deux outils à utiliser chacun en son temps et il n’est pas nécessaire de les comprendre pour les utiliser.
 
Avant l’action, utilise le libre-arbitre car tu disposes absolument du libre-arbitre. Après l’action, utilise la connaissance, car tout est absolument entre les mains d’HaChem.
 
Avant l’action, lorsque l’homme doit choisir comment se comporter dans sa pensée, ses paroles et son action, il doit considérer le libre-arbitre dont il dispose et savoir avec certitude qu’il a le choix de toute chose ; d’agir ou de ne pas agir, ou comment agir, etc. A chaque épreuve, l’homme dispose du libre-arbitre pour faire le bien ou le mal, que D. nous en préserve. Et il est interdit de mélanger une pensée sur la connaissance divine à l’heure où il faut agir selon le libre-arbitre.
 
À suivre…

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire