Savoir se juger

L’homme doit consacrer chaque jour un temps pour prier sur l’anéantissement de sa colère et croire avec une parfaite foi que grâce à la prière il peut tout réparer !

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Nous voulons nous repentir
 
Un homme qui veut se rapprocher d’HaChem et se repentir, doit étudier soigneusement les sept règles de la ‘correction du jugement’, et prier pour mériter de les observer, car sans ces règles il peut s’éloigner d’HaChem béni soit-Il, à cause de son désir de ne pas se repentir.
 
Comme nous l’avons dit, lorsque l’homme commence à apprendre la vérité, et quelles doivent être ses qualités et ses actions, il s’observe et se rend compte de ses multiples insuffisances, il comprend quel est son mauvais désir et son plus grand défaut. Et s’il ne sait pas comment se juger d’après les règles que nous avons énoncées, il tombe aussitôt dans le désespoir. Il comprend alors d’après sa raison que le repentir signifie se culpabiliser, se mortifier, tomber dans la mélancolie et il lui vient à l’esprit qu’il ne pourra jamais changer.
 
Bien entendu, ce sont les pensées du mauvais penchant, mais grâce aux règles de la correction du jugement, il apprend que cette insuffisance ou ce défaut est dû à la providence divine particulière et exacte ; que sa mission dans cette réincarnation consiste à le réparer et que l’arrêt de sa progression spirituelle est pour son bien, jusqu’à ce qu’il construise des moyens – par le biais de la prière et du service d’HaChem – et qu’ensuite il aura évidemment le mérite de tout réparer.
 
Par exemple : un homme qui souffre de la colère et voit qu’il ne réussit pas à s’en débarrasser, bien qu’il le veuille, doit se plier aux sept règles énoncées.
 
a) Quelle est la volonté divine ? Chaque fois qu’il se juge sur sa colère, ou qu’il défaille dans ce défaut, il doit se demander : Quelle est la volonté divine à mon encontre maintenant ? Que je tombe dans la mélancolie et dans la mortification ? Que je tombe encore plus profondément dans les abîmes et conséquemment, je ne pourrais rien corriger ? Ou veut-Il que je me renforce dans la joie, dans la foi et dans l’espoir ? Alors, je pourrai continuer à accomplir de bonnes actions selon mes capacités et en plus, travailler sur le défaut de la colère. HaChem béni soit-Il veut évidemment que je me renforce dans la joie et je ferai tout mon possible pour agir selon Sa volonté.
 
Il est possible alors de passer à l’étape suivante :
 
b) Repentir et confession orale. L’homme doit se conduire selon les lois du repentir du Rambam, c’est-à-dire qu’il se confesse sur sa faute, et tente de détailler sa chute lorsqu’il se met en colère, qu’il la regrette, demande le pardon. Et lorsqu’il parviendra à l’étape de l’engagement sur le futur, il doit reconnaître la réalité qu’il ne peut s’engager à ne plus se mettre en colère, car il voit, à chaque fois que se présente à lui un cas où sa patience est mise à l’épreuve, qu’il succombe et oublie son engagement ; il se met en colère, encore et toujours. La règle suivante lui viendra donc en aide :
 
c) Croire qu’HaChem ne lui fait pas subir une épreuve qu’il ne peut surmonter ! C’est-à-dire qu’il doit croire qu’il possède les forces pour se débarrasser de ce défaut, par le biais de l’étude et de la prière. Et c’est la règle suivante :
 
d) L’étude. Il doit étudier chaque jour sur le défaut de la colère et son détriment, et à l’opposé sur l’utilité de sa domination, les conseils pour se maîtriser, etc. Il est nécessaire d’étudier dans ce livre ce que nous avons écrit sur la colère, et dans d’autres livres, comme le livre d’éthique (Sefer HaMidot), au chapitre ‘Colère’, comme dans Likouté Etsot (Recueil de conseils), etc. On récoltera ainsi une variété de paroles et de prières et on méritera de supprimer sa colère avec la sagesse ainsi acquise.
 
e) La prière peut agir sur tout ! L’homme doit consacrer chaque jour un temps pour prier sur l’anéantissement de sa colère, et croire avec une parfaite foi que grâce à la prière il peut tout réparer ! Lorsque l’homme multiplie ses prières sur un sujet particulier, il verra de ses propres yeux comment il acquiert la sagesse et que la plupart des cas où il a failli dans le passé ne sont plus des épreuves pour lui. Il est nécessaire de se souvenir que pour tous les travaux que l’homme doit accomplir, et en particulier le travail sur la colère, l’essentiel de son travail doit porter sur la prière pour acquérir la foi. Il doit demander à HaChem béni soit-Il, de lui donner une foi parfaite, car la colère ne provient que d’un manque de foi, comme nous l’expliquons longuement dans le chapitre intitulé ‘La foi dans les qualités’.
 
f) Demander un cadeau. Même s’il a multiplié considérablement ses prières, et qu’il entre encore souvent en colère, l’homme devra toujours se souvenir qu’HaChem ne lui doit rien et continuer à demander un cadeau, par pitié et miséricorde. Ainsi, il ne sera jamais impatient, ne se désespérera ni ne relâchera sa prière. Finalement, il méritera très certainement – comme beaucoup d’autres qui méritèrent de suivre le chemin de la droiture – à anéantir complètement en lui le défaut de la colère, grâce aux étapes énoncées plus haut.
 
g) Remercier et rendre hommage. Il faut rendre hommage chaque jour au Créateur du monde pour le fait qu’Il le fasse mériter de prier sur la colère, et Le remercier pour chaque épreuve de colère qu’il a eu le mérite de surmonter, même si sa victoire ne fut pas complète, mais après avoir réussi quand même à atténuer sa virulence. Pour conclure, il doit rendre hommage au Créateur du monde sur chaque sujet accompli. Il se renforcera ainsi pour poursuivre son travail avec l’aide du Créateur, car Il voit qu’il rend hommage comme il se doit.
 
Les premiers pas
 
Plusieurs amis partent en randonnée. Sur leur chemin, ils voient un homme se tenir au milieu du carrefour et après quelques jours, lorsqu’ils reviennent, ils le voient toujours à la même place. Ils l’interrogent : Pourquoi te tiens-tu  ici ? Il leur répond : Je veux arriver à Jérusalem. Ils lui demandent : “Depuis combien de jours te tiens-tu ici ?”. “Déjà une semaine”, leur répond-il. Ils lui disent : “Depuis si longtemps tu restes ici dans l’espoir d’atteindre Jérusalem ? Si tu commençais à y aller, même en rampant, tu pourrais y arriver”.
 
Le sens de cette parabole est le suivant : un homme qui veut se corriger et se repentir, désire changer mais il croit que cela arrivera tout seul et il est comparable à celui qui se tient au milieu de la route et attend d’arriver à Jérusalem, sans faire le moindre pas pour se diriger vers son but.
 
On connaît cet adage populaire : C’est le premier pas qui coûte ! Même lorsque la route est longue, il faut commencer à marcher afin de parvenir à son but.
 
Le premier pas dans la voie de la réparation et du repentir consiste à consacrer au moins une heure (soixante minutes) à l’examen de conscience et à la prière. Un homme qui veut changer doit consacrer une heure chaque jour, pour juger ses actions et désirs selon les règles de la ‘correction du jugement’ ; prier sur chaque détail de sa vie nécessitant une correction (tikoun) et en plus, rendre hommage pour ce qu’il a déjà mérité d’accomplir, puis prier pour pouvoir continuer à se renforcer.
 
Un homme qui veut se repentir et corriger ses actions, mais qui ne consacre pas de temps à son jugement et sa prière, est comparable à un homme qui veut arriver à un certain endroit sans faire les premiers pas. Car l’examen de conscience journalier et la prière sont les seuls moyens pratiques que l’homme possède pour corriger ses défauts, supprimer ses désirs et s’éloigner de tous les interdits de la Tora, c’est-à-dire se repentir.
 
Sache que l’homme ne peut se contenter des trois prières qu’il récite chaque jour dans son Livre de prières, car peu sont ceux qui ont le mérite de les dire en dirigeant leur cœur comme il convient. Mais même celui qui les récite avec une parfaite intention, toute sa requête est réduite finalement à quelques lignes. Et comment peut-il espérer changer et se repentir en ne prononçant que quelques lignes ? D’autant plus que les événements auxquels l’homme est confronté jour après jour, comme la recherche du conjoint, la paix domestique, les qualités morales, etc. sont absents de la prière telle qu’elle est fixée. A plus forte raison, les épreuves qu’il affronte et pour lesquelles la prière est encore nécessaire, et pour lesquelles l’homme ne trouve aucune expression dans le Livre de prières.
 
Par conséquent, on sait que les Justes de toutes les générations ont ajouté des prières, à celles des trois prières fixes qu’ils récitaient longuement, et qu’ils prononçaient mot à mot, tout en dirigeant leur cœur. Chacun déduira des Justes cette règle : si les Justes multiplièrent tant leurs prières, en ajoutant de nombreuses supplications et des requêtes afin de pouvoir se réparer, à plus forte raison quelqu’un comme moi, qui n’est pas tellement Juste, doit ajouter des prières pour mériter de se conduire selon la volonté divine. Je ne me contenterai donc pas de ces quelques lignes de prière, que je ne mérite même pas de dire avec la bonne intention.
 
Rabbi Israël Méïr zts’l de Radin, l’auteur du ‘Hafets ‘Haïm a écrit (Likouté Amarim 1:47) :
 
“Car si nous priions et ouvrions notre cœur devant le Saint béni soit-Il, nos prières et nos demandes seraient exaucées. Donc l’homme ne se contentera pas de réciter les dix-huit bénédictions trois fois par jour, mais il devra ouvrir son cœur en prières et requêtes plusieurs fois par jour dans l’isolement, ou chez lui et au plus profond de son cœur”.
 
Prier pour la prière
 
Un homme qui s’éveille et veut commencer à se juger et à prier sur tous les événements de sa vie, doit savoir qu’il est nécessaire de prier pour cela aussi, en demandant à HaChem d’avoir le mérite de s’isoler, prier et se juger comme il convient toute sa vie, car sa réparation dans ce monde en dépend.
 
Un bon conseil consiste à commencer chaque jour son heure de prière dans l’isolement (hitbodedouth) par cinq minutes de prière sur la prière dans l’isolement, c’est-à-dire de demander à HaChem béni soit-Il qu’Il lui donne le mérite de prier dans l’isolement comme il convient, et de le sauver de la prière dans un mauvais isolement. Qu’Il mette sur ses lèvres de bonnes paroles afin qu’il ait le mérite de s’exprimer devant le Saint béni soit-Il. Qu’il ait le mérite de Lui rendre hommage pour tout ce qu’il faut. Qu’il ait le mérite de se repentir de toutes ses fautes. Qu’il ait le mérite de multiplier ses requêtes sur ses insuffisances, car ses insuffisances ne proviennent que de l’insuffisance de sa prière.
 
En outre, il doit demander au Créateur : Puissè-je mériter de croire en ma prière, que je puisse opérer tous les saluts dont j’ai besoin, corriger tout ce qui est nécessaire et combler toutes mes insuffisances. Puissè-je mériter de m’occuper chaque jour de prière et juger chaque détail de ma vie, dans l’authentique correction du jugement. Puissè-je mériter de Te rendre un grand hommage chaque jour, croire que tout provient de la providence divine, que tout est pour le bien, et croire qu’HaChem ne me fait pas subir une épreuve que je ne peux pas surmonter, lorsque je prie pour son succès. Puissé-je mériter toujours que l’unique et seul conseil soit pour moi la prière, et que je ne Te demande toujours qu’un cadeau et que jamais je ne ressente qu’on me doit quelque chose.
 
Lorsque l’homme demande chaque jour pendant cinq minutes d’avoir le mérite de s’isoler et de se juger comme il convient, il acquiert la prière dans l’isolement, toutes les accusations portées contre lui sont annulées et sa vie devient douce, merveilleuse et belle.
 
La règle essentielle du service d’HaChem est la suivante : lorsqu’on veut entreprendre la réalisation d’un quelconque précepte ou d’une bonne conduite, il faut pour cela multiplier ses prières. Sinon, il est vraisemblable qu’on agisse selon le principe : ‘C’est ma puissance et ma force’, qu’on soit rempli d’orgueil et d’égocentrisme, ce qui éloignerait d’HaChem davantage que si on s’abstenait.
 
Par conséquent, les Cieux ne délivrent pas un ‘permis’ pour accomplir une quelconque action, avant de s’assurer que l’homme multiplie ses prières pour cela, de sorte que si on lui donnait le niveau qu’il demande, il n’en éprouverait aucune fierté. Car un homme qui reçoit quelque chose après de multiples prières, sait bien évidemment que c’est un don céleste, sans en éprouver le moindre orgueil ou le sentiment d’avoir obtenu ce qu’il voulait par son seul mérite. La vraie réussite consiste à continuer à vivre avec la foi que tout provient d’HaChem, qu’il n’y a rien d’autre hormis Lui, même lorsqu’on est parvenu au plus haut des niveaux.
 
Le secret de la bonne vie
 
Nous avons déjà cité cette parole de Rabbi Nathan, que son mérite nous protège : “Partout où je constate une insuffisance, je sais que soit on n’a pas du tout prié pour y remédier, soit qu’on a prié insuffisamment”.
 
Cette déclaration renferme le secret de la bonne vie. Lorsque l’homme a le mérite de prier jour après jour sur chaque détail de sa vie, physique et spirituelle, il a le mérite de combler tous ses manques. Mais à qui ressemblent ceux qui disent qu’ils ne prient pas parce qu’ils n’en trouvent pas le temps ? Au fils de riches qui va en haillons, affamé et blessé. Lorsqu’on lui demande avec étonnement : Pourquoi ne demandes-tu pas à ton père qu’il t’aide, qu’il te donne des habits décents et du pain à manger ? Quelle est la réponse de cet insensé? Je n’ai pas le temps.
 
De même, celui qui ne prie pas et qui souffre de nombreux manques, avec des problèmes de paix domestique, subsistance, défauts, désirs, mélancolie, paresse, etc. On l’interroge : Demande à ton Père céleste, qu’Il comble tes manques. Et il répond : Je n’ai pas le temps.
 
L’homme qui comprend le secret de la prière, prie pour tous ses besoins, matériels et spirituels. En vérité, l’essentiel de sa prière doit porter sur des demandes spirituelles et par voie de conséquence, ses autres besoins seront eux aussi comblés. Il devra donc prier sur chaque détail de son adoration: sur la prière du matin – puisse-t-il prier avec joie et en dirigeant son cœur. Sur les actions de grâce après le repas et les autres bénédictions – puisse-t-il les prononcer mot à mot, de vive voix et en dirigeant son cœur. Sur la préservation de son regard – il doit prier et juger s’il se défend vraiment des regards interdits et s’il observe le précepte “Tu ne convoiteras point”. Ainsi, il doit passer en revue toute la journée écoulée et prier sur chaque détail de son culte, de ses relations avec son prochain, et multiplier ses prières jusqu’à mériter de combler toutes ses insuffisances.
 
Grâce à son jugement et suivant les règles de la ‘correction du jugement’, il méritera, même après avoir fauté, de se rapprocher d’HaChem et de sortir blanchi chaque jour du jugement d’En-Haut. Il sera innocenté aussi après sa mort et méritera d’entrer au paradis sans voir l’enfer.
 
À suivre…

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