Briser les barrières

Il y a des prières qui sont suivies de réponse immédiate, d'autres qui ne seront satisfaites que beaucoup plus tard, d'autres encore qui sont enregistrées...

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le rabbin Israël Yits'haq Besançon

Posté sur 06.04.21

Dommage !
 
Rabbi Na’hman lui-même – qui passa ses premières années dans l’ascèse et le jeûne – déclara : ”Dommage ! Si j’avais su les bienfaits que l’on peut obtenir en parlant à D-ieu, je n’aurais pas abîmé mon corps par tant de jeûnes ! ”
Bien qu’il indiquât à ses disciples divers moyens de parvenir à leur accomplissement – chacun selon sa racine spirituelle – il ordonna à tous de faire de leur retraite méditative leur œuvre principale : qu’ils soient de grands érudits, tels que Rabbi Nathan, Rabbi Yehouda, Rav Aharon, le Maguid, ou bien de simples charretiers, artisans ou boutiquiers. Tous devaient consacrer chaque jour, un temps de recueillement qui leur permettrait, le reste de la journée, d’être de tout autre homme.
 
Cœur de chair
 
Breslev est une flamme qui se propose de réchauffer le monde. Sous l’aspect d’une école de pensée, cette flamme nous illumine. De par l’énergie qu’elle radie, cela présente une méthode qui permet à des créatures limitées de se rapprocher de l’Être Infini et de suivre ses indications.
 
Ainsi que son nom l’indique (par acronyme) le but de cette flamme est de transformer des cœurs de pierre en cœurs de chair – un beau programme ! Il ne s’agit donc ni d’un parti ni d’une secte auxquels il suffirait d’adhérer en souscrivant à une charte quelconque : quel que soit votre état actuel, dès que votre cœur se remettra à vibrer vers l’Infini, on pourra nommer cela ”une étincelle Breslev”.
 
Pour l’attiser: soufflez sur cette étincelle des effluves d’air pur et elle se transformera bientôt en flamme. C’est pourquoi Rabbi Na’hman a précisé que parler à D-ieu chaque jour en sa langue maternelle, cela s’adressait à chacun sur terre, quelle que soit sa tendance actuelle: dans la mesure où nous sommes tous possesseurs d’un cœur, telle est bien la meilleure méthode pour faire fondre cette rocaille glaciale qui nous rendrait indifférents, mornes et blasés, puis la transformer en foyer ardant, vibrant, humain.
 
Elle nous a sauvé la vie
 
Il peut arriver que nos prières semblent sans retour : nous n’avons pas été exaucés comme nous l’espérions.
 
Loin de nous offusquer et d’arrêter la prière pour autant, nous devons savoir et répéter souvent qu’aucune prière n’est vaine.
 
Il y a des prières qui sont suivies de réponse immédiate, d’autres qui ne seront satisfaites que beaucoup plus tard, d’autres encore qui sont enregistrées et vont s’accumuler à notre actif pour nous venir en aide au moment où nous en aurons le plus besoin et dans des domaines pas forcément liés à l’objet de notre demande.
 
Exemple : lorsqu’il nous arrive un miracle et que nous l’ignorons – à une seconde près nous avons frôlé un accident, sans même en être conscients –  ce miracle est souvent le fruit d’une prière ancienne. Il y avait quelques années, nous avions pleuré pour obtenir telle ou telle grâce, sans pour autant être exaucés et voici que cette prière a fini par porter ses fruits: elle nous a tout simplement sauvé la vie !
 
Nous chanterons
 
L’une des barrières qui séparent l’homme du contact avec son Créateur, c’est la tristesse, la dépression. Car dès que nous essayons de nous purifier, dès que nous commençons à peser les valeurs et à nous interroger – aussitôt la conscience de notre faiblesse nous apparaît et nous accable ; cette conscience risque de nous amener au découragement.
 
Il faut réagir, car la tristesse est négative et D-ieu la hait. En nous jugeant avec indulgence, en cherchant et en trouvant en nous des points positifs, nous reprendrons courage et chanterons.
 
Fuis le mal et fais le bien !
 
Plusieurs doctrines découlent de l’interprétation de ce verset des Psaumes. Certains préconisent de méditer sur son comportement et de le critiquer. Ceci, pour fuir le mal.
 
D’autres affirment que le meilleur moyen de fuir le mal est de faire le bien. Ils ajoutent que le bien que nous aurons produit, s’attaquera lui-même au mal pour l’éliminer, sans que nous n’ayons besoin d’intervenir !
 
Une troisième opinion enfin soutient que les deux sont liés : plus nous fuirons le mal, plus nous ferons le bien et vise versa.
 
Épancher notre âme en prière pour demander à D-ieu de nous aider à corriger nos défauts plutôt que de nous plonger dans des réflexions complexes en vue de les corriger nous-mêmes, c’est réunir toutes les options citées :
 
–          En implorant secours pour être libérés du mal, puisque nous réagissons de la sorte, nous fuyons le mal qui est la passivité et la résignation. Le simple fait de protester contre l’état des choses a une valeur en soi, ainsi que nous le verrons au prochain paragraphe.
–          Chaque mot prononcé, chaque soupir, de par leur haute valeur active, représentent le meilleur moyen de faire le bien. Et ils y conduisent le plus sûrement du monde.
 
Fixer un moment de recueillement pour s’adresser chaque jour à notre Père, ce sera fuir le mal – tout en faisant le bien.
 
Agression
 
Si une jeune fille est attaquée dans un champ désert et quelle est abusée, son agresseur est le seul coupable. Elle a certainement crié : ”Au Secours !”. Mais personne ne l’aura entendu pour la sauver. Si, par contre, elle est agressée en ville, elle serait considérée coupable: elle aurait dû crier, on serait accouru à son secours. Elle n’a pas appelé, la Tora la rend condamnable, au même titre que son agresseur.
 
Les passions, les instincts attaquent notre âme. C’est plus fort que nous, nous ne pouvons pas toujours nous défendre…
 
Si nous étions dans un désert, sans Tora, sans prière, nous serions peut-être excusables. Maintenant que les Justes nous ont appris à crier, à prier, à implorer, si nous ne le faisons pas, nous nous rendons complices de nos instincts.
 
Croire en soi
 
Il est indispensable de croire en soi. Quel que soit notre état actuel, bon, médiocre ou très mauvais, l’étincelle, l’âme divine qui séjourne en nous ne s’éteindra jamais. Puisque cette âme constitue la partie essentielle de notre être, croire en soi, c’est tout simplement faire confiance à cette puissance cachée qui se révèle, dès que nous nous mettons à parler avec D-ieu ou à étudier la Tora.
 
Cette confiance en soi n’amène pas à l’orgueil, mais au contraire à l’humilité, car, en fait, elle se base sur la constatation d’une valeur qui n’est nullement due à notre mérite.
 
Cette confiance en soi entraîne une autre conséquence heureuse: celle de croire dans la valeur et la portée de la prière. Puisque ma supplique exprime le désir ardent qu’éprouve ma partie sublime de se rapprocher de sa source, puis-je douter du plaisir que D-ieu prend à l’entendre exprimer tant d’amour et de fidélité ?
 
Si l’on n’est pas encore parvenu à cette certitude, si l’on a des doutes à ce sujet, si l’on pense encore : ”Que vaut donc ma prière ? ” Continuons à parler à notre Créateur, malgré nos doutes. Très bientôt, nous constaterons que notre prière porte ses fruits. Ce sera, pour nous, des preuves qui nous encourageront à croire en nous-mêmes et en la valeur des élans de notre cœur.
 
A suivre…
 
Extrait du livre “La porte du ciel – Hitbodédouth ” par Rabbi Israël Yits’haq Besançon. Reproduit avec l’aimable autorisation des Éditions du chant nouveau.

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