Une interview avec le rabbin Fleer

Le Zohar rapporte que lorsque Yitro a dit : “Parce que je sais que D-ieu est plus grand que toutes les autres idoles”, le nom de D-ieu a été glorifié sur terre et dans le Ciel.

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Alice Jonsson

Posté sur 06.04.21

 Il y a des moments dans ma vie que je trouve réellement magnifiques ! Je me sens tellement bénie, tellement aimé par Hachem que mon visage me fait mal de tellement sourire. J'ai l'impression de passer à travers les montagnes comme la Maria de “Sound of Music” – remplie de bonheur et de sim'ha (joie). Je m'explique : récemment Hachem m'a offert un cadeau exceptionnel, celui d'étudier avec un grand rabbin, le rabbin Zvi Chapiro qui se trouve être le second cousin (né à une minute d'intervalle dans le même hôpital à New York) d'un géant du monde Breslev, le rabbin Gédaliah Fleer.

Le rabbin Fleer a été assez généreux pour se laisser questionner sur Rabbi Na'hman, la Tora et sa propre vie.

Le rabbin Gédaliah Fleer est l'auteur de plusieurs livres (en anglais) : “Healing in the Kabbalistic Tradition” (“La guérison selon la tradition kabbalistique”), “Rabbi Nachman’s Fire” (“Le feu de Rabbi Na'hman”), Rabbi Nachman’s Foundation : the Tikkun Haklali (“Rabbi Na'hman et le Tiqoun Haklali ”), et son autobiographie “Against All Odds” (“Contre vents et marées”). 
 
Il est un des grands experts dans le monde de Rabbi Na'hman de Breslev, l'histoire du 'hassidisme breslev et a courageusement aidé à ouvrir la porte de la tombe de Rabbi Na'hman à Ouman en Ukraine durant l'oppression religieuse intense de l'Union Soviétique. Il est un kabbaliste profond et respecté, un conteur d'histoire, un conseiller et un conférencier qui vit à Jérusalem.
     
D'ordinaire, j'enregistre les interviews afin de m'assurer d'avoir chaque mot, comme un greffier de tribunal nerveux et pointilleux. Cette fois-ci, il n'y avait que moi, mon carnet de notes et mon stylo ; je vais donc paraphraser ce que le rabbin Fleer m'a raconté. Je m'excuse des erreurs qui auraient pu se glisser par-ci ou par-là. Paraphraser les propos d'un rabbin tellement cultivé n'est pas chose aisée. J'ai couché sur le papier les pensées spontanées et la perspicacité du Rabbin Fleer.
 
Ce compte rendu est comme la photocopie d'une image d'un Monet. Je ne peux que vous recommander grandement de vous rapprocher du produit original dès que la chance se présente.
  
Est-ce que les personnes qui ne sont pas juives aident à faire venir le Messie ?
 
Je vais vous répondre avec un “oui” retentissant ! L'exemple parfait auquel je pense est le cas de Yitro, le beau-père de Moché (Moïse). Il était le Grand Prêtre des idolâtres et ensuite il s'est converti. Le Zohar rapporte que lorsque Yitro a dit : “Parce que je sais que D-ieu est plus grand que toutes les autres idoles”, à cet instant le nom de D-ieu a été glorifié sur terre et dans le Ciel. C'est grandiose ! Les dix Commandements ont été donnés dans la paracha Yitro. Le Don de la Tora, c'est dans la paracha Yitro !
 
Vous devez vous rendre compte que c'est quelque chose d'impressionnant. Nous devons reconnaître la Royauté de D-ieu dans les lieux les plus bas. Plus une personne est loin de D-ieu et plus sa reconnaissance envers le Créateur est révélée.
 
Rabbi Na'hman a-t-il écrit quelque chose à propos des Bnei Noa'h et des convertis-es ? 
 
Rabbi Na'hman n'a pas dit grand chose sur les Bnei Noa'h, mais ce qu'il a fait – et qui est inhabituel dans la pensée 'hassidique – c'est qu'il était très en faveur des non juifs convertis au judaïsme. Il ne s'agissait nullement de prosélytisme. Contrairement à la tradition juive, Rabbi Na'hman n'était particulièrement opposé aux personnes qui désiraient se convertir. Dans le Liqouté Moharan, plusieurs passages sont consacrés à une description de l'époque qui doit précéder l'arrivée du Messie. Rabbi Na'hman a dit qu'à cette époque, il y aura de nombreux non juifs qui adopteront le judaïsme comme religion.
 
Il y a eu un village entier, pas très loin de la ville d'Ouman où les habitants – avec le prêtre du village – ont adopté le judaïsme. Tout le village s'est converti ! Pouvez-vous vous imaginer cela ? Les hommes âgés se firent circoncire et c'était à une époque où il n'y avait pas d'anesthésie locale ! Quel évènement exceptionnel.
 
[Pour en savoir plus sur cette histoire incroyable et pour connaître d'autres exemples de générosité que les 'hassidiques breslev ont montrés envers les Justes convertis, suivez ce lien. Les extraits sont tirés du livre du rabbin Lévi Bender Sia'h Sarfei Qodech, traduit en anglais par le rabbin David Sears.]
 
Rabbi Na'hman ne parle pas tellement des Bnei Noa'h. Pour expliquer cela, vous devez tenir compte de l'histoire. Les juifs n'ont jamais fait du prosélytisme. Certains commentaires du Talmud disent même que nous ne devrions pas encourager les gens à devenir des Bnei Noa'h. Pour quelle raison ? Parce qu'on ne devrait pas placer d'obstacle devant les non juifs. S'ils deviennent des B'nei Noa'h, que se passe-t-il ? Ils pourraient devenir des non-croyants avertis. Un païen honnête est préférable qu'un non-croyant averti.
 
Dans tous les cas, vous devez comprendre que les juifs n'ont jamais été dans une position où ils pouvaient encourager les non juifs à devenir des Bnei Noa'h. C'était assez difficile de vivre comme juif à cette époque.
 
Être Ben Noa'h signifie que vous êtes une personne qui possède une certaine morale, une éthique bien définie. Cela ne doit pas être une substitution au judaïsme. Toutes les nations ne peuvent pas être un peuple de prêtres. Dans la Tora, il est écrit : “Un royaume de prêtres et une nation sainte.” Tous les peuples ne peuvent pas être définis de la sorte. Lorsque les juifs se retrouvent dans le monde séculier que ce passe-t-il ? Ils rendent le monde meilleur. Mais cela fait l'effet de boomerang. Quand tout va mal, on les condamne.
 
Les B'nei Noa'h devraient éloigner les gens de l'hédonisme, de l'idolâtrie. Mais il faut rester simple. Je ne vois aucune raison de créer un rituel. C'est juste mon point de vue à ce sujet.
 
Est-ce que les personnes non juives peuvent élever leur âme ? Existe-t-il des choses dans la Tora que les non juifs ne devraient pas étudier ou est-ce plus un problème d'intention derrière l'étude ?
 
La conclusion c'est que n'importe qui – n'importe quelle personne, juive ou non juive – peut élever son âme. Dans le Zohar, nous apprenons qu'il existe dans le Gan Éden (le Paradis) une place réservée aux non juifs. Tout le monde peut toujours s'élever vers un niveau spirituel plus haut !
 
En ce qui concerne l'enseignement de la Tora, les juifs peuvent enseigner n'importe quel extrait qui est traduit dans une langue que les non juifs comprennent et lisent.
 
AJ: je remercie beaucoup le rabbin Fleer de m'avoir accordé cet entretien. Ce fut un honneur. Avec l'aide de D-ieu, je partagerais bientôt avec vous les pensées du rabbin Fleer sur les gens exceptionnels qui l'ont inspiré durant sa vie. Merci aux juifs simples, au rabbin Kassorla, au rabbin Chapiro et au rabbin David Sears pour leur aide pour la réalisation de cet article.

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