Que retient-on du voyage à Ouman ?

Rabbi Na’hman insiste beaucoup pour qu’on vienne le voir pour Roch Hachana. Mais que retiens-tu concrètement du voyage à Ouman ?

Tout d’abord, les Breslever vont à Ouman parce que Rabbi Nachman a dit clairement et simplement de le faire. Cependant, il y a certainement des choses que nous « retirons réellement du voyage à Ouman ».  il y a des avantages que nous pouvons constater, d’autres que nous ne pouvons pas encore voir – et d’autres que nous ne verrons peut-être jamais du tout.

Bénéfice n°1 : J’ai vécu beaucoup de choses positives en allant à Ouman (et forcément des choses négatives, comme faire la queue aux différentes frontières après un vol plus ou moins difficile .Bien sûr, il y a le drame de l’excursion elle-même, qui peut ressembler à un de ces voyages mythiques et archétypaux dans lesquels le héros doit surmonter toutes sortes d’obstacles, extérieurs et intérieurs, pour obtenir la Toison d’or. Et il y a l’expérience de se tenir à côté du tziyun (tombeau) de Rabbi Nachman et de faire  hitbodedut (prière personnelle) : de jeter un long regard sur sa vie et parler de ce qu’on a vécu, de ce qu’on a fait et où on en est et où on aimerait être. De plus, dire le Tikoun HaKlali et se souvenir de la promesse du Rabbi qu’il va réparer nos erreurs et de nous conduire vers le but ultime, même s’il doit nous sortir de l’enfer par notre peyot ! Ensuite, il y a les prières intenses et doux-amer de Roch Hachana : se Cha’harit quelques heures plus tard avec les tonitruants applaudissements  de« HaMelekh ! (Le roi !) » ) ; et le Tashlich/rejet symbolique des péchés à côté du réservoir d’Ouman

Pour beaucoup d’entre nous qui vivent à Chutz la’aretz (en dehors d’Eretz Israël), c’est un plaisir particulier de voir des enseignants et des mashpiyim d’Eretz Israël, ainsi que des ‘haverim du monde entier, que nous ne voyons pas le reste de l’année. Il y a des aspects sociaux du voyage… et des aspects intellectuels comme les shiurim… des danses inspirées… toutes sortes d’émotions qui ne peuvent être décrites avec des mots… et le plus grand mystère de tous : le sentiment de connexion de chaque visiteur avec l’esprit du Rabbi, surtout ici à Ouman, « terre sainte » qu’il a décrit comme lui étant destinée depuis les Six Jours de la Création…

Avantage n°2 : Mon ami a dit un jour à quelqu’un : « Vous ne saurez même pas ce qui vous est arrivé à Ouman avant six mois ! »

Les tikkunim du Rabbi semblent fonctionner comme ces capsules « à libération prolongée » dont ils faisaient la publicité quand j’étais enfant. En fait, il m’a fallu plusieurs années pour réaliser à quel point les dépenses de Roch Hachana à Ouman étaient devenues centrales pour l’ensemble de mon service HaChem pendant toute l’année, et pour ma compréhension des enseignements de Rabbi Nachman en général.

Souvent, nous ne reconnaissons pas les changements dans notre vie spirituelle, même lorsqu’ils se produisent. Mais un matin, nous nous réveillons et réalisons : « Quelque chose a changé ! Je ne ressens plus la même chose qu’avant ! » Nous avons peut-être eu un ensemble d’attitudes erronées et, à la suite de certaines expériences, ces points de vue et ces attitudes cèdent la place à des points de vue plus véridiques et positifs. Nous avons peut-être été aux prises avec certains traits négatifs ou obstacles intérieurs et avons soudainement remarqué qu’ils ne sont plus aussi redoutables qu’ils le paraissaient autrefois.

Voyager chez n’importe quel tsadik pour Roch Hachana reflète une certaine croyance en sa capacité à intercéder devant le trône divin au nom de ses disciples, et cela est sûrement vrai lorsqu’il s’agit de voyager avec Rabbi Nachman. Mais il y a bien plus à célébrer Roch Hachana à Ouman que cela. Le Rabbi veut aussi ouvrir nos yeux pour que nous puissions expérimenter un peu de ce qu’il expérimente : l’unité divine vers laquelle tout « monte », et qui en même temps illumine et imprègne toute création et toute existence. Cela peut arriver à certains moments . (N’oubliez pas le facteur capsule « à libération prolongée » !)

En conclusion, j’aimerais souligner l’importance d’avoir un  bon état d’esprit : savoir pourquoi nous allons à Ouman pour Roch Hachana. Chacun de nous doit y réfléchir et y consacrer du temps. De plus, nous devons faire nos devoirs afin de comprendre en quoi consiste Roch Hachana du Rabbi. Nous devons lire au moins certains des enseignements du Likutei Moharan et du Likutei Halakhot et les contempler aussi profondément que possible. Faute d’une telle préparation, on sera comme l’homme sourd dans la célèbre allégorie du Baal Shem Tov, se demandant ce que les musiciens sont si occupés à faire et pourquoi les autres invités se comportent si étrangement. Avec l’aide d’HaChem, nous devrions tous « entendre la musique ! »

Tout d’abord, il est important de mentionner que les effets sont cumulatifs, à la fois en ce qui concerne le temps que vous passez au tzion du Rabbi à dire Tehillim et prier, ainsi qu’en participant à Roch Hachana du Rabbi à Ouman d’année en année.  D’autant plus que trois années consécutives à Ouman, c’est bien plus qu’un an ici et un an là-bas, même si la personne y est allée trois fois.

Je soupçonne que beaucoup de gens y vont une ou deux fois et ont l’impression d’avoir « été là, fait ça ». Pourtant, je suis sûr qu’ils ne penseraient pas de cette façon en comparant une personne qui a appris pendant un an en Eretz Yisrael, ou à la Yeshivah, avec quelqu’un qui a appris dix ans d’affilée. Le premier a eu un avant-goût, tandis que le second est (espérons-le, et au moins potentiellement) une ben Torah.

Deuxièmement, je pense qu’il est important de mentionner l’effort herculéen nécessaire pour surmonter les activités annexes (salle de café, shuk, somnoler dans les chambres, etc.) afin de passer le plus de temps possible auprès du tzion implorant HaChem. Beaucoup de gens passent trop de temps à faire des choses qui leur font manquer le tsion qui est la salle d’urgence spirituelle la plus puissante qui soit!  Chaque seconde au tzion – surtout pendant Roch Hachana – est inestimable !