La coupe bleue

Une bonne education apporte énormément à nos enfants. Et souvent, très souvent, il en va de même de l'exemple qu'ils reçoivent. Voici l'histoire de la coupe bleue.

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Shira Ben Dor

Posté sur 17.03.21

On dit que l'éducation des enfants dès leur plus jeune âge peut influencer leur futur. Et c’est tellement vrai.

Lorsqu'un enfant s'habitue dès son jeune âge à chercher comment il peut aider et faire du bien autour de lui ; à remarquer qui est dans le besoin et comment il peut lui porter assistance, lorsqu'il grandira et qu'il le pourra (que ce soit grâce à des possibilités financières, un poste influent au travail, etc.) ; ce trait de caractère le poussera à aider et à changer l'endroit où il se trouve en un endroit meilleur.

Le don, c'est la clé.

Lorsqu'on éduque un enfant au don de soi, ses yeux l'habitueront à toujours chercher quelqu'un à aider et comment faire du bien autour de lui.

C'est l'histoire de la coupe bleue…

Anil Tchari a grandi dans une famille aisée de New Delhi, en Inde. L'immeuble où il habitait était situé dans un beau quartier, mais dès qu'on faisait un pas au dehors, on se retrouvait face à des milliers de tôles d'acier dressées les unes à côté des autres et menaçant de s'écrouler. Elles formaient de longs murs serrés qui servaient d'habitations ; si l'on peut appeler cela comme ça. Là-bas, on croisait dans les rues des centaines de mendiants, mais les riches de New Delhi ne daignaient leur jeter ni un regard, ni une pièce.

Mais face à l'indifférence des gens de la ville envers leurs frères pauvres, la mère d'Anil avait posé à côté de la porte de leur maison, une coupe bleue qui était toujours pleine de pièces. Et chaque fois qu'elle sortait de la maison, elle prenait quelques pièces avec elle pour les distribuer aux pauvres qu'elle croiserait sur sa route. Pas une fois, n’avait-elle quitté la maison sans une poignée de pièces.

Un jour, Anil sortit avec sa mère. Très vite, une pauvre femme se dressa devant eux, suivie de trois enfants aveugles. La mère d'Anil leur tendit toutes les pièces qu'elle avait dans sa main. Les deux femmes se mirent à discuter et la pauvre dame raconta qu'avant, elle avait un magasin qui marchait très bien et que tous ses enfants étaient nés en bonne santé. Mais à l’âge de cinq ans, leur vue commença à baisser, jusqu'à la cécité. Ses voisines décidèrent alors qu'une malédiction avait dû leur tomber dessus et tout le monde déserta son magasin. « C'est comme ça que la pauvreté nous a enveloppés », acheva-t-elle son récit. 

Anil était terrifié face au tragique spectacle de trois frères devenus aveugles, mais suite à cela, il commença à s’intéresser à la structure de l’œil et à son fonctionnement. En grandissant, il partit étudier l’ophtalmologie dans une Faculté aux Etats-Unis et après de longues années, il obtint le titre de professeur dans une université prestigieuse.

C’est alors qu’il apprit la triste nouvelle, sa chère mère était décédée. Il prit immédiatement l’avion pour rejoindre son père en Inde. Père et fils s’assirent ensemble et évoquèrent de doux souvenirs d’enfance en feuilletant des albums de photos aux pages jaunies.

Un jour, Anil alla rendre visite à un ami d’enfance quand soudain, son regard croisa la coupe bleue de sa maman, posée là, comme abandonnée, près de la porte. D’un coup, les souvenirs refirent surface. Il mit sa main dans la coupe et prit une poignée de pièces.

Dehors, il faisait très froid. Il s’empressa de s’engouffrer dans un taxi bien chaud. Au carrefour, Anil remarqua une petite famille, assise sur le bord de la route. Il leur fit signe de s’approcher de lui et fut surpris de voir qu’il s’agissait d’une petite fille qui trainait derrière elle ses deux frères, aveugles, vêtus de haillons. D’un coup, il se remémora cette mère et ses trois fils aveugles qu’il avait rencontrés avec sa mère. Il tendit les pièces qu’il avait dans la main, tout en regardant les enfants dans les yeux. Son diagnostic fut très rapide : une fine membrane appelée cataracte avait recouvert le cristallin de leurs yeux.

« Si c’est là le problème, la solution est très simple. Une opération peut rendre la vue à ces enfants et faire d’eux des enfants normaux. » Pensa Anil en lui-même. En vérité, il croyait que ce problème ne pouvait toucher que les personnes âgées et ne s’imaginait pas que des enfants pouvaient le développer. « Apparemment, c’est de cela que souffraient les enfants de la femme qu’on avait rencontrée avec maman, et pas d’une malédiction… »

Il demanda aux enfants où ils habitaient et nota leur adresse sur une feuille. Il s’adressa ensuite au ministère de la santé de l’Inde, là-bas, il découvrit que ce phénomène était très fréquent dans ce pays arriéré, et que plus de 400 000 enfants étaient devenus aveugles à cause de la cataracte. La majorité d’entre eux n’avait jamais mis les pieds dans une école et 60% d’entre eux ne dépassaient pas l’âge de 10 ans à cause de l’implacable pauvreté…

A cet instant, Anil comprit que le cours de sa vie allait changer. Il décida de respecter la volonté de sa mère, c’est-à-dire d’aider les autres à chaque occasion ! Il décida donc de rester en Inde, son pays natal, et d’aider ces centaines de milliers d’enfants, qu’il pourrait soigner et dont il pourrait changer la vie, pour le bien.   

Dans le centre médical qu’il fonda, sur son bureau, Anil plaça la coupe bleue, qui l’avait fait s’arrêter et porter attention à la souffrance des autres.

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz

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