Les enfants perdus

Avant l'holocauste, environ 1,6 millions d'enfants juifs vivaient dans l'Europe occupée par les Nazis. On estime que 1,5 million ont été tués durant l'holocauste.

11 Temps de lecture

Debbie Shapiro

Posté sur 16.04.23

“Mes parents se sont cachés pendant presque une année entière avant d’être découverts. Comme j’avais l’air très juif, j’étais constamment transféré d’un endroit à l’autre. Au total, je suis resté dans quinze familles différentes.”
Il y a seulement 60 ans, des centaines de parents juifs se trouvaient face au défi d’être réuni avec leurs enfants qui avaient été cachés par des familles non juives durant la guerre. “Dans mes entretiens avec des enfants cachés,…” écrit Bloëme Evers-Emden – auteur de trois livres sur ce sujet – “… je me suis aperçu que dans les deux tiers des cas, les dommages relationnels étaient irréparables… Certains doutent que leurs parents soient leurs vrais parents; d’autres ont un conflit de loyauté entre leurs parents adoptifs et biologiques.”
Les enfants de l’holocauste
Avant l’holocauste, environ 1,6 million d’enfants juifs vivaient dans l’Europe occupée par les Nazis. On estime à 1,5 million le nombre de ceux qui ont été tuée durant la Shoah. Presque aucun enfants a survécu aux camps de concentration, et la plupart de ceux qui ont survécu à la guerre s’étaient enfuis vers des pays non occupés par les nazis ou en se cachant.
Dans chaque pays européen occupé par les allemands, le taux de survie des enfants était bien plus bas que la population juive prise dans sa totalité. Dans la Pologne d’avant-guerre, on estime qu’il y avait environ un million d’enfants juifs (de 0 à 14 ans). De ce nombre, on estime à 5 000 – 0.5% – ce qui ont survécu à la guerre.
En Hollande, les juifs représentaient 1,6% de la population. Sur 140 000 juifs hollandais, on estime à 75% ceux qui ont péri. Des 35 000 survivants, seulement 3 500 étaient des enfants.
Des 65 000 juifs belges, environ 40% ont survécu, parmi eux 3 000 enfants.
Sur les 350 000 juifs français, on estime à 90 000 – soit 26% – le nombre de ceux qui ont été tué. On estime qu’entre 5 000 et 15 000 enfants ont survécu. La majorité d’entre eux étaient des orphelins.
La plupart des pays – notamment la Belgique, la Hollande et la Pologne –avaient mis en place une section spéciale clandestine dévouée à sauver les enfants juifs. Fréquemment, ces sections spéciales étaient dirigées conjointement par des juifs et des chrétiens. Il y avait aussi des couvents, des monastères et des orphelinats qui essayaient de sauver des enfants juifs, même si un nombre important parmi eux étaient plutôt intéressés à “sauver” des âmes juives en vue de les rendre chrétiennes. Certaines de ces institutions religieuses étaient liées à la résistance, alors que d’autres agissaient de manière indépendante.
Les tribulations de la séparation
Les chercheurs se sont aperçus que lorsque des enfants avaient été séparés – sans avoir gardé de contact avec leurs parents – un sentiment d’aliénation irréversible apparaissait généralement chez les enfants. Ceci était d’autant plus vrai lorsqu’il s’agissait d’enfants cachés, car même les plus jeunes d’entre eux comprenaient que leur vie en dépendait et par conséquent, ils faisaient tout ce qui leur était possible pour s’adapter rapidement à leur nouvel environnement. Très souvent, ils ne pouvaient pas se permettre de pleurer car ils avaient trop peur de se faire rejeter par leur nouvelle famille – ou même pire – être donnés aux autorités. Ce fut seulement après la guerre qu’ils purent vraiment exprimer leurs émotions. “Ce fut très difficile de se réhabituer à reformer notre famille après la guerre”, explique un de ces enfants. “Ma mère avait déjà ses propres difficultés à supporter ce qu’elle avait vécu, et en plus elle devait s’habituer à quatre enfants qu’elle ne connaissait plus vraiment, et étant donné qu’ils étaient traumatisés par ce qu’ils avaient vécu, ils étaient extrêmement problématiques. Pourtant, globalement, nous faisions partie des chanceux.”
En plus d’acquérir une toute nouvelle identité, les enfants cachés se devaient d’être familier avec la religion chrétienne, dans le seul but de survivre. Celui qu’on suspectait d’être juif était sujet à une enquête. Tout échec face à cette dernière menait généralement à la mort.
Forcés à abandonner leur enfance à un très jeune âge, les enfants cachés devaient être flexibles, écrit Né’hama Tec dans le livre “Origines historiques des enfants cachés”. “Une partie importante de cette flexibilité consistait à respecter la discipline. Il ne fallait pas – sous aucun prétexte – éveiller l’hostilité de ceux qui nous protégeaient… Nous ne devions pas pleurer. Et nous ne pleurions pas, tout au moins devant les autres. Nous devions être reconnaissants envers ceux qui nous protégeaient…Notre existence était également liée à deux autres conditions : abandonner notre identité juive et être silencieux… Quelques fois, nous étions tellement confus dans notre nouveau rôle que nous en oublions qui nous étions réellement. Cela était provisoire. Bien qu’utile, cet oubli était émotionnellement coûteux. Pour un nombre important d’entre nous, abandonner notre identité créa un vide émotionnel. Cela nous rendait anxieux, inquiets que l’on ne puisse plus jamais retrouver notre passé. Nous nous sentions aussi coupables et honteux d’abandonner ce qui avait été cher à nos parents, à ceux que nous aimions.”
Beaucoup de ces enfants n’ont jamais pu vraiment accepter la réalité de leur double existence. Zoé – par exemple – fut cachée dans un petit village français durant la guerre. Son père a survécu, mais sa mère a péri dans un des camps de concentration. Bien qu’elle ait été réunie avec son père, l’unité familiale n’a jamais pu être rétablie. Plus tard, Zoé a renié complètement son identité juive et s’est mariée avec un catholique. Elle a élevé ses trois enfants dans la religion catholique. Ni son mari ou ses enfants ne se sont rendus compte qu’elle était juive.
Quelques années plus tard, un des fils de Zoé se rendit en Israël où il se senti tellement chez lui, qu’il décida d’y rester. En toute logique, Zoé fit savoir à sa famille qu’elle était juive. En réaction, son mari demanda le divorce. D’autre part, ses enfants étaient ravis et se considérèrent immédiatement comme juifs. Zoé et ses enfants vivent maintenant à Paris et font partie intégrale de la communauté juive. Pour Zoé, il a fallut un demi-siècle pour faire la paix avec son vécu et pour retrouver sa “véritable famille.”
Beaucoup d’enfants cachés étaient si bien intégrés au sein de leurs familles adoptives, qu’ils n’avaient pas le moindre soupçon qu’ils étaient juifs. C’est seulement aujourd’hui, au chevet des dernières heures avant la mort d’un parent, qu’un bon nombre d’entre eux apprennent la vérité à leur sujet. Cette vérité surgit alors qu’ils sont âgés maintenant de soixante à soixante dix ans. Cela peut être tellement traumatisant, qu’en 1990, une organisation spéciale – l’Association des enfants cachés de l’holocauste – s’est créée à Varsovie, dans le but de venir en aide aux “enfants cachés” et à les soutenir dans leur crise d’identité. À l’origine cette association était composée de seulement quatre “enfants cachés”. Elle compte aujourd’hui plus de 800 membres.
La directrice, Elzbieta Ficowska, elle-même une “nouvelle juive”, souligne que ces membres ont souvent besoin de suivre une thérapie pour faire face à leur nouvelle identité, révélée si tard dans leur vie. Elle ajoute que nombreux sont ceux qui mourront sans jamais connaître la vérité.
Romuald Jakub Weksler-Waskinel – par exemple – est un prêtre catholique qui a récemment découvert que ses parents avaient été envoyés vers les camps de la mort. “C’est comme si je naissais de nouveau”, explique-t-il les larmes aux yeux. Au-delà de la découverte de sa véritable origine, il se trouve non seulement à faire le deuil de ses parents juifs et de ses frères, mais également le deuil de son identité juive, une perte qui, malheureusement, ne sera plus jamais retrouvée.
La génération de l’holocauste prend de l’âge
Étant donné que la génération de l’holocauste prend de l’âge, de plus en plus d’enfants cachés publient leurs histoires. Il est important de souligner que les histoires mentionnées ci-dessous sont inhabituelles. La grande majorité des familles ayant caché des enfants juifs a essayé de les éloigner de leur religion.
Rivqa, une éducatrice connue, est souvent appelée à parler dans les écoles et les colonies de vacances de son expérience durant la guerre. Elle parle de sa famille adoptive en des termes élogieux. “La femme qui s’était occupée de moi était une protestante convaincue. Elle avait une foi profonde en D-ieu et de Ses merveilleuses midoth  (traits de caractère). À sa manière, elle m’a appris à avoir la yirath chamayim (la crainte du ciel) et m’a appris à croire en D-ieu. Des années plus tard, je lui ai demandé pour quelle raison avait-t-elle mis en danger sa vie en cachant un enfant juif. Elle m’a expliqué qu’elle aimait D-ieu et qu’elle avait appris la bible de manière approfondie. Elle avait également appris que D-ieu aime les juifs et qu’elle désirait Lui donner du na’hath roua’h (plaisir) en sauvant Son peuple élu.”
Hem ‘hachvou léra’a, véHaEloqim ‘hachva létova. En dépit du danger spirituel d’avoir été élevée dans un foyer non juif, dans cette situation particulière je suis certaine que la hachga’ha pratith (la providence divine), ainsi que les prières sincères des parents de Rivqa – ont permis un résultat positif.
Rivqa ne se souvient pas avoir quitté ses parents pour aller se cacher. “J’étais âgée seulement de trois ans lorsque mes parents m’ont annoncé que j’allais faire une petite excursion. J’ai passé la première nuit chez une jeune fille appartenant à un groupe clandestin hollandais, et le lendemain la fille m’amena en train dans une petite ville vers le Nord de la Hollande où m’attendait une hollandaise.”
Cette femme hollandaise était une mère dévouée et Rivqa ne se souvient pas avoir souhaité retourner dans sa vraie famille. “Nous étions quatre enfants, et nous avons tous survécu en étant cachés chez des familles non juives. Mes parents vinrent me rendre visite immédiatement après la guerre, lorsque j’avais cinq ans. Je ne savais absolument pas qui ils étaient. Cependant, mes parents attendirent encore six mois avant de me ramener chez eux. Lorsque la guerre prit fin, ils n’avaient plus rien. Ils n’avaient plus de maison, plus d’endroit pour m’élever. Ils devaient donc réorganiser leur propre vie, trouver les moyens de gagner leur vie avant de me ramener.
“C’était très difficile pour eux de faire le voyage pour me rendre visite. Le village se trouvait loin d’Amsterdam, et à cette époque, il n’y avait pas de train. Ils traversaient le pays en conduisant des bicyclettes cassées pour venir me voir. Je ne me souviens pas de la façon dont s’est passé le retour chez moi; je ne sais pas si je pleurais ou si j’étais heureuse.”
A-t-il été très difficile de vous réadapter à votre propre famille? “Mes parents étaient très intelligents et savaient comment faire face à la situation. Lorsque je suis arrivée chez moi par exemple, je priais comme une chrétienne, mais mes parents n’ont pas essayé de m’arrêter. Plutôt, ils m’ont appris comment devenir juive, jusqu’à ce que finalement j’arrête de moi-même,” se souvient Rivqa. “Cependant pour d’autres enfants, ce fut extrêmement difficile de se réajuster à leurs propres familles, et ils portent encore de nos jours en eux les cicatrices de leur terrible expérience.”
La famille de Rivqa l’a encouragé à rester en contact avec sa mère adoptive. “Jusqu’à ce que j’aille vivre en Israël en 1959, je lui rendais visite tous les étés. Au début, j’y restais un mois complet, mais lorsque j’étais plus âgée, j’y allais seulement une semaine. Elle respectait ma croyance religieuse et avait même acheté de la vaisselle spéciale que j’utilisais à chacune de mes visites chez elle. Elle me rendait elle aussi visite pour mon anniversaire chaque année et nous l’avons toujours reçu comme une invitée d’honneur. Après tout, elle m’avait sauvé la vie. À l’époque, comme il n’y avait pas de téléphone, nous correspondions régulièrement par courrier. Étant donné qu’elle n’avait jamais eu d’enfants, elle me considérait comme sa propre fille.
“Nous avons continué à correspondre même après mon arrivée en Israël. Avant que cette merveilleuse femme meure, elle avait mis de côté sa montre et sa bague en or pour moi, et lorsqu’elle a été niftar (décédée), je suis retournée en Hollande pour assister à ses funérailles.”
Sylvia aussi avait été cachée par une famille hollandaise durant la guerre. “J’ai été chez cinq familles différentes avant d’arriver dans ma dernière famille. Leur maison était un véritable gan éden (paradis terrestre). Ils se sont merveilleusement bien occupés de moi et ils m’ont aimé de tout leur coeur. Je me souviens de mon père adoptif lorsqu’il me prenait sur ses genoux et qu’il me préparait à la possibilité éventuelle qu’aucun de mes parents ne reviennent, ou seulement qu’un d’entre eux. Cette famille a caché neuf juifs, et il y avait toujours des juifs qui séjournaient chez eux provisoirement. Le père de la femme lui avait appris que tout être humain – y compris les juifs – avait le droit de vivre.
“Avant la guerre, ma mère adoptive avait travaillé comme servante dans une famille juive et avait remarqué que les parents étudiaient la paracha de la semaine avec leurs enfants (la portion de la Bible qui est lue chaque semaine). Ils lui avaient expliqué qu’ils étudiaient la Tora. Aussi chaque jour, elle insistait pour étudier le Tana’h (la Bible, les prophètes et le livre de Hagiographes) avec moi car elle savait que c’est ce que les juifs font. Nous avions commencé par le sefer Béréchith (la Genèse) et à la fin de la guerre, lorsque j’étais âgée de sept ans, nous étions arrivées au sefer Divré Hayamim (le livre des Chroniques).”
Sylvia est restée en contact avec ses parents adoptifs bien après être allée vivre en Eretz Israël. “Ils nous ont rendu visite 23 fois et lorsqu’ils ont vieilli, et que mes enfants avaient grandi, j’allais moi-même les voir en Hollande.”
Rabbi Binyamin est un enseignant connu de la Tora; il vit à Jérusalem. Il avait tout juste trois ans lorsqu’il fut confié entre les mains du cercle clandestin hollandais. “Mes parents ne sont jamais revenus,” nous relate Rabbi Binyamin. “Je ne me souviens de rien en ce qui concerne ma famille.”
Rabbi Binyamim doit sa vie à une jeune femme qui appartenait à la résistance hollandaise, Anna. “Mes parents avaient décidé de se porter volontaires pour ce qu’ils croyaient être un camp de travail en Allemagne, et bien sûr ils désiraient m’amener avec eux. Anna – qui avait été employée par mon père et qui était alors active dans le mouvement clandestin hollandais – avait conseillé à mes parents d’aller plutôt se cacher. Finalement, ils ont accepté. Cependant, ce fut difficile de se cacher tous les trois ensemble, je fus alors placé dans une famille différente.
“Mes parents se sont cachés pendant presque une année entière avant d’être découverts. Comme j’avais l’air très juif, j’étais constamment transféré d’un endroit à l’autre. Au total, je suis resté dans quinze familles différentes. Anna était chargée du bien-être de 33 enfants qui étaient cachés chez des familles hollandaises. Elle nous procurait de la nourriture, ce qui était très difficile puisque officiellement nous n’existions pas et que tout était minutieusement rationné. De plus, elle devait constamment trouver un moyen de nous transférer dans différents “lieux sûrs” lorsque la situation commençait à sembler dangereuse.”
“Étant donné qu’Anna travaillait à plein temps et consacrait ses soirées et ses fins de semaines à la résistance, elle avait très peu de temps pour elle. Un soir pourtant, elle avait un peu de temps libre et avait décidé de se relaxer avec un livre. Mais il lui était impossible de se concentrer. Pour une raison inexplicable, elle ne pouvait s’empêcher de penser à moi. Finalement, elle enfourcha son vélo et se dirigea vers la maison où j’étais caché. Ce geste en lui-même était dangereux, car cela était après le couvre-feu.”
“À ce moment-là, je vivais dans la maison d’une femme qui n’avait pas d’enfants et dont le mari avait été envoyé au travail forcé en Allemagne. Ce matin-là, sa voisine – une hollandaise nazie – avait frappé à sa porte et avait commencé à lui poser un tas de questions sur moi. La femme lui avait répondu que j’étais son neveu et comme sa soeur était à l’hôpital, j’étais venu vivre quelques jours chez elle. Cependant, la femme réalisa que sa voisine nazie était soupçonneuse et elle était très inquiète à mon sujet.”
“Anna convint que c’était sans aucun doute un motif d’inquiétude et m’a – sur le champ – fait partir clandestinement. Cette nuit-là, j’ai dormi dans un dortoir et le lendemain je fus placé dans une nouvelle famille. La femme nazie est revenue le lendemain, mais j’étais déjà parti.”
“Anna n’a pas compris pour quelle raison elle avait ressenti un désir ardent de s’assurer comment j’allais. Après tout, elle était déjà venue me voir quelques jours avant cet incident.”
Anna avait le sentiment que de rester en contact avec les enfants qu’elle avait sauvés, ne pouvait que leur rappeler la période tragique qu’ils avaient traversée. De ce fait, Rabbi Binyamin perdit contact avec elle pendant presque quarante ans. Par la suite toutefois, il a renoué contact avec elle et l’a invitée pour le mariage de sa fille. “Je lui ai rendu visite plusieurs fois en Hollande et un arbre a été planté en son honneur à Yad Vachem (le musée de l’holocauste à Jérusalem). Anna et moi avons eu de nombreuses discussions au sujet de nos expériences, et je lui ai expliqué que ce sentiment irrésistible qui l’a amené à mettre en danger sa propre vie dans le seul but de vérifier si j’allais bien, était en fait ce que l’on appel la providence divine. Elle est décédée il y a cinq ans.”
Beaucoup d’enfants cachés ont eu, cependant, d’horribles expériences. “Nos parents nous avaient placé dans un orphelinat dirigé par le pastorat évangélique dans la région de Modra (Slovaquie); ensuite – et sans divulguer leur emplacement – ils sont aussi allés se cacher, ” écrit ‘Hava Kolar dans ‘A Loner in a World Filled with Others.’ “J’étais désespérée par la douleur. J’ai essayé, sans aucun succès, de me persuader de la nécessité d’avoir été abandonnée dans cette horrible institution, un lieu où les nonnes battaient les enfants pour la moindre petite offense, et où je devais prétendre être quelqu’un d’autre. Comment mes chers parents avaient-ils pu me faire une telle chose ?”
“J’ai développé en moi une crainte constante des gens et j’essayais d’éviter tout contact avec eux. J’étais confuse, en colère et perpétuellement triste. Ne comprenant pas les motifs de cette situation, je me méfiais de tout le monde et de chaque personne.”
‘Hava continue: “Et pourtant j’étais, d’une certaine manière, chanceuse. La famille Filus qui habitait le village de Vrbovce (Slovaquie) a gardé mes parents en sécurité dans un trou de leur grange, et le pasteur Dérer à Modra ne dévoila pas notre cachette aux autorités, en dépit du danger mortel qu’il courrait ainsi que sa famille. Après la guerre, notre petite famille de quatre personnes a été unie de nouveau; plus tard, nous avons fait l’‘alya et nous avons commencé une nouvelle vie. Aucun d’entre nous n’était le même, mais nous étions en vie.”
“Lorsqu’on m’a laissée, je me suis sentie coupée de ma famille comme un arbre de ses racines”, écrit Lillian Boraks-Nemetz dans son article ‘Coupé, comme un arbre de ses racines.’ “Je me suis sentie négligée et abandonnée. Agée alors de neuf ans, je n’avais pas compris que mes parents ne se seraient pas volontairement séparés de leurs enfants si cela n’avait pas été une question de vie ou de mort. Au lieu de cela, le sentiment d’avoir été abandonnée est entré dans mon esprit et y est resté.”
Cela nous prendra de nombreuses années pour comprendre entièrement les horreurs de l’holocauste. Ceux qui ont survécu restent marqués d’une cicatrice à vie, et aujourd’hui, la seconde et la troisième générations ressentent encore les effets de ces cicatrices.

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire