La promo d’un grand départ

C’est extraordinaire de voir de quelle façon le calendrier hébraïque met en place une superbe promo, une campagne publicitaire de tout un mois à l’approche de la nouvelle année. Voici Eloul, un mois d’amour et de miséricorde…

Ca y est, c’est officiel – il est là. Le mois d’Eloul est dans les parages. Et le meilleur dans tout ça, c’est qu’il n’est pas seul. Avec lui, des jours pleins de miséricorde, de seli’hotes, de renouveau, de nouveaux départs, et énormément d’amour du Créateur. Bref, tout ce qu’il vous faut pour vous aider en vue du grand départ qui se profile déjà à l’horizon, vous avez bien compris : Roch Hachana. C’est extraordinaire de voir de quelle façon le calendrier hébraïque met en place une superbe promo, une campagne publicitaire de tout un mois à l’approche de la nouvelle année. 

Et ne l’oublions pas, avec Eloul, viennent de nombreux jours de téchouva (repentir).

C’est bien connu, nombreux sont ceux qui se trompent sur le terme de téchouva, et il s’agit d’une grosse erreur qui fait que beaucoup de gens passent à côté de l’opportunité unique qui nous est offerte pendant ce mois. Téchouva ne signifie pas se laisser pousser une barbe et des péottes en un mois, ou prendre sur soi toutes sortes de choses auxquelles on ne pourra pas se tenir, pour être un espèce de tsadik caché, juste pour un mois. Pas du tout. Téchouva vient du verbe Lachouv, revenir. Vers qui ? Vers le Créateur du monde. Comment fait-on cela ? Et bien c'est pour cela qu'il est là : le mois d’Eloul. Il nous aide à trouver le chemin du retour. Comment ? Bon, pour ça, il faut se trouver dans ce qu’on appelle une orientation spirituelle.

Une règle de base de l’orientation spirituelle est que tu ne peux pas savoir où tu vas si tu ignores où tu te trouves.

Beaucoup de gens n’ont pas la moindre idée de là où ils se trouvent. Ils sont perdus dans ce monde immense. Il leur manque la direction vers un but et une destination dans la vie, ce qui fait qu’ils gâchent leur vie dans des choses inutiles et vides de sens.

Partons du principe que vous avez un but dans la vie, que vous savez où vous voulez aller, mais si vous ignorez où vous vous trouvez, comment pourrez-vous y arriver ? Si vous ignorez où vous vous trouvez, en fait, vous ne savez pas non plus où aller.

Les règles de l’orientation physique, dans l’espace, existent et conviennent également à l’orientation spirituelle. Nous ne pouvons pas savoir où diriger nos pas si nous ignorons notre point de départ. Nous ne pouvons pas nous rapprocher du Créateur sans nous observer objectivement et savoir exactement où nous en sommes. Le Créateur nous appelle en permanence, chaque jour, chacun d’entre nous – « Où es-tu ? »

L’homme ne peut pas dire « Je sais comment me rapprocher du Créateur, car je m’élève, tout simplement. » Qu’adviendra-t-il de lui ? Il n’arrivera nulle part, ne se rapprochera certainement pas du Créateur, à moins qu’il ne fasse ce qu’il faut faire au niveau spirituel où il se trouve. Un homme ne peut pas se lever le matin et décider qu’il est Moché Rabénou ou Rabbi Akiva, ça ne marche tout simplement pas comme ça. Chacun a un parcours, sur lequel il doit avancer au rythme qui lui est destiné. Notre progression doit obligatoirement se faire pas à pas. Etape par étape. Nous corriger, à chaque étape de notre chemin. Tout comme un enfant de CP ne peut pas passer directement à l’université, ce serait une illusion qui nous exploserait au visage que de croire que l’on peut faire l’impasse sur toutes les étapes de notre construction spirituelle et arriver directement au sommet.

Où sommes-nous maintenant ? Nous sommes une génération qui a été repoussée jusqu’en bas, vraiment jusqu’aux fondations. Chaque jour, on entend des histoires terribles, l’une donnant plus la chair de poule que l’autre. Prenez simplement l’immonde affaire qui s’est révélée récemment avec l’arrestation des pédophiles. Cela brise le cœur de penser à tout ce qui se passe de nos jours dans le monde, surtout sur les forums de messageries en tous genres, et dans toutes sortes d’endroits où ce genre de personnes cherchent à donner libre cours à leurs pulsions destructrices. C’est tellement douloureux de penser que des gens perdent des heures entières de leur vie dans des « discussions » de ce type, pour finalement tomber dans les filets de personnes pleines de vices. Oui, on peut sans aucun doute mettre cela sur le dos du mauvais penchant, qui pousse l’homme dans ses propres pièges, car une fois qu’on est rentré là-dedans, c’est dur d’en ressortir. Et comme on le sait, tous les pièges du mauvais penchant tournent autour de la débauche, des envies – essentiellement les pulsions adultères, qui portent atteinte à la sainteté personnelle de chaque personne.

Au mois d’Eloul, on peut traiter plus en profondeur tout ce qui se rapporte à notre sainteté personnelle. Après tout, qui sait quelle récompense immense nous attend pour un tel travail ?!… Pas grand-chose. Et c’est justement connaitre, aussi, l’endroit où tu te trouves, connaitre ta place dans ce monde à part qu’est celui des envies. Cela demande, évidemment, de la sincérité, envers toi-même et envers le Créateur. Te raconter à toi-même et raconter au Créateur l’endroit où tu te trouves, Lui demander Son aide, Lui demander de sauver ton âme, de te donner le mérite, dès maintenant, de prendre un nouveau départ, sans attendre Roch Hachana. Il faut tirer profit de cette promo –le mois d’Eloul- qui nous donne du crédit à l’approche de la nouvelle année. Utiliser les outils extraordinaires que ce mois a à nous offrir pour découvrir notre rôle, les buts et les objectifs de notre vie. Savoir où nous nous trouvons et là où nous allons.

Savez-vous quel plaisir une telle conversation apporte au Créateur ? Une conversation au cours de laquelle l’homme parle de lui-même le plus sincèrement du monde, met « cartes sur table » devant le Créateur, juste pour qu’Il l’aide ?

La prière personnelle (hitbodedoute – isolement, comme l’appelle Rabbi Nah’man) du mois d’Eloul atteint des dimensions exceptionnelles. Elle a toujours, mais essentiellement pendant ce mois, le pouvoir de nous sauver de tout, car comme le dit Rabbi Nah’man de Breslev, « L’isolement est le degré le plus élevé de tous ! » Elle est donc bénéfique pour nos prières de ce mois concernant notre sainteté personnelle –dans nos pensées, paroles et actes. Il nous faut aussi prier pour nos sens, et pour le grand champ de bataille où se tiennent les batailles de nos envies d’adultère : nos pensées. Pour notre volonté, pour notre joie… Bref, pour tout !

Nous ferons notre part, et le Créateur nous aidera à accomplir notre mission. Simplement, demander. Prier, tendre la main, vouloir se sanctifier, chacun de nous, là où il en est.

Il est un point important qui est le commencement de toute réussite, et le meilleur moyen de se connecter au Créateur, le fondement et la base de notre lien avec le Créateur :

La Torah nous relate (dans la paracha de Béréchit) le pêché d’Adam et Eve – manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. La Torah nous enseigne qu’après avoir mangé du fruit défendu, Adam et Eve comprirent l’immense erreur qu’ils venaient de commettre. Et quelle fut leur première réaction ? Ils se cachèrent du Créateur. Arrêtons-nous, et réfléchissons-y un instant. Est-ce possible ? Se cacher du Créateur ? Est-ce seulement possible ? A propos du Créateur, il est écrit « toute la terre est emplie de Son honneur » – où que vous regardiez, vous le découvrirez. Il est là, tout le temps, partout, il est infini… Se cacher de Lui ? Comment, exactement ? Mais c’est ce qu’on fait Adam et Eve.

Imaginez-vous ce qui se serait passé si Adam et Eve ne s’étaient pas cachés et s’étaient simplement épargné, à eux et aux générations à venir, toute l’immense souffrance dont ce pêché fut la cause. Imaginez-vous ce qui se serait passé s’ils s’étaient présentés devant le Créateur et Lui avaient dit : « Cher père, nous avons fauté, pardonne-nous. » Car que sommes-nous, au fond ? Chair et sang ! Tu as fauté ? Il vaut mieux souffrir quelques minutes de gêne en se confessant, plutôt que des années à force d’essayer de fuir et de se cacher du Créateur. La honte ressentie en avouant la faute est en fait un grand rachat.

On ne peut pas fuir, Hachem est partout, voit tout, sait tout… Alors à quoi bon fuir et se cacher ? Le mieux, et pendant ce mois, c’est vivement recommandé, c’est de mettre toutes ses cartes sur table lors d’une conversation personnelle, et de tout raconter au Créateur. Tout partager avec Lui, Lui demander pardon et qu’Il nous montre le chemin pour revenir vers Lui. Adam et Eve se sont cachés, mais pas nous, parce qu’après 5773 ans, où pourrions-nous fuir ? Derrière les portes du bureau ? Dans les forums de chat ? Dans des discussions avec toutes sortes de personnes qui ne sont intéressées qu’à satisfaire leurs pulsions et leurs envies ?

On ne peut pas fuir. Le simple fait d’y penser, après avoir reçu des sages tellement d’outils fabuleux au fil des générations, en particulier ceux de Rabbi Nah’man pour cette génération, fait tout simplement sourire, car on ne devrait même pas penser à fuir !

Le Créateur est plein de miséricorde et de patience. Il nous appelle chaque jour : « Où es-tu ? »

« Où es-tu ? » Lorsque nous prenons du recul sur nous-mêmes de façon objective et que nous nous demandons où nous en sommes, c’est le point le plus important de tout le processus. Le point de départ de toute réussite et la meilleure manière de se connecter avec le Créateur.

« Où es-tu ? » Nous évaluer vraiment et honnêtement, et savoir où nous en sommes dans ce monde – c’est la base de notre lien avec le Créateur.

Bon mois d’Eloul, et D.ieu fasse que nous le méritions.