L’angoisse !

On a tous des angoisses dans presque tous les domaines de notre vie, et le fait qu’elles ne nous soient pas bénéfiques ne nous empêche pas de les écouter...

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Sharon Rotter

Posté sur 05.04.21

Je l’avoue, ces derniers temps, malgré toutes les bonnes choses, les miracles et la miséricorde manifestes et invisibles, l’anxiété menace d’étrangler chaque parcelle de positif en moi.

Je ne suis pas quelqu’un de peureux et je ne tends pas non plus à trop m’angoisser. Mais dans les moments de détresse, quand je ressens vraiment que la menace est réelle, qu’elle vit parmi nous, imprévisible, et que je n’ai aucun vrai moyen de l’affronter, alors l’angoisse s’installe clairement, comme si elle m’annonçait : « Apprends à vivre avec moi parce que je suis là, et j’ai bien l’intention de rester ».

D’habitude, quand je sens l’anxiété monter et prendre forme, j’érige immédiatement ma muraille de défense en faisant appel aux muscles de ma foi qui viennent à mon aide. Quelques pompes de conversation avec le Créateur, renforcer Sa présence en moi, voir tout le bon au-delà des doutes, me rappeler des fondements que sont Ses attributs dans ma vie… et hop ! L’angoisse se fane avant qu’elle ne puisse causer aucun dommage sérieux.

Mais maintenant, quand les voix de l’angoisse résonnent tout autour et qu’il est difficile de ne pas les entendre, quand les flashs infos se succèdent jusqu'à me donner envie de les écouter toute la journée, en me chuchotant : « Viens, regarde si quelque chose de nouveau a eu lieu, juste une seconde, sois au courant comme tout le monde ! Tu contrôleras mieux ce qui se passe ! »… Je me décompose et cède trop facilement, je deviens accro aux infos et aux commentaires des lecteurs qui donnent tantôt, un sentiment d’appartenance ou alors, d’opposition.

Et même si je n’en ai pas parlé à mes enfants (les plus grands) et que je me suis appliquée à créer une atmosphère sécurisante dans l’idée que tout va bien, cela ne m’a pas tellement aidée, puisque même à l’école, la peur s’en est prise aux enfants, en prenant des formes effrayantes qui s’animent dans leur imagination parfois trop développée, et s’imposent de force à tout le monde. De faux témoignages du type : « Yaël a vu un terroriste tourner autour de l’école et il les a presque poignardées, elle et sa sœur », font partie de la routine, on a même l’impression que les enfants ont adopté un nouveau jeu terrifiant qui excite les esprits ; et chaque jour, il y a un nouveau héros dans la classe.

On a tous des angoisses dans presque tous les domaines de notre vie, et le fait qu’elles ne nous soient pas bénéfiques ne nous empêche pas de leur céder en décidant, consciemment ou non, quelle cible elles peuvent endommager. Le travail, la santé, les enfants, le couple, et tout ce qui nous est vraiment important dans la vie peut servir de terrain confortable et fertile à la multiplication des microbes de l’angoisse, jusqu'à ce qu’ils prennent le contrôle et fassent pencher la balance en leur faveur. Pas besoin d’avoir une tendance aux maladies mentales pour tomber dans ce piège, qui est à l’affut de nous tous, peu importe notre religion, notre sexe ou le courant auquel nous appartenons.

Comme pour tout dans la création, l’anxiété a un but et peut être utilisée de deux façons : pour le bien ou pour le mal. Le côté négatif de l’anxiété, nous pouvons tous le ressentir dans nos vies et ses conséquences sont destructrices pour notre âme mais aussi pour notre corps – lorsque le corps en arrive à s’effondrer d’anxiété et même à tomber malade de façon chronique, que D.ieu nous préserve.

Alors comment prendre l’anxiété en mains de façon à l’affronter, la surmonter et en ressortir plus fort ? Comment devenir empli de crainte, dans le bon sens du terme ?

Parfois, quand on se bat contre l’angoisse, la première réaction est de faire marcher sa logique. Le problème, dans ce cas, est que la logique est subjective et qu’on risque alors de s’embourber encore plus avec soi-même. Mais il faut savoir qu’on a toujours le choix quant à quoi penser. Même si on a l’impression que nos pensées et notre imagination ont le contrôle, on peut toujours faire le choix de penser positif au lieu d’avoir peur. Si mon déficit à la banque me stresse, je peux penser combien ma fille m’a faite rire ce matin et combien elle est extraordinaire, cette petite ! Et je peux développer cette pensée jusqu'à ce que le déficit à la banque rapetisse, s’écrase dans un coin très sombre et éloigné de mes pensées, et que mon cœur se remplisse d’amour et de gratitude.

Parfois, on a l’impression d’avoir une pensée gênante et effrayante dont on n’arrive pas à se débarrasser. Rabbi Nah’man de Breslev nous conseille et nous rappelle que dans ce genre de cas, donner le Tsedaka peut nous sauver des mauvaises pensées.

Il faut aussi essayer de ne focaliser nos pensées que sur le présent. Ne pas penser à hier ou à demain, mais uniquement à l’instant présent, et s’y tenir. « Tu te trouves là où sont tes pensées, et sache que tes pensées se trouvent là où tu veux être » (Extrait de « La chaise vide », basé sur l’enseignement de Rabbi Nah’man de Breslev).

Evidemment, avoir une conversation avec notre Père céleste est le remède par excellence, face à tous les maux et toutes les difficultés. Mis à part le fait qu’Il soit le meilleur psychologue (et le moins cher !) au monde, et qu’après avoir déchargé son cœur devant Lui, apparaissent de nouveaux conseils auxquels on n’avait, jusqu’alors, jamais pensé ; il y a dans cette conversation, un auto-examen et une prise de recul par rapport à soi-même qui nous aident à empêcher ou à adoucir les difficultés susceptibles de nous arriver. Rien qu’en pensant à cela, on peut se calmer et se renforcer.

Les livres de Rabbi Nah’man sont remplis de nombreux autres conseils utiles, mais comme le dit son plus célèbre dicton, souvenons-nous que ce monde est un pont très étroit (menant au monde futur) et que l’essentiel est de ne pas avoir peur (ne pas laisser dériver son imagination, ne pas se faire de films effrayants…)

L’anxiété, on peut toujours la transformer en crainte de D.ieu, et bien sûr, la renforcer avec beaucoup d’amour, de tout son cœur !

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz  

 

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