La charité

L’homme doit apprendre à ouvrir la main et à chercher sans cesse des occasions pour donner de grosses sommes, car il est probable que cet argent devait être perdu de toute façon.

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

La charité sauve de l’amende
 
Il convient de souligner ici que de nombreuses amendes et pertes pécuniaires proviennent du fait que l’homme ne donne pas suffisamment aux pauvres.
 
Il est rapporté dans la Guemara (traité Baba Batra 10) : De même que la subsistance de l’homme est fixée à Roch HaChana, aussi ses privations et ses pertes. Lorsqu’il le mérite, l’homme donne en charité ce qui fut décrété comme perte. Lorsqu’il ne le mérite pas, il perd ce même montant en amendes, impôts, médecins, dégâts, etc.
 
On rapporte l’anecdote de rabban Yohanan ben Zakhaï qui, à l’issue de Yom Kippour, vit en rêve le tribunal céleste décréter que ses neveux devaient perdre cette année, la somme exacte de sept cent dinars.
 
Que fit-il ? Dans le courant de l’année, rabban Yo’hanan visita ses neveux à plusieurs reprises et à chaque fois, il réussit à les convaincre de donner pour de bonnes causes. Il arriva à récolter presque toute la somme, sauf dix-sept dinars qu’il n’eut pas le temps de prendre.
 
La veille de Yom Kippour, un fonctionnaire de l’Empereur se présenta à la maison des neveux avec l’ordre de s’emparer de dix-sept dinars. Après le départ du fonctionnaire, les neveux de rabban Yo’hanan suspectèrent les employés du fisc de convoiter leur argent et ils craignirent qu’ils reviennent bientôt les harceler. Lorsqu’ils firent part de leurs inquiétudes à leur oncle, rabban Yo’hanan les rassura : “N’ayez crainte ! Les dix-sept dinars leur suffisent ; vous n’aurez pas besoin de payer un centime de plus”.
 
Ses neveux l’interrogèrent : “Comment le sais-tu ? Es-tu en relation avec les gens du Trésor public ou es-tu prophète ?” Rabban Yo’hanan leur répondit : “Je n’ai aucun lien avec le Trésor public et je ne suis ni prophète ni fils de prophète, mais je suis en relation avec le Responsable en chef, le Saint béni soit-Il. Par le biais d’un rêve, je savais déjà depuis le début de l’année combien d’argent vous deviez perdre et vous avez donné presque toute la somme aux bonnes œuvres. Seulement dix-sept dinars sont restés que je n’ai pas eu le temps de recueillir, et le Trésor public a terminé le travail.
 
Sachez que si je n’avais pas collecté votre argent pour des bonnes causes, vous auriez dû payer au fisc l’entière somme de sept cent dinars contre votre gré avec le sentiment amer de gaspiller votre argent. En revanche, vous avez eu le mérite de faire don de cet argent pour de bonnes raisons ; vous avez récolté le double en récompense de votre charité, et il est certain que vous vous enrichirez, car les actions de celui qui ouvre sa main et fait la charité, sont bénies”.
 
Ses neveux se désolèrent des efforts que leur oncle prodigua pour eux toute cette année. Ils lui dirent : “Cher oncle ! Pourquoi nous as-tu caché ce décret, depuis le début ? C’est dommage d’être venu chez nous si souvent pour nous persuader de donner notre argent à la charité. Si tu nous avais dis que nous devions perdre sept cent dinars, nous t’aurions donné toute cette somme au début de l’année”.
 
Raban Yo’hanan leur dit : “J’ai voulu que vous donniez en l’honneur des Cieux (léChem Chamaïm), et non parce que tel était le décret”.
 
Ses neveux le remercièrent et puisque chaque année il est décrété combien chacun doit perdre, ils s’engagèrent à saisir chaque occasion pour donner le maximum à la charité, sans perdre leur argent bêtement et faire profiter des étrangers.
 
Il ressort de tout ceci, que bien souvent l’homme est contraint de payer des amendes, pour débourser la somme qu’il doit perdre cette année, selon le décret céleste. En effet, dans les Cieux, on tient un compte exact des dettes de chacun et on fait en sorte que l’entière somme décrétée soit perdue. Lorsque l’homme le mérite, il donne cet argent aux bonnes œuvres et il est sauvé du chagrin des amendes, car l’essentiel demeure l’accomplissement du grand commandement de la charité, qui sans nul doute, lui épargne beaucoup de douleurs et de souffrances.
 
L’expiation des fautes
 
A part le décret du tribunal céleste à chaque Roch HaChana sur les pertes monétaires, il peut arriver, quelquefois, que d’autres pertes soient fixées pour l’expiation des fautes. Ici aussi on a le choix, soit donner cet argent à la charité, de bon cœur, avec joie et par la même occasion, mériter l’expiation de ses fautes et accomplir le commandement de la charité, soit de perdre cet argent contre son gré, avec amertume et ce sera son expiation. Comme le rapporte la Guemara (Baba Batra 9a) : “Rabbi Elazar dit : A l’époque du Temple, l’homme faisait une donation et ses fautes étaient expiées. A présent, s’il fait la charité, c’est bien, sinon les idolâtres viennent et prennent l’argent de force”.
 
De tout ce qui précède, l’homme doit apprendre à ouvrir la main et à chercher sans cesse des occasions pour donner de grosses sommes, car il est probable que cet argent devait être perdu de toute façon. Au lieu de le perdre en dégâts, impôts, amendes et divers désagréments, il mérite d’accomplir un grand commandement, de soutenir des étudiants de la Tora, les pauvres qui le méritent, de propager la connaissance de la Tora, de la foi et de la crainte d’HaChem par la diffusion de livres et d’enregistrements, et ses fautes seront ainsi expiées.
 
Par conséquent, lorsque le conducteur commet une infraction de la route et qu’il est arrêté par un agent de la circulation, de suite il doit examiner s’il s’est acquitté de son devoir de donner la dîme ce mois-ci, s’il donne assez d’argent pour la charité, etc. Qu’il s’engage à donner une grande somme pour la charité et qu’il dise clairement : Je m’engage à donner tant et tant.
 
Donner pour la charité est une grande chose, car même si dans les Cieux on n’a pas jugé cet homme pour l’insuffisance de ses dons, mais qu’il a été arrêté pour une autre raison, la charité qu’il s’engage maintenant à réaliser, fait déjà pencher le jugement du tribunal céleste en sa faveur. Immédiatement après son acquittement, tout se transforme en bien pour lui dans ce monde ci : il est sauvé des amendes à payer, de montrer son permis de conduire, de la menace d’un procès et d’autres punitions à venir.
 
L’accusateur devient l’avocat de la défense
 
L’homme assis au banc des accusés dans un tribunal éprouve sa foi et doit se conduire selon les trois règles de la foi. Il doit savoir qu’il y a un jugement contre lui dans les Cieux, peu importe s’il n’est pas coupable et que selon les lois du pays il doit être innocenté, où qu’inversement il soit coupable et n’a aucune chance d’être disculpé. De toute manière il doit se repentir, car on lui signifie par de lourdes allusions, qu’il est jugé dans les Cieux.
 
L’accusé doit savoir que le verdict de son procès est rendu dans les Cieux et qu’au moment où il est jugé par un homme de chair et de sang, il est aussi jugé au tribunal céleste selon ses mérites et ses créances et que le verdict céleste est placé dans le cœur du juge terrestre, pour le bien comme pour le mal, que D. nous en préserve.
 
Avant de se rendre au tribunal, et bien qu’il utilise des moyens concrets, comme l’engagement d’un bon avocat, etc. l’homme croyant sait qu’il est impossible de tromper le tribunal céleste et qu’aucun artifice de l’avocat ne pourra changer le verdict céleste, qui sera aussi le verdict terrestre. Par conséquent, l’inculpé devra surtout se tourner vers le Saint béni soit-Il, qui en dernier ressort, détermine la décision des juges.
 
Lorsque l’inculpé sait que selon les lois du pays, il n’a aucune chance d’être innocenté, il ne sera pas pris de panique pour autant, mais il se tournera vers HaChem béni soit-Il, confessera ses fautes, demandera pardon, regrettera le passé, et s’engagera à rectifier ses actions afin de ne pas récidiver à l’avenir. Bref, il s’efforcera de se repentir le mieux possible, car il n’ignore pas que seul le repentir peut l’aider à sortir innocent du procès.
 
Lorsque l’inculpé sait que selon les lois du pays, il doit nécessairement être blanchi de toute accusation, il ne comptera pas sur cela, mais se repentira de toutes ses forces, car il ignore encore s’il est innocenté par le tribunal céleste. S’il est condamné au tribunal céleste, il le sera aussi au tribunal terrestre, bien qu’il soit sans faute d’après les lois du pays. Par conséquent, il se repentira pour parer à toute éventualité, et dans l’espoir d’être innocenté par le tribunal céleste qui est déterminant.
 
Il va de soi que même lorsque l’inculpé n’est pas entièrement blanchi du jugement, ses efforts de repentir l’aideront d’une façon ou d’une autre à alléger sa peine. Néanmoins, il aura besoin de se préparer moralement au cas où il n’est pas innocenté, car qui sait si son repentir suffira à l’absoudre totalement du jugement d’En-Haut ?
 
Lorsque l’inculpé ne sort pas complètement innocent de son procès, son épreuve de la foi consiste à ne pas faire dépendre le verdict des causes naturelles. Il doit savoir que l’insuffisance d’initiative, l’incapacité de l’avocat, la cruauté ou l’insensibilité du juge, etc. ne sont pas responsables de son échec, mais uniquement l’insuffisance de son repentir. Il doit accepter avec amour le verdict, comme une expiation à ses fautes, et s’efforcer d’augmenter son repentir et ses prières, jusqu’à ce qu’il mérite de sortir de cette mauvaise impasse.
 
Lorsque l’inculpé a mérité de se repentir complètement, il voit de ses propres yeux comment HaChem fait pencher le cœur du juge ou de l’accusateur, pour qu’il devienne son défenseur et le disculpe de toute accusation.
 
L’homme qui se conduit de la manière que nous avons décrite, mérite de recevoir la mention ‘excellent’ à l’épreuve de la foi et il jouit de ses fruits dans ce monde :
 
a) il est sauvé de la punition.
 
b) son repentir le renforce dans la foi en HaChem et il est proche de Lui.
 
c) il est sauvé de la médisance, de la colère, de la frustration, de l’amertume, des paroles d’hérésie et du ressentiment et il mérite de connaître la joie et la foi.
 
Il mérite donc ces fruits dans ce monde et bien entendu, le capital est préservé pour le monde futur, où une grande récompense l’attend, ainsi que la proximité de D., parce qu’il a passé l’épreuve de la foi avec succès dans ce monde, rempli de contradictions et de confusion.
 
En revanche, l’inculpé qui manque de foi, pense que le juge décide du verdict, aussi est-il craintif et menteur et ne fait que se plaindre du juge et des témoins. Il ne fait confiance qu’à ses propres efforts, à son savoir-faire ou à celui de son avocat. Il est même probable que son avocat devienne son accusateur, car comme il se repose uniquement sur lui, HaChem béni soit-Il le fera tomber par lui, selon la règle enseignée dans le livre Hovot HaLevavot (Traité des devoirs du cœur) : celui qui fait confiance à qui que ce soit hormis HaChem, est rejeté par la providence divine et placé entre les mains de l’objet de sa confiance. Cet homme échoue dans l’épreuve de la foi, et non seulement il perd la joie qui couronnerait sa proximité avec HaChem, béni soit-Il, mais sa vie est semée d’embûches et de souffrances, à cause de son manque de foi.
 
Nous connaissons le cas de plusieurs personnes qui furent inculpées et qui se conduisirent selon les règles que nous avons énoncées. Le rav, auteur de ce livre, les bénirent pour que le juge devienne lui-même l’avocat de leur défense. Et il en fut ainsi. Ces gens se repentirent, prièrent, demandèrent au Créateur l’annulation du décret, et finalement vinrent annoncer au rav que le juge lui-même prit le rôle de l’avocat et qu’ils furent disculpés par le tribunal.
 
Les responsables
 
Il faut savoir que les responsables en tout genre, qui ont reçu des pouvoirs de régir et de gouverner, comme les policiers, les juges, les enseignants, les officiers de l’armée, les fonctionnaires, etc. sont grandement éprouvés. Lorsqu’ils méritent de surmonter ces épreuves, ils peuvent atteindre de hauts niveaux et une grande récompense, remplir leur mission, et réparer même tout leur passé, sans compter les précédentes réincarnations. Lorsqu’ils échouent, ils entraînent de grands dégâts et de très grandes fautes, dont l’expiation est très difficile.
 
Trois raisons peuvent expliquer ce qui précède :
 
a) Celui qui n’a pas de responsabilité publique et n’est en relation qu’avec quelques personnes, sa famille, ses collègues de travail et d’étude, ne peut être utile ou nuisible qu’à un nombre limité d’individus. Par contre, celui qui remplit une fonction publique, est en relation avec un nombre important de personnes dont la vie dépend directement de ses décisions, de son comportement, etc. S’il remplit ses fonctions honnêtement, il a le mérite d’être utile à un grand nombre et la bénédiction résidera dans chaque domaine de sa vie, le capital lui étant réservé pour le monde futur. Mais s’il n’utilise pas ses pouvoirs honnêtement, et qu’il accable ceux qui dépendent de lui, il commet de nombreuses fautes entre l’homme et son prochain. Or, nous savons qu’il est très difficile de réparer de telles fautes, car il est alors nécessaire d’apaiser chaque individu, et il est presque impossible de les retrouver tous et leur demander pardon. Un fonctionnaire se prépare donc une foule d’ennemis et il ne s’étonnera pas de recevoir des coups de tous les côtés, sa vie prenant la forme d’un terrible cauchemar.
 
b) Comme la réussite des gens dépend pour une grande part de sa conduite, une grande responsabilité pèse sur ses épaules. Par exemple, l’attitude du maître envers son élève l’influence – en bien et en mal, que D. nous en garde – pour toute sa vie. La décision subite d’un fonctionnaire travaillant dans un ministère, peut être une aide ou un obstacle. Le verdict d’un juge peut trancher de la vie ou de la mort. Un policier peut tourmenter gratuitement ou sauver la vie des hommes, etc.
 
c) L’homme qui remplit une fonction publique doit améliorer son caractère plus qu’un autre, à cause de ses épreuves nombreuses et variées, qu’il ne peut surmonter qu’avec une conduite irréprochable. En effet, à chaque instant de l’exercice de sa fonction, il peut choisir d’être soit utile soit nuisible, de se conduire avec compassion ou cruauté, que D. nous en préserve ; il peut accorder ou refuser une réduction ou une gratification, etc. ; punir gravement ou légèrement, ou ne pas punir du tout. Il peut se conduire avec civilité ou avec mépris face à celui qui se tient devant lui ; l’ignorer ou l’humilier. C’est pourquoi il doit se conduire, plus que tout autre, avec la crainte du Ciel. Il doit chercher la volonté divine dans chaque décision et savoir que le Créateur le jugera sur tout.
 
La règle générale est la suivante : l’homme qui remplit une fonction d’autorité doit la considérer comme une mission divine et se voir comme un envoyé d’HaChem. Sa mission est donc de servir les gens et de leur être utile, car tel est le sens de sa mission. S’il s’enorgueillit en pensant qu’il possède ceux qui dépendent de lui, il échouera et sera puni pour cela.
 
Souviens-toi que tu n’es qu’une main extensible d’HaChem. Tu peux choisir d’être une main dure ou une main caressante ; d’être le soutien ou le bâton du Saint béni soit-Il. Comme l’homme bon amène le mérite et le méchant, la punition, sache que lorsque tu affliges quelqu’un, c’est le signe que tu es fautif et que tu as été choisi pour être le bâton. De même, lorsque tu aides quelqu’un, c’est le signe que tu es bon et que tu as été choisi pour être le soutien.
 
C’est pourquoi l’homme qui remplit une fonction publique doit, plus que tout autre, ne pas laisser passer une seule journée sans s’isoler pour se repentir. Il deviendra alors toujours méritant et des Cieux, on le choisira toujours comme soutient.
 
L’homme doit faire son possible pour remplir sa fonction d’une manière positive, sans cruauté, sans ignorer les sentiments humains et à plus forte raison, sans mépris. Au contraire, il doit profiter de sa fonction pour aider et bien faire. Lorsque dans l’exercice de sa fonction il est contraint d’enseigner les bonnes manières ou même de punir, il doit être compatissant et apaiser en exposant les raisons de sa conduite.
 
Tu dois savoir que ta fonction ne te donne aucun droit de transgresser les devoirs entre l’homme et son prochain. Si quelqu’un est blessé gratuitement par ta faute, tu auras beau te repentir et demander mille fois pardon au Créateur, tant que tu n’auras pas apaisé celui que tu as affligé, un accusateur est dressé contre toi dans les Cieux.
 
En revanche, si tu aides quelqu’un et que tu l’entraînes à rectifier ses actions, ta récompense est infinie, car tu influences toutes les générations à venir, etc. Souviens-toi bien de cette règle : il y a au-dessus de toi un œil qui voit, une oreille qui entend et toutes tes actions sont inscrites dans un livre (traité Avot).
 
À suivre…

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