Tout est pour le bien

“Pourquoi devrais-je me repentir ?”, interrogea le frère, “Je respecte le Chabath, je suis charitable, j'étudie la Tora, j'envoie mes enfants au Talmud Tora...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Qu'est-ce que la foi ?
 
Lorsque l'homme comprend par sa raison, qu'un événement est pour le bien, cela ne veut pas nécessairement dire qu'il croit que tout est pour le bien, car cette compréhension de l'intellect est loin de la foi. La foi commence là où l'intellect s'arrête. Lorsque l'homme ne comprend plus avec sa raison, alors il est nécessaire de faire intervenir la foi. En d'autres termes, lorsque la raison de l'homme lui dit qu'une chose est mauvaise, il doit mettre son intellect de côté et croire que la chose est bonne, tout en se réjouissant et en remerciant HaChem de tout son cœur. Seulement alors, on peut dire que l'homme possède la foi que tout est pour le bien.
 
Lorsqu'un homme est contrarié et qu'il désire fermement qu'il en soit autrement, il doit annuler sa volonté devant la volonté divine, comme nous l'apprenons de tous les livres d'éthique (Moussar). Mais l'homme ne peut y parvenir que grâce à la foi que tout est pour le bien, car, s'il n'a pas cette foi que tout est pour le bien, comment pourrait-il annuler sa volonté ? Qui est d'accord pour qu'il lui arrive du mal ? En revanche, grâce à la foi que tout est pour le bien, l'homme comprend que chaque chose a une cause dans les Cieux, car seul le Créateur connaît la voie qu'il doit emprunter. Grâce à cette foi, il peut annuler sa propre volonté devant celle de D. et accepter avec amour tout ce qu'il doit traverser dans ce monde.
 
Tout est bien
 
Lorsque l'homme se renforce et croit que tout est pour le bien, tout sera vraiment bien pour lui. Comme il est écrit (Likouté Halakhot, lois d'assistance pour décharger et charger un fardeau, 4) : “Si le monde entier écoutait vraiment la voix des Justes, s'il croyait constamment en HaChem béni soit-Il que tout est pour le bien, et remerciait et louait HaChem béni soit-Il pour le bien comme pour le mal, toutes les peines et exils seraient annulés complètement et la rédemption serait déjà parfaite”.
 
L'homme qui n'a pas encore mérité d'accomplir les commandements et d'étudier la Tora, mais qui croit que tout est pour le bien et remercie HaChem pour tout, est exempt de la plupart des souffrances et punitions qu'il devrait recevoir d'après les lois de la Tora. Un tel homme réalise déjà le principe du projet de la Création et réussit à adoucir une grande partie de la colère divine. L'essentiel de cette colère dans le monde, amenant souffrances et punitions, provient du manque de foi, surnommé 'idolâtrie', comme il est enseigné (Sifri, Deutéronome 91) : “Tant que l'idolâtrie sévit dans le monde, la colère céleste se déchaîne dans le monde. Lorsque l'idolâtrie disparaît du monde, la colère céleste disparaît du monde”.
 
A plus forte raison, l'homme qui s'efforce de pratiquer la Tora et les commandements connaît une vie très douce, s'il se conforte dans la foi et accepte tout avec amour, même s'il tombe encore dans de graves erreurs et qu'il est encore loin de la perfection.
 
L'auteur de ce livre a recueilli un témoignage hautement édifiant et qui illustre ce que nous venons d'écrire. Au terme d'un de ses cours, un Juif apparemment encore très éloigné de la Tora et des commandements s'est approché du rav et lui raconta qu'il vint assister au cours après l'écoute d'une cassette du rav sur le sujet de la gratitude et de la foi que tout est pour le bien. Lui-même vit selon cette foi et remercie HaChem pour tout et en vérité et tout va pour le mieux en raison de ce mérite. Lorsqu'il entendit cet enregistrement du rav sur ce sujet, il voulut le rencontrer et témoigner de la véracité de ce fait.
 
Le rav lui demanda : Comment es-tu parvenu à une telle foi ?
 
L'homme raconta au rav qu'il lui arriva un jour de lire le livre de Job. Lorsqu'il arriva au passage où la femme de Job l'incite à renier HaChem qui ne lui apporte que des souffrances, il lut la réponse de Job à sa femme : “Tu parles avec lâcheté ! Nous acceptons le bien, serions-nous incapables d'accepter le mal ?”. Ces propos pénétrèrent son cœur et il comprit la profonde vérité de cette réponse : l'homme est tenu d'accepter le mal avec amour. Il s'engagea dorénavant de remercier D. pour tout et de tout accepter avec joie. Et le miracle se produisit : depuis le jour où il commença à se conduire ainsi, sa vie s'est transformée complètement pour le bien ! Chaque jour il parle à HaChem et Le remercie. C'est avec ses propres mots, qu'il sollicite Son conseil et Le prie de satisfaire tous ses besoins. Il constate constamment Ses merveilles et Ses prodiges, comment HaChem béni soit-Il le protège et transforme tout pour le bien. Il réussit dans tous les domaines et dans toutes ses entreprises. Bref, sa vie est une vie de foi et de bonheur.
 
Être juif c'est être joyeux !
 
Ce même homme vint au cours accompagné de son frère. C'était un Juif orthodoxe étudiant la Tora toute la journée. Le frère s'est présenté lui aussi au rav, mais contrairement à son frère “éloigné” de la Tora et des commandements, heureux et satisfait de son sort, il commença à se plaindre des souffrances et des inquiétudes qui l'assaillent, qu'il ne réussit pas dans la vie, etc., et de plus, il confia au rav qu'il ne doit son maintient dans la vie qu'au mérite de son frère qui l'aide, l'encourage et lui rappelle que tout est pour le bien. A présent, il désire exposer au rav les difficultés que la conduite d'HaChem dans le monde lui pose :
 
“Rav vénéré ! Je ne comprends pas ; c'est cela le salaire de la Tora ? Pourquoi, alors que je pratique la Tora et ses commandements, ma vie est-elle amère ? Je n'ai ni joie, ni réussite, tandis que mon frère, qui n'accomplit presque rien, est heureux et a une bonne vie ?”
 
Le rav lui répondit : “Les souffrances ne viennent jamais sans faute. Il me semble que la colère divine est dirigée contre toi et tu doives te repentir”.
 
“Pourquoi devrais-je me repentir ?”, interrogea le frère, “Je respecte le Chabath, je suis charitable, j'étudie la Tora, j'envoie mes enfants au Talmud Tora (instruction religieuse), je vis frugalement, j'applique toutes les lois de la Tora, les plus faciles comme les plus difficiles, où est donc ma faute ? Je reconnais qu'il n'existe aucun juste qui n'ait jamais fauté, mais pourquoi de telles souffrances ?
 
Le rav lui répondit : “La raison pour laquelle la rigueur divine s'exerce contre toi est différente de ce que tu crois. Tu penses que l'homme n'est puni que lorsqu'il transgresse la loi et tu ignores que le reproche essentiel que l'on fait à l'homme est pourquoi ne dit-il pas merci, pourquoi n'accepte-t-il pas la providence divine avec amour et avec foi, pourquoi est-il triste, pourquoi n'est-il jamais satisfait, etc. Ce sont de grands griefs dans les Cieux, car la foi de l'homme est l'agrément du Créateur. L'accomplissement des commandements de l'homme n'apporte aucun plaisir au Saint béni soit-Il, s'il n'entraîne pas l'homme à vivre dans la foi et accepter tout ce qu'il subit avec joie.
 
Tu as toi-même apporté la preuve de ce que j'avance, en disant que ton frère transgresse des commandements de la Tora, et pourtant sa vie est tellement belle et heureuse. Sache que c'est seulement parce qu'il croit en HaChem et qu'il Le remercie pour tout. En revanche, ta vie est dure parce que tu ne crois pas en HaChem et que tu ne Le remercies pas pour tout.
 
Comprends bien ! La plupart des souffrances n'arrivent que parce qu'on ne dit pas merci pour tout. Par conséquent, celui qui sait remercier est préservé de beaucoup de souffrances et ton frère est plus proche du but que toi. Il procure plus d'agrément au Saint béni soit-Il que toi, en raison de sa foi”.
 
Le frère orthodoxe se révolta, “Comment serait-il plus proche du but que moi ? Que fait-il ? Il n'accomplit presque rien !”
 
Le rav répondit : “Viens, je vais te montrer un passage du commentaire de Rabbi Moshé ben Na'hman (Ramban) qui prouve que ton frère accomplit beaucoup plus que tu ne le penses”.
 
Le rav ouvrit le livre et lut à la fin de la paracha Bo : “L'intention de tous les commandements est de croire en D. et de Le remercier d'être notre D. C'est le but de la Création et le seul désir d'HaChem pour l'homme est qu'il sache, reconnaisse et remercie le D. qui l'a créé”. Le rav Bamberger zts'l explique (Chaarei Zion) que la connaissance du Créateur, la foi en la conduite divine et le remerciement pour la connaissance d'HaChem, représentent le but de la création des cieux et de la terre. Autrement, HaChem n'aurait aucun désir pour ses créatures”.
 
Une nouvelle lumière
 
Le frère orthodoxe fut déconcerté. Il s'avérait qu'il était bien plus éloigné du but que son frère, qu'il méprisait toujours. Il dut se rendre à l'évidence qu'il ne possédait aucun avantage sur son frère dans l'accomplissement des commandements s'ils ne le conduisaient pas à la foi que tout provient d'HaChem et que tout est pour le bien.
 
Le rav continua : “Maintenant tu comprends pourquoi ton frère, qui te semblait éloigné de la Tora, est dans une certaine mesure plus proche du but que toi. Il croit que tout est pour le bien, accepte avec amour tout ce qu'HaChem fait pour lui, Le remercie pour tout : cela répond à la finalité de la création du monde par HaChem. De plus, il parle à HaChem continuellement de toute chose. Quant à toi, même si tu es orthodoxe, tu ne vis pas selon la foi en la providence divine à ton égard, et chaque fois que tu es contrarié tu es mécontent, tu te plains et tu t'accuses. En dehors de l'expression 'Béni soit HaChem' que tu prononces par habitude, tu n'es jamais satisfait de ce qui t'arrive. Tu ne converses pas avec le Créateur, tu ne partages rien avec Lui de ce qui t'arrive, et à plus forte raison tu ne Le remercies pas. Tu ne réalises donc pas la finalité de la Création par ta pratique des commandements et cela soulève la rigueur divine plus que pour toute autre transgression”.
 
Le frère orthodoxe fut secoué par cette nouvelle prise de conscience. Un univers nouveau se révélait à ses yeux et cet univers était toujours présent, mais il ne l'avait pas vu. Il interrogea le rav : “Qu'en est-il de la profanation du jour du Chabbat ? Du commandement des tefillines ? Tous les commandements qui forment la base de la Tora et de la foi ? Je reconnais que mon frère accomplit quelque chose de très important en conversant avec HaChem et en Le remerciant. Cependant, qu'en est-il des autres commandements ? Comment ignorer qu'en ne les pratiquant pas, il ne réalise pas la volonté d'HaChem ?”
 
Le rav lui répondit : “Le Saint béni soit-Il est très patient. Puisque ton frère est conscient du point essentiel et authentique de la foi, qui représente la finalité de la Tora et des commandements, il parviendra sûrement à pratiquer la Tora et les commandements, et pour le Saint béni soit-Il, cette attente est profitable. Le Saint béni soit-Il ne se conduit pas en tyran avec ses créatures, Il ne s'attend pas qu'un homme éloigné devienne 'notre maître Moché' en un jour. Tu verras qu'il s'approchera aussi de la pratique des commandements avec joie et amour, comme il convient, puisqu'il converse avec HaChem et l'associe à toutes les tribulations de sa vie. Tout cela avec la foi que tout est pour le bien et non pas par crainte ou par calcul sur son monde à venir, etc. Par conséquent, il accomplira toute la Tora et ses commandements par amour et il se repentira complètement avec amour.
 
Quant à toi qui pratique la Tora et les commandements, tu avais la possibilité d'acquérir la foi avec plus de facilité. C'est pourquoi les griefs envers toi sont très puissants : pourquoi ta pratique des commandements n'est-elle pas dirigée vers la foi ?
 
Pourquoi ne converses-tu pas avec HaChem en toute occasion ? Pourquoi es-tu comparable à un individu qui reçoit une voiture de son employeur afin de se rendre dans un lieu précis et pourtant se dirige vers une autre direction. De la même façon, on t'a donné la Tora et les commandements grâce auxquels tu pouvais atteindre le but, c'est-à-dire la foi. Mais tu ne l'as pas atteint. Ton frère est semblable à un homme qui sans voiture est parvenu à destination, car il a atteint directement la foi, et lorsqu'il recevra la voiture, c'est-à-dire la Tora et les commandements, il aura le mérite que sa foi s’intensifie encore davantage.
 
C'est du Ciel qu'on t'envoie ces difficultés afin de t'éveiller de l'erreur dans laquelle tu vis. Si dorénavant tu t'appliques à travailler sur la foi que tout est pour le bien, et que tu remercies chaque jour HaChem béni soit-Il pour tout, que tu converses avec le Créateur et l'associe avec tout ce qui t'arrive, tu verras la rigueur disparaître et tu vivras alors une vie heureuse.
 
Cette histoire devrait nous faire réfléchir et changer notre conception de la vie ; nous amener à comprendre que l'essentiel est la foi et qu'il est impossible de juger quiconque et connaître sa valeur réelle, car on ne peut mesurer le degré authentique de sa foi.
 
Il est évident que la simple foi ne suffit pas et il est nécessaire d'accomplir la Tora et ses commandements, car la foi contient d'innombrables niveaux et des raisons qu'il est impossible d'atteindre sans la pratique des commandements ; car le Créateur qui a ordonné de croire en Lui a aussi ordonné d'accomplir la Tora et ses commandements. L'enseignement essentiel de ce récit, est que l'homme qui accomplit la Tora et les commandements doit insister sur la foi en orientant chaque commandement, ainsi que son étude, vers l'acquisition de la foi afin de parvenir à une foi parfaite. S'il n'agit pas ainsi, il n'utilise pas les moyens que le Créateur lui a gracieusement donnés, en vue du but en question.
 
 
À suivre…

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