Le plus dur, c’est d’être joyeux

Pourquoi avons-nous du mal à être joyeux ? Le Rav Chalom Arush nous explique comment il est possible, grâce à deux choses importantes et accessibles...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 17.03.21

Pourquoi avons-nous du mal à être joyeux ? Le Rav Chalom Arush nous explique comment il est possible, grâce à deux choses importantes et totalement accessibles, de réaliser le rêve des rêves : être joyeux !

« Atteindre la joie est plus lourd et difficile pour l'homme que n'importe quel autre travail » (Rabbi Nah'man de Breslev)
Pourquoi ? Vraiment, pourquoi ? Pourquoi le fait d'être joyeux est-il la chose la plus dure qui soit ?
Parce qu'on a du mal à remercier. Laissez-moi vous expliquer…

La joie est le résultat d'une foi complète et entière que tout est pour le bien ! Et quand la personne en est convaincue et y croit à 100 %, alors elle peut se réjouir vraiment, entièrement.

Notre joie de vivre dépend de notre foi que tout est pour le bien. Rabbi Nah'man écrit (Likoutey Moaran) : « Chacun des jours de fêtes appelle et dévoile la volonté que tout ne se déroule que selon Sa volonté… Mais l'on n'entend pas toujours cet appel de Yom Tov (jour de fête), qui dévoile cette volonté divine, et cela se ressent dans la joie de Yom Tov, car chacun se comporte en fonction de son propre niveau, selon lequel il ressent et entend la voix de cet appel du Yom Tov, qui annonce et appelle la volonté ; en fonction de cela, il ressent la joie du Yom Tov. »

Ce n'est que quand l'homme ne se culpabilise pas ou ne culpabilise pas les autres, mais qu'il sait que tout vient de la volonté du Créateur, béni soit-Il, et que tout est pour le bien, qu'il peut être dans la joie, une joie authentique.

C'est la raison pour laquelle traiter de ce sujet si important me tient tellement à cœur : la foi que tout est pour le bien ! Le fait de dire merci pour chaque chose, même pour les manques et les problèmes, et se réjouir de tout ! Car en fait, c'est ça l'essentiel. Le Saint, béni soit-Il, est bon et fait le bien (tov oumetiv), et accomplit le meilleur qui soit pour chaque personne, dans chaque chose ; au point que les choses ne pourraient se dérouler mieux que cela. Et c'est quelque chose qu'on doit constamment se répéter, car quand on le vit tout au long de la journée, qu'on le pense, qu'on le respire, cela devient la base et le fondement sur lequel on construit sa vie. Sinon, comment avancer et progresser ?

Donc, comme vous l'avez compris, ce sujet me tient particulièrement à cœur. Malgré tout, je vois que, quand je donne des cours sur ce sujet, il y a toujours des gens qui viennent me voir après, perplexes, et me demandent comment c'est possible. « Mr le Rabbin, si tout est tellement bien comme vous le dites, alors pourquoi prier ? Et comment prier si l'on dit merci pour tout et que l'on ressent que tout est parfait ? »

C'est une question qui nous mène vers les profondeurs de l'homme, vers une analyse de son travail de remerciement, pour apprendre et trouver la juste mesure entre le travail de remerciement et le travail de volonté, et comment les utiliser de façon précise. Mais avant tout, il nous faut définir ce qui est bien et ce qui est mal. Les codes de ce monde nous confondent, et de là, viennent toutes les questions.

Le Roi David dit : « Et la proximité de D.ieu m'est bonne ». Seule la proximité et le lien au Créateur sont le bien authentique et absolu. Au contraire, l'éloignement du Créateur est le vrai danger de ce monde. C'est ça, le mal. Qu'est-ce qui fait que l'homme s'éloigne du Créateur ? Beaucoup de choses, mais essentiellement la richesse, qui le fait s'enorgueillir (l'homme peut aussi être riche spirituellement, mais ne dispose pas des bons outils pour se limiter). Et même si, aux yeux de tous, l'homme a l'air bien, la vérité est qu'au fond, il est mal, très mal. La richesse est son plus gros inconvénient. Par contre, un homme pauvre a le mérite que sa pauvreté le rapproche du Créateur, de l'humilité, et du fait de remercier Hachem pour ses « problèmes », qui sont en fait son plus grand cadeau.      

Lorsqu'un homme dispose des outils pour recevoir l'abondance et rester proche du Créateur, pour lui être reconnaissant et se renforcer dans la foi et la prière, alors l'abondance lui est bénéfique. Mais s'il n'a pas les outils nécessaires pour recevoir l'abondance et rester proche du Créateur, alors le manque est la meilleure des choses pour lui, car il relie son manque à la foi et à l'humilité et c'est ce qui l'éveille à rechercher son but dans la vie.

Comme nous le savons tous, le Créateur veut apporter à chaque homme le meilleur qui soit, et nous devons tous y croire d'une foi sans faille. Mais le Créateur sait aussi ce qui est le mieux pour l'homme et quel est son but dans la vie. Il veut le rapprocher de Lui, mais lorsqu'Il voit que cet homme ne dispose pas des outils nécessaires pour recevoir l'abondance correctement, Il se doit de faire ce qui est le mieux pour lui – par le manque justement. Cela suffit pour remercier le Créateur de tout son cœur pour tous les manques traversés jusqu'alors, puisque tout est pour notre bien éternel.

Mais à partir de là, le travail qu'on doit faire consiste à construire les outils pour recevoir l'abondance sans que cela ne nous porte préjudice. Et comment mérite-t-on de construire ces outils de la manière la plus adaptée qui soit ? Par la prière ! Comme le dit Rabbi Nah'man : « Comment fait-on descendre l'abondance ? Par les prières, car les mots de la prière sont les réceptacles nécessaires pour contenir l'abondance » (Likoutey Moaran).

Revenons à notre grande question : si tout est pour le bien, comment peut-on prier pour les manques ?

Comment peut-on concilier le fait de remercier avec le fait de prier, de demander ?

Le fait de remercier pour tout ce qu'on a traversé jusqu'à ce moment même, jusqu'à cette même seconde –qu'on soit malade, D.ieu préserve, célibataire, sans enfants, sans argent etc.- ne vient que parce que D.ieu sait que c'est la meilleure chose qui soit pour nous. Cela n'aurait pas pu être meilleur. Et lorsque l'homme le reconnait parce qu'il a complètement intégré cette idée, cela veut dire qu'il a une foi parfaite. Maintenant, une fois qu'on a compris que tout est pour le bien et qu'on s'est renforcé dans la foi, le travail à faire consiste à préparer des outils, des réceptacles, pour recevoir l'abondance en ce qui concerne ce pourquoi il prie. Non seulement cela, mais aussi pour avoir le mérite de se rapprocher et de se lier au Créateur du monde en tant que personne en bonne santé, mariée, avec des enfants, avec la subsistance etc.

Si vous n'avez, jusqu'à présent, pas réussi à atteindre des buts importants dans votre vie, sachez que c'est la meilleure chose qui soit pour vous ! Parce que, que se serait-il passé si d'un côté, vous aviez réussi, mais que de l'autre, vous étiez tombé dans l'orgueil ? Le point le plus clair à comprendre dans ce genre de situation est que l'homme n'a pas les outils nécessaires pour recevoir l'abondance qu'il souhaite. La deuxième chose, c'est qu'il ne remercie pas de tout son cœur pour tout ce qui lui arrive. A partir du moment où il remercie pour ce qui lui est arrivé et ressent combien il est limité face à la force du Créateur, puisque sans Son aide, il ne peut surmonter son mauvais penchant ; lorsqu'il vit le fait d'avoir un mauvais penchant et de n'être rien d'autre que de chair et de sang, il renforce en lui des volontés et des aspirations réelles et construit, en cela, les outils nécessaires pour atteindre ses buts. Mais plus que tout, il mérite de se rapprocher de la vérité des vérités : le Créateur du monde.

Maintenant qu'on a compris la relation entre les deux éléments fondamentaux que sont le remerciement et la volonté, voyons comment s'en servir correctement.

Ces deux magnifiques et importants travaux sont les armes les plus puissantes dont dispose l'homme pour traverser ce monde sain et sauf ! Et il est primordial d'apprendre à s'en servir correctement, comme le dit Rabbi Nah'man : « Car la prière est double : elle est louange du Tout-Puissant, et demande des besoins de l'homme ». La prière est notre arme principale et elle se base sur deux fondements : le remerciement et la louange du Créateur, et les demandes qui sont les volontés et les aspirations de l'homme.

Si l'homme demande quelque chose concernant son futur mais ne remercie par pour ce qu'il a de tout son cœur, c'est un grand manque de foi. Il faut donc toujours commencer par remercier et louer le Créateur pour tout ce qu'on a, du fond du cœur. C'est une règle de base en ce qui concerne la prière personnelle (hitbodedoute = isolement, comme l'appelle Rabbi Nah'man) : on commence par remercier, le plus possible, sur ce qu'on n'a pas et qui nous manque, puis sur ce qu'on a, sur tous nos échecs et nos réussites etc. C'est la prière idéale qui guide l'homme vers la joie et vers une foi complète et authentique que tout est pour le bien, sans impliquer l'esprit, sans essayer de comprendre comment et en quoi c'est pour le bien. Car, comme le dit Rabbi Nah'man : « L'essentiel du judaïsme, c'est la simplicité et l'innocence, pas besoin de grandes sagesses. » Pas besoin de chercher et d'essayer de comprendre chaque chose. La connaissance, si Hachem le veut, viendra par la suite.

Vous n'avez pas remercié du fond du cœur ? C'est la raison pour laquelle vous n'êtes pas vraiment heureux.
Et aussi, il vous manque la foi. Donc la meilleure chose à faire dans ce cas est de prier et de demander au Créateur de nous donner une foi complète que tout est pour le bien. Pourtant, mon expérience m'a montré autre chose.

J'ai souvent vu des gens qui savent qu'ils doivent remercier pour tout, qui comprennent parfaitement que tout est pour le bien, mais n'arrivent pas à remercier avec joie ni à se réjouir de tout ce qu'ils traversent. Alors pourquoi s'étonner que la lumière de la foi ne les éclaire pas et n'influence pas leur vie ? Je me suis penché sur la question pendant une longue période, j'ai énormément prié pour comprendre, jusqu'à ce qu'Hachem m'éclaire sur ce qui peut mettre une personne dans cette situation. Donc voici le conseil adapté : la meilleure chose à faire dans ce cas est de renforcer sa volonté ! Renforcer ses volontés et les exprimer à voix haute, se faire entendre à soi-même ce qu'on veut. J'ai pu voir de mes yeux, que lorsque les gens ont la volonté, les portes s'ouvrent devant eux, la joie les inonde et ils se réjouissent même de ce qui ne va pas dans leur vie.

Rabbi Nah'man nous enseigne que grâce à la foi, on mérite la volonté, qui est supérieure à la sagesse. Mais il écrit aussi dans l'introduction du Sefer Hamidotes, que lorsqu'une mida (un trait de caractère) en influence une autre, c'est réciproque. De la même manière que la foi éclaire la voie de l'homme et le guide vers une volonté authentique et l'aspiration de se rapprocher du Créateur, la volonté éclaire, en retour, son travail de foi et a le pouvoir de lui faire retrouver sa joie.

Que D.ieu nous fasse mériter les outils et le travail qui nous apporteront la joie et la foi en abondance, Amen !

Traduit de l'hébreu par Carine Illouz

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