Emprunter ? Réfléchissez !

Une personne endettée se retrouve dans une obscurité spirituelle : se repentir s'éloigne d'elle, sa compréhension de son étude est impossible, les mitswoth ne lui apportent aucune vitalité…

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Une voie sans issue

Une chose doit être claire : rien ne favorise plus les ennuis, l'absence d'espoir et les supplices que de devoir de l'argent à d'autres personnes. Lorsqu'une personne doit de l'argent à d'autres – et qu'elle est incapable de rembourser ses dettes – elle leur cause de nombreuses difficultés. La conséquence de cette situation est qu'il semble n'exister aucune issue de secours pour la personne qui doit de l'argent. Peu importe de quel côté elle se tourne et se qu'elle entreprend, rien ne fonctionne et l'échec est toujours au rendez-vous.
 
L'explication de ce que nous venons de dire est la suivante : lorsqu'une personne est endettée, le Tribunal céleste est particulièrement exigeant à son encontre et applique une justice stricte dans le domaine de ses rapports avec les autres personnes. Ainsi, chaque fois qu'une personne cause une certaine dose de souffrance à une autre, les sphères célestes lui en tiennent rigueur. En d'autres termes, on lui rend la monnaie de la pièce. Cette situation restera de même jusqu'au jour où la victime pardonnera son comportement à la personne qui lui a causé du tort.
 
Avant que ce jour arrive, la recherche d'une source de revenus devient une entreprise dont la réussite ne peut pas être atteinte. À la maison, c'est la paix conjugale qui a disparue ; avec les enfants, c'est leur éducation qui devient un véritable casse-tête ; en dehors du cercle familial, c'est le monde entier qui semble en vouloir à cette personne.
 
Une personne endettée se retrouve dans une véritable obscurité spirituelle : se repentir est une notion qui s'éloigne d'elle, sa compréhension de son étude de la Tora est impossible, les mitswoth qu'elle fait ne lui apportent aucune vitalité…
 
Par conséquent, chaque personne doit réfléchir profondément à cela : existe-t-il dans le monde une chose d'une telle valeur qu'elle justifie qu'on emprunte de l'argent pour l'acheter ? Une telle attitude risque d'attirer sur soi la stricte Justice divine et les difficultés sans fin qui l'accompagnent.
 
Les prêts interrompent l'Abondance divine
 
Il est expliqué dans le Liqouté Halakhoth de Rabbi Nathan de Breslev (Yoré Dé'a, Lois sur l'intérêt) que lorsqu'une personne emprunte de l'argent, toute l'Abondance divine qui lui était destinée est dirigée vers la personne qui lui a prêté l'argent. Pendant ce temps, l'emprunteur est laissé sans rien.
 
La quintessence de tout cela est que l'emprunteur est devenu l'esclave de son créditeur. Ceci correspond à ce qui est écrit (Proverbes 22:7) : “Le débiteur est prisonnier de son créancier.” De fait, il existe une règle dans la Tora : chaque personne qui achète un esclave devient propriétaire des biens que celui-ci possédait. Ainsi, l'esclave a perdu le droit d'utiliser à sa guise son argent et tous les autres biens qu'il pouvait détenir auparavant.
 
Le maître d'un esclave détient un droit de regard sur tout ce que l'esclave possède et sur tout ce qu'il acquiert par la suite. Dans notre cas, cela signifie qu'en devenant le créditeur de la personne qui lui a emprunté de l'argent, la personne a obtenu en même temps un droit de regard sur l'abondance céleste qui était destiné originellement au débiteur.
 
Par conséquent, lorsqu'une personnes emprunte de l'argent, elle se coupe de tout le bien que le Ciel lui destinait.
 
Existe-t-il réellement une seule chose dans le monde qui a suffisamment de valeur pour justifier d'interrompre tout le bien que le Ciel désirait nous envoyer et nous faire devenir un esclave ?
 
Un obstacle au repentir
 
Afin de comprendre à sa juste valeur la gravité de la situation des individus endettés, il est bon de lire ce qui est écrit dans le Sefer Hamidoth (le Livre de l'alef-beth) à propos de la mitswa du repentir : “Une personne qui désire se repentir doit faire attention à ne pas devenir endettée.”
 
Une personne endettée entrave son repentir. Cela signifie que le repentir d'une personne endettée n'est pas accepté par Hachem. Malgré tous les efforts que pourra faire cette personne – et son repentir sincère – les portes du Ciel lui seront fermées, jusqu'au jour où elle repairera ses dettes. D'autre part, dès l'instant où elle ne sera plus endettée, sa téchouva (le repentir) verra les portes du Ciel s'ouvrir grandement devant elle et elle sera acceptée.
 
Chaque personne doit se poser la question suivante : existe-t-il une seule raison dans le monde qui justifie que nous fermions les portes de notre repentir ? Au contraire, n'est-ce pas le repentir qui est l'objectif et la source de notre réussite dans le monde présent, ainsi que dans le monde futur ?
 
Nous devons être conscients que la raison principale des difficultés que nous rencontrons dans ce monde est que notre repentir n'a pas été accepté dans le Ciel. Ainsi, une personne qui n'est pas prête à accepter son manque d'argent et à se satisfaire de ce qu'Hachem lui a donné, doit réaliser qu'elle passe à côté de l'essence de son existence. C'est son attitude qui est la cause de toutes ses difficultés – que D-ieu nous préserve – dans ce monde ici-bas et dans le monde futur.
 
L'interdiction de l'intérêt
 
Chaque personne d'origine juive qui prête de l'argent à une autre personne juive – sans lui demander d'intérêt – est considérée comme si elle avait respecté toutes les mitswoth (Midrach Raba, 31).
 
D'autre part, il est écrit dans le Talmud (Baba Metzia 71a) : “Chaque personne qui prête de l'argent avec intérêt verra ses biens perdre de leur valeur, et ne pas la recouvrer.”
 
Il est écrit dans le Choul'han 'Aroukh (Yoré Dé'a, siman 160) : “Il faut faire très attention à l'interdiction de l'intérêt car cette interdiction englobe plusieurs transgressions potentielles. Ainsi, toute personne qui emprunte à intérêt, qui appose sa signature sur un document qui inclut un versement d'intérêt ou qui est témoin d'une telle transaction transgresse l'interdiction de l'intérêt.”
 
Nous apprenons de cela que l'interdiction de l'intérêt ne concerne pas seulement la personne qui prête son argent et qui demande un certain pourcentage d'intérêt en retour. De fait, une personne qui rembourse son prêt en ajoutant un certain pourcentage d'intérêt transgresse également l'interdiction biblique. Également, les personnes qui ont participé à cette transaction sont coupables, comme le sont les témoins. En d'autres termes, chaque personne qui s'est mêlée – de près ou de loin – à un tel acte commet une interdiction biblique.
 
Il est important de préciser que peu importe qui a prêté l'argent : même les membres proches de notre famille ou de notre entourage – père, mère, amis, collègues de travail – sont concernés par l'interdiction de l'intérêt. Il en va de même s'il s'agit d'une organisation. Chaque personne qui prête son argent à intérêt – à l'exception de celle qui l'emprunte en respectant les critères définis par le “Heter Hisqa” – commet une transgression biblique. Avons-nous besoin d'expliquer plus en détails la gravité d'une telle transgression ?
 
La transgression de l'interdiction d'intérêt est un crime d'une extrême gravité ! Toute personne qui a emprunté de l'argent à intérêt transgresse cette interdiction chaque seconde, aussi longtemps qu'elle n'a pas remboursé entièrement son prêt. Cette situation attire sur elle une application stricte de la Justice divine et des accusations de toutes sortes.
 
Chaque personne doit réfléchir à cela : existe-t-il sur terre une seule raison qui puisse justifier la transgression d'une interdiction aussi grave et qui provoque la Colère divine ?
 
Un conseil à ne pas manquer !
 
Jusqu'ici, nous avons parlé seulement d'un des nombreux aspects du tort que les dettes provoquent. Avant de commencer à mettre en œuvre ce qui doit l'être afin d'assainir notre situation et de rembourser nos anciennes dettes, nous devons nous préoccuper du présent et prendre soin du futur. Cela signifie que nous devons nous assurer que dans tous les cas, nous n'ajoutons pas un seul euro à nos dettes. Dans le cas contraire, nous ne ferions qu'augmenter nos dettes, ce qui aggraverait d'autant plus notre situation présente.
 
Afin de bien nous faire comprendre, nous utiliserons une analogie. Imaginons qu'une personne soit malade, après avoir mangé un aliment avarié. Il saute aux yeux de tout le monde qu'avant de penser à s'occuper de l'état de santé de cette personne et de tout faire pour la soigner, celle-ci doit s'arrêter immédiatement de consommer l'aliment qui la rendue malade.
 
C'est seulement après avoir pris cette première mesure d'urgence que nous pouvons penser à lui administrer les médicaments qui la soigneront. Cependant, si la personne continue à consommer l'aliment qui est la cause de son empoisonnement alimentaire, il est évident qu'aucun médicament au monde ne pourra lui être utile.
 
Cette simple vérité s'applique également à une personne qui est endettée. Celle-ci doit commencer immédiatement à arrêter de faire les mêmes erreurs qu'elle a faites jusqu'à maintenant et qui sont la raison de sa situation d'endettement. C'est seulement après qu'elle pourra commencer à réparer ce qu'elle a endommagé.
 
La première étape consiste à calculer le montant des dépenses mensuelles de la famille. Cela est essentiel pour déterminer si les revenus permettent – au moins – de couvrir les dépenses courantes. Dans le cas contraire, il est impératif de trouver une source supplémentaire de revenus. C'est cette source supplémentaire de revenus qui permettra d'obtenir des rentrées d'argent qui – en fin de compte – seront légèrement plus élevées que les dépenses totales de la famille.
 
Dans cette situation nouvelle, les dettes ne seront plus ajoutées aux anciennes. De la sorte, il deviendra possible de commencer à rembourser les dettes déjà contractées. Même si la situation pourra mettre un certain temps à se stabiliser – en fonction du montant du remboursement et de celui des dettes – le jour viendra où les dettes auront été entièrement remboursées.
 
Même si le montant de nos dettes est important – et qu'il nous semble que seul un miracle pourra nous permettre de les rembourser – nous devons trouver satisfaction que celles-ci n'augmentent plus. Si nous sommes capables de suivre ce conseil – ainsi que ceux qui seront décrits plus loin dans ce livre – Hachem viendra à notre aide pour que nous puissions rembourser tout l'argent que nous pouvons… peu importe le montant.                  
  
 
À suivre…

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